Chapitre 5 [réécrit]

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Maëlys

Aylan Primarius était à deux doigts de sauter de joie en plein milieu de la salle encore à moitié remplie d'adolescents attendant le résultat de leur test avec nervosité. Son regard jusqu'ici sombre s'éclaira immédiatement et sa bonne humeur soudaine me hérissa le poil.

— Heureux ? me moquais-je en éteignant et rangeant ma tablette, car mon tour allait bientôt arriver.

— Oh que oui ! Aller, adieu la seule fille qui ne veut pas être Priméenne.

Je haussais un sourcil tandis qu'il me faisait le salut militaire : la main sur le cœur avec le pouce replié. Il me lança un dernier regard malicieux horripilant avant de se diriger, ou plutôt se précipiter, sous les applaudissements vers la porte devant laquelle un légionnaire attendait les nouvelles recrues.

Bon débarras, pensais-je avant de tourner mon regard vers l'écran qui allait annoncer mon résultat négatif à tout moment.

Je fixais l'écran qui tardait à se mettre à jour. C'était quand même drôle que la fille la plus normale et le garçon le plus Priméen du monde se soient retrouvés à un numéro d'intervalle. Cela signifiait que nous étions probablement nés le même jour, au même endroit à quelques minutes près. Enfin, je ne m'en faisais pas pour Aylan, il avait toujours eu du succès au lycée, tout le monde l'adulait, il n'y a pas de raison que ce soit différent chez les Priméens. Après tout, il vient d'une des familles majeures vu qu'il descend d'une des Priméennes originelles.

Le bip caractéristique d'une nouvelle information sur l'écran me fit sortir de mes pensées. Sans attendre, je bondis sur mes pieds et sortais ma carte de maladie. C'est alors que mon regard se tournait vers l'écran.

POSITIF

Hein ?

POSITIF

Non. Non, non, non. C'était impossible. Je baissais les yeux vers ma carte pour vérifier mon numéro de matricule, mais c'était inutile. Je le connaissais par cœur après l'avoir inscrit sur chaque épreuve du bac à peine quelques mois auparavant. Il était comme marqué au fer rouge derrière mes paupières. J'en rêvais presque la nuit.

POSITIF

C'était forcément une erreur. Il fallait que ce soit une erreur. Non seulement je ne pouvais pas être priméenne, mais en plus, deux Priméens à la suite dans l'ordre de naissance, c'était statistiquement impossible.

Je me dirigeais vers la sortie, ignorant les applaudissements qui se turent quand ils virent que je prenais la direction opposée. Il y avait un légionnaire à cette porte-ci aussi, en me voyant arriver, il croisa les bras de façon à gonfler ses biceps sous son uniforme noir.

— Excusez-moi, dis-je avec la voix la plus assurée possible étant donné les circonstances, il doit y avoir une erreur, je ne peux pas être Priméene, c'est impossible.

— Carte, ordonna-t-il telle une porte de prison.

Je la lui tendis, ne sachant ce qu'il comptait en faire. Il regarda le numéro, puis fixa l'écran avant de me dire d'un ton monocorde :

— Les Priméens sortent par la porte là-bas.

Il pointa la sortie où Aylan avait disparu. Cet homme me prenait pour une abrutie.

— Je sais, mais je ne suis pas Priméene.

— Ce n'est pas ce qu'a dit votre test.

— Comme je vous l'ai dit, grinçais-je en me contenant. Il doit y avoir une erreur.

— Il n'y a pas d'erreur.

L'homme faisait à peine ma taille, mais avec tous ces muscles, je doutais de pouvoir forcer le passage. Il me tendit ma carte et me fit comprendre d'un signe de tête que je devais rebrousser chemin.

Les PriméensWhere stories live. Discover now