Chapitre 31

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Meera

Le groupe zéro-huit de l'unité d'élite allait rentrer aujourd'hui. C'était l'unité d'Aylan. Je n'étais au courant seulement parce que le bruit courait que quelque chose d'horrible leur avait fait abréger la mission. Evidemment, les mauvaises nouvelles se répandaient toujours comme une trainée de poudre dans la cité. Et en général elles étaient amplifiées et déformées à chaque nouveau maillon de la chaine. A tel point que ça ne me surprendrait même pas qu'il ne se soit rien passé de fou.

Mais tout de même, il était vrai qu'ils n'auraient dû rentrer que dans trois semaines. Abréger autant une mission ne devait pas être anodin. Pour autant, cela pourrait très bien être une raison étrangère à la mission. En tout cas, c'était ce que j'essayais de me convaincre alors que j'attendais patiemment que leur voiture pointe son nez.

J'eu le temps d'écouter trois podcasts ressassant la défaite au Ultimate Game avant que le groupe ne daigne se montrer. La nuit commençait à tomber si bien qu'au début je ne fus pas sûre d'avoir bien vu. Mais même du troisième étage du quartier de l'arène, je pouvais distinguer une silhouette inhabituelle.

Un garçon était avec eux. Assez jeune. Bien sûr, à la cité nous avions tous l'air d'avoir encore vingt ans, mais celui-là semblait encore plus jeune que nous, et frêle. Pourquoi donc ramenaient-ils un enfant ici ?

J'avais initialement prévu d'inviter Aylan chez moi pour discuter de Maëlys loin d'oreilles indiscrètes, mais ce nouvel arrivant m'intriguait. La curiosité me poussa à déguerpir pour aller les rejoindre dans le hall d'entrée.

Je coupais le podcast dans mes oreilles lorsque j'atteignis le brouhaha qui s'élevait du hall. Je n'étais certainement pas la seule à vouloir savoir ce qu'il s'était passé. Devant moi, une horde de légionnaire jacassais sans interruption.

Je me postais en retrait dans le couloir à l'embranchement délimitant les quartiers de l'arène et de la légion. Ils devront sortir par là de toute façon. Le groupe de quatre légionnaires plus le nouveau eurent du mal à passer à travers la foule dense exigeant des réponses. Mais ils ne lâchèrent rien, et lorsqu'ils arrivèrent enfin dans le couloir, je pus enfin voir clairement leurs visages.

Aïcham Primaria, un de mes petits neveux, avait le visage fermé mais cela n'avait rien à voir avec le désastre qui se peignait chez Aylan Primarius. Mon poulain était pâle, avait des cernes sous les yeux et les cheveux plus graisseux que jamais. Une barbe de quelques jours lui mangeait le visage, le vieillissant de plusieurs années.

Bref, il était dans un sale état. Et moi, j'allais devoir en rajouter une couche.

— Primarius, conduit Petit au département de la recherche. Ils l'attendent pour effectuer le test, ensuite... Ah ! Tu tombes bien, Meera.

Eh merde.

— Il nous faut un sélectionneur pour ce petit oisillon s'il s'avère qu'il est Priméen.

— Je lui en trouverai un, assurais-je en espérant fortement que ce ne serait pas moi.

Entre mes entrainements intensifs, mes rendez-vous avec Carole et la surveillance de Maëlys, je n'avais absolument plus le temps de m'occuper d'un autre bébé.

— Et s'il n'est pas Priméen ? demande Primarius à son supérieur.

— Alors il aura le choix entre être relâché dans la zone ou devenir un repenti.

Une tension parcourut Aylan et je vis distinctement sa mâchoire se contracter sous sa minuscule barbe. Primarius se mit en route en entrainant le nouveau avec lui et je les suivis.

D'abord le chemin se fit en silence. Le soldat, car il était bel et bien devenu un soldat en cette courte période, était perdu dans ses pensées, ou peut-être trop épuisé pour parler.

Les PriméensWhere stories live. Discover now