Chapitre 36

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Aylan

Une lune, me répétais-je inlassablement depuis deux semaines. L'Empire allait nous attaquer bien plus tôt que les estimations qui nous étaient parvenues. Mais je ne pouvais pas prévenir mes collègues pour la simple et bonne raison que posséder cette information ressemble un peu trop à de la trahison. Et passer mon temps à regarder cette foutue carte holographique comme en ce moment ne m'était d'aucune utilité.

Une lune.

C'était dans deux semaines seulement. À cette réalisation, mon estomac se contractait involontairement. J'avais mémorisé le plan de la cité, quand bien même je n'avais pas trouvé de faille évidente. Pas de sortie de secours un peu oubliée. Les seules sorties d'urgence ne se déclenchait qu'en présence de feu conséquent et menaient toutes vers l'intérieur de l'anneau.

Les autres légionnaires entrèrent dans la pièce en nombre et je m'arrachais à ma contemplation obsessionnelle pour aller m'asseoir. La séance d'aujourd'hui avec Naël allait porter sur les puces. C'était justement une des dernières pièces du puzzle : si nous pouvions trouver un moyen d'autoriser un accès à la zone à toutes nos puces, ce serait déjà une avancée phénoménale.

— Asseyez-vous tous, aboya Naël en entrant.

Comme à son habitude il s'appuya sur la table ronde. Je me demandais combien de fois dans sa vie il avait fait ça et à quel point il connaissait la cité par cœur. Plus que moi probablement, puisqu'il avait aidé à concevoir la plupart des dispositifs de sécurité les plus récents.

— Avant de commencer, sachez que de sombres nouvelles nous sont parvenues de groupes d'unité d'élite au nord-est. L'Empire a débarqué sur nos côtes. Ils ne semblent pourtant pas pressés d'arriver jusqu'ici et n'ont fait qu'établir un camp pour le moment. Nous éclaireurs travaillent activement à nous fournir des informations sur leurs effectifs et leur armement.

Il frappa les mains puis se les frotta comme s'il venait de nous annoncer qu'il allait pleuvoir demain.

— Bien, aujourd'hui nous allons parler des protocoles d'évacuation. Nous avons déjà parlé de ce qu'il se passe lors d'un feu quelconque, le plus généralement déclenché par accident chez ces fous de chercheurs. Mais nous n'avons pas encore parlé du dispositif d'évacuation de niveau noir.

Le niveau noir était l'état d'alerte le plus élevée dans la cité. Ils ne le déclencheront seulement s'ils pensent que nous sommes au bord du massacre.

— L'évacuation de niveau noir consiste en l'abandon total du bâtiment en vue de son annihilation. Nous ne pensons pas que nous en arriveront là, nous ne parlons d'ailleurs jamais de cette procédure lors de la formation régulière de la sécurité. Mais ce sont des circonstances particulières et nous devons considérer toutes les options.

Naël agitait la main et fit tourner la maquette holographique tout en sélectionnant des pans de murs extérieurs.

— Voici les sorties qui s'ouvriront lors du protocole. Ce sont des pans de mur entier qui pourront pivoter pour laisser sortir tous les habitants de la cité. Comme vous pouvez le voir, elles sont réparties à équidistance les unes des autres et de l'entrée principale. Elles sont contrôlées depuis la salle de contrôle à accès exclusifs des généraux.

Autrement dit, presque impossible d'y entrer. Il zooma sur une salle deux étages au-dessus de l'entrée principale.

— Voici la salle de contrôle, c'est uniquement de cette salle que les protocoles d'urgence non automatisés comme celui-ci peuvent se lancer.

Je le laissais continuer ses explications tandis que mon esprit divaguait. C'était une belle trouvaille, mais ce serait vraiment peu discret d'infiltrer la salle de contrôle pour ouvrir une des sorties de secours noires. Je ne vois même pas comment on pourrait faire, il faudrait sûrement une carte ou quelque chose pour entrer puis un code sans doute.

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