Chapitre 38

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Aylan

Je fixais mon pistolev à ma ceinture. À la cité, en règle générale aucun légionnaire qui n'est pas de garde ne le porterait. Mais l'Empire avait commencé à approcher et tous les légionnaires étaient à présent sur leur garde jour et nuit. Il faut le dire, ça tombait bien quand même, ainsi je n'avais pas l'air suspect en me baladant ce lundi matin armé jusqu'aux dents.

Il était dix heures. J'avançais en direction de la porte principale et sortais du département de la légion, jetant un regard coupable à notre symbole et notre devise Pro Patria. J'étais tellement absorbé par ma contemplation des lettres dorées que je faillis ne pas m'apercevoir que Naël s'était posté à côté de moi.

Il me glissait discrètement une carte d'un blanc immaculé dans la main.

— Es-tu sûr ? me demanda-t-il.

— Oui.

— Il n'y a rien que je puisse faire pour te faire changer d'avis ?

— Non.

Il n'insista pas plus et m'accompagna jusqu'à l'embranchement des deux départements où Jean attendait sagement. En passant, je lui fourrais la carte dans la main sans un mot mais pas sans un regard entendu. J'espérais que mon stress ne serait pas trop contagieux.

Nous tournâmes à gauche pour monter les escaliers. Au troisième étage, Naël me guida jusqu'au bout du couloir, puis sorti sa propre carte blanche et hochait la tête.

Nous entrâmes dans la pièce. Comme mon frère me l'avait prédit, il n'y avait que deux gardes, et il ne nous fallut que quelques secondes pour les maitriser et leur faire perdre conscience.

J'expirais un grand coup, me rendant compte que je m'étais coupé la respiration lors de l'altercation. Il était maintenant dix heures vingt et il fallait que nous désactivions les puces de Maëlys, Meera et Jean.

Je m'approchais de la console remplie d'écran devant laquelle Naël s'était déjà assis. Ses doigts volaient sur les touches comme s'il avait fait ça toute sa vie. Cela devait probablement être le cas.

Je cherchais du regard mes amis avec appréhension. Que se passerait-il si elles n'avaient même pas pu sortir de la recherche ? Tout le plan tomberait à l'eau. Je réfrénais l'envie que mon estomac avait de ressortir par ma bouche et me penchais en avant.

Un écran se mit à clignoter, indiquant une activité suspecte. Elles étaient là, à la sortie du département de la recherche, en pleine discussion avec les légionnaires de garde.

— Attend, ordonnais-je à Naël.

Il ne fallait pas changer les autorisations tout de suite pour ne pas paraitre louche. Nous attendîmes en silence, nos regards rivés sur l'écran en bas à gauche.

Finalement, elles purent continuer leur route et l'étau sur mon cœur se desserra un tout petit peu, juste assez pour que j'autorise Naël à se remettre en mouvement. Moi, pendant ce temps, je ne lâchais pas Maëlys du regard. Elle était capable de marcher, à mon plus grand soulagement, mais elle semblait complètement perdue.

Elles arrivèrent à la sortie de l'arène. Alors je me tournais vers Naël qui avait arrêté de pianoter.

— C'est bon ? Tu as modifié leurs accès ?

Il se tournait vers moi, les bras croisés avec un air malicieux. Puis, il dit :

— Non.

Ce petit mot résonna comme un coup de feu entre nous. Ma poitrine se comprimait douloureusement tandis que je dégainais mon pistolev instantanément.

— Comment ça ?

Naël avait un pistolet braqué sur lui mais son air arrogant ne le quittait pas.

— Tu ne crois tout de même pas que je vais vraiment laisser partir tes petits copains ?

— Mais... On avait un accord ! m'écriais-je.

Un rire cruel s'échappa de sa gorge.

— Aylan, voyons. Toi contre trois priméen ? Et pas n'importe lesquels en plus ! La jeune recrue, passe encore. Mais Dark Crow et la fille de tous les records... Tss Tss.

J'entendais mon cœur battre dans mes oreilles tellement la colère montait.

— Tu m'as menti. Mais pourquoi avoir joué la comédie ?

— Je voulais être sûr que tu allais aller si loin. Maintenant, j'ai toutes les preuves qu'il me faut pour te faire arrêter et te faire pourrir au fin fond d'une cellule pour le reste de ton existence.

J'aurais voulu le tabasser jusqu'à ce qu'il ne puisse plus parler de sa voix trainante. Je serrais les poings qui me démangeait, mais je vis du coin de l'œil que les filles étaient arrivées au sas de décontamination.

Au lieu de m'engager dans un combat que je n'étais pas sûr de gagner, je me ruais sur la porte et sorti dans le couloir. Je courrais sans réfléchir. Mon cerveau était complètement figé par la panique, heureusement que mes jambes savaient ce qu'elles faisaient après toutes ces années d'entraînements.

J'avais presque tout le département de l'arène à traverser pour atteindre l'entrée latérale. Habituellement, cela prenait bien quinze minutes à pied en marchant à un rythme normal. En courant, ce n'était pas impossible. Je pouvais y arriver en moins de cinq minutes. Je l'espérais en tout cas.

Je dépassais l'ascenseur caché, l'énorme salle de repos avec les milles écrans projetant des rediffusions de matchs en permanence. Puis je passais les nombreuses salles d'entrainements, les salles d'armements ainsi que les ateliers de fabrication de leur attirail. Finalement, le souffle court, j'arrivais vers le sas. Je le voyais au loin. J'accélérai car chaque seconde pouvait compter.

Arrivant devant la porte, je m'appuyais contre celle-ci et vit avec horreur Meera taper sur le clavier de la porte de l'autre côté. Je n'eu pas le temps de prononcer un seul mot que l'alarme se déclenchait.

Les PriméensOù les histoires vivent. Découvrez maintenant