Chapitre 23

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Aylan

C'était l'heure du départ. Dirigée par Joseph Primaria, l'escouade huit d'unité d'élite était prête à partir sur le terrain. Ce n'était pas comme dans les films où les femmes et les enfants venaient dire au revoir aux soldats et les regardaient partir avec des yeux emplis de tristesse.

Ici, seulement quelques rares frères et sœurs ou quelques encore plus rares conjoints étaient venus faire les adieux. Mais la plupart d'entre nous n'avait personne qui les attendraient à la cité à part des amis en train de travailler. Naël était venu me souhaiter bonne chance hier soir mais n'était nulle part aujourd'hui. En tant que chef de la sécurité, il devait avoir beaucoup à faire.

Alors que je voyais un couple s'embrasser, je ne pus m'empêcher de penser à Maël. Je savais pertinemment qu'elle ne pouvait pas sortir du département de la recherche. Mais comme l'idiot que j'étais, je la cherchais tout de même du regard.

Je levais les yeux vers le reste du bâtiment, alors je la vis. Pas Maël, mais Meera. Elle nous observait depuis le deuxième étage du quartier des arènes, un tout petit peu à droite de l'immense entrée. La gladiatrice au sein sombre croisait les bras, imperturbable comme toujours. De loin je crus déceler un hochement de tête lorsque nos regards se croisâmes. Dans le doute, je hochais la tête à mon tour et me tournais vers les véhicules noirs, vers ma mission, vers ce qui avait toujours été mon objectif.

J'étais enfin dans l'unité d'élite comme j'en avais rêvé, et ça avait été étonnamment facile. Nous allions prendre la relève d'autres groupes de l'unité qui protégeaient les fermes.

Alors que les adieux se terminèrent, Joseph Primarian prit la parole :

— Aujourd'hui, certains d'entre vous partent pour leur première mission. N'oubliez pas l'essence de votre mission : protéger les innocents. Les fermes sont indispensables à notre survie et à la survie des habitants de la ville, nous devons les protéger coûte que coûte contre les fléaux de la zone. Sempre fortior.

Ad patria ! reprient en cœur tous les légionnaires en posant fermement leur main sur le torse, le pouce replié.

Le coup de feu était alors lancé et tous se ruèrent dans les voitures. Nous étions une centaine en tout, quatre par voiture, une voiture par ferme. Nous avions donc environ vingt-cinq fermes à protéger aux alentours de Paris. Je bouclais ma ceinture dans le SUV complètement noir tout comme nos armures sur laquelle le blason de la légion tissé d'or ressortait.

Les protections de l'unité d'élite étaient beaucoup plus conséquentes que celles de la sécurité : nous portions tous une armure en Kevlar renforcé, un casque, des lunettes de protection, des gants, des bottes renforcées de métal, des protèges tibias et coudes. J'avais l'impression de partir au combat.

Lorsqu'Aïcham, mon nouveau supérieur, démarra, mon ventre se souleva. Dans quoi m'étais-je embarquer ? Puis je pensais à Maël, livrée à elle-même dans cet horrible département de recherche. Heureusement, elle avait Lou avec elle, et Meera maintenant aussi.

Nous roulâmes pendant plusieurs heures. D'abord à travers la banlieue en ruine où les bâtiments à moitiés écroulés étaient recouverts de mousse et de lierre. Le contraste avec la cité à la pointe de la technologie était saisissant. Cette banlieue déserte ressemblait plutôt à une jungle qu'une ville.

Enfin, le paysage se dégageait et les voitures qui se dirigeaient vers le nord se séparèrent, certaines allèrent vers l'est, d'autre vers l'ouest, d'autres continuèrent tout droit. La mienne allait en direction du nord-ouest. Nous roulâmes deux heures en tout, alternant entre des routes recouvertes de mousses et carrément des champs.

Les PriméensOù les histoires vivent. Découvrez maintenant