Chapitre 8 [réécrit]

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Maëlys

C'était tout bonnement impossible.

Je ne pouvais pas être Priméenne. Ça défiait complètement les statistiques, la génétique, la science. Ça remettait en question tout ce que je croyais être vrai.

Le rapport que la Dr Denoyet m'avait montré était complet, avec une analyse de mes origines génétiques détaillées. J'ai vu de mes propres yeux ce test confirmer que j'étais 54 % bretonne et le reste de diverses ethnies comme tout a chacun. Et puis aussi, accessoirement, confirmer la présence du gène α-SARUS-VI qui fait de moi une Priméenne.

Au vu de la notoriété incontestable de la directrice de la recherche qui avait obtenu de nombreux prix pour ses recherches en génétique, je ne pouvais plus douter de la véracité de ces informations.

Alors pourquoi me sentais-je comme une impostrice ? Pourquoi chaque regard posé sur moi me semblait-il plein de jugement ? Pourquoi avais-je le sentiment de ne pas être à ma place ?

Je montais les escaliers qui se trouvaient dans le hall circulaire au centre duquel se trouvait la statue d'une des originelles pour me rendre au premier étage du quartier de l'arène. C'est ici que toutes les salles d'entrainement se trouvaient. Mon premier cours de combat allait commencer avec Meera Primaria, et si j'étais obligée de passer le reste de mes jours ici, il fallait au moins que j'essaye de m'intégrer un minimum.

Quelle ironie ! Ma sœur aurait tellement rêvé être à ma place alors que moi, tout ce que je voulais c'était retourner quelques jours en arrière et changer le résultat de ce foutu test ADN. Retrouver à la réalité, là où j'avais la main sur mon destin.

L'appréhension me tordait les entrailles alors que j'entrais dans la salle où les autres néophytes attendaient le début de la séance avec impatience.

— Bien, commença Meera en entrant juste derrière moi et en se plaçant devant notre troupeau. Tous en ligne, on va s'échauffer puis on va travailler des mouvements de combat de base. Je vous rappelle savoir se battre est essentiel pour les gladiateurs, mais aussi les légionnaires. Ces cours sont l'occasion pour moi de vous juger et d'évaluer vos progrès tout au long de la période d'évaluation.

Le début du cours se passa plutôt bien. Si Enora me voyait là, elle aurait probablement deux réactions : d'abord, elle serait extrêmement jalouse que Dark Crow en personne nous entraine, et ensuite, elle serait probablement morte de rire devant ma piètre performance.

Mais elle n'était pas là.

Meera était impitoyable d'ailleurs, passant régulièrement pour corriger ma posture. À chaque fois qu'elle m'adressait la parole ou me touchait, mes joues s'empourpraient de honte. Heureusement que j'avais gardé mon masque, j'espérais qu'il cache le feu de mes joues.

Après diverses gesticulations seuls, elle annonça qu'il fallait se mettre par deux. Alors je revis le manège que je haïssais au lycée se reproduire sous mes yeux : tout le monde se trouvait un partenaire avec aisance, et moi, je restais seule. Le souvenir du groupe des héritiers de ma classe surgit dans ma mémoire comme une mouche dans une maison : inattendu, non désiré, et refusant catégoriquement de ressortir. Je croyais que j'en avais fini avec cela, que tout serait différent après le lycée. Pourtant, leurs moqueries semblaient encore résonner dans mes oreilles.

— C'est pas la peine de faire cette tête Maëlys, tu dois accepter la réalité : personne ne s'intéresse à toi parce que tu n'es personne et tu ne le seras jamais, c'est tout.

— On ne veut pas de toi dans notre équipe, tu es trop lente comparé aux héritiers, tu ne sers à rien.

Alors que ma respiration commençait à s'accélérer et les larmes me monter aux yeux malgré moi, le pire arriva : Meera me prit en pitié et s'installa devant moi lorsqu'elle comprit que j'allais rester toute seule.

Les PriméensOù les histoires vivent. Découvrez maintenant