Chapitre 17

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Aylan

Lou avait marqué mon esprit et dans les jours qui suivirent je ne faisais que ressasser les paroles qui lui avaient échappées lorsque je l'avais reposée dans un lit d'hôpital et que le chercheur lui administrait un calmant.

— Je voulais juste dormir dans mon lit, je suis désolée, avait-elle répété plusieurs fois.

Et alors qu'elle sombrait dans le sommeil artificiel :

— Je ne veux plus faire d'opération, s'il-te-plait. Je ne veux plus.

Ces dernières paroles m'avaient glacé le sang. Était-elle contrainte de subir cela ? Je m'étais tourné vers le chercheur mais je ne savais pas exactement comment évoquer mes doutes sans l'accuser de quelque chose dont il n'était probablement pas coupable. Cependant, je n'eu même pas à demander car il parlait tout seul une fois qu'il eut vérifié les signes vitaux de Lou :

— Lorsqu'ils sont encore à moitié sous anesthésie, ils délirent un peu. Celle-ci a subi une opération assez lourde, nous allons devoir la garder plusieurs jours en observation pour qu'elle se remette convenablement.

— Quoi comme opération ?

— Elle a fait la donation d'un rein. J'ai entendu dire qu'elle a passé un marché avec Mme Denoyet : un rein contre l'autorisation d'aller à la soirée de Noël.

Mes poils se hérissèrent. Du chantage ? C'est comme ça que cela sembler fonctionner dans le département de la recherche.

— C'est une petite courageuse, avait ajouté le chercheur sans pour autant voir où était le problème.

Depuis, j'étais allé voir l'état de Lou tous les jours. J'étais justement en route pour voir Maël après une courte visite à Lou quand je tombais sur Mme Denoyet dans le couloir du deuxième étage et je ne pus me retenir :

— C'est vrai ?

Elle se tourna vers moi, les sourcils interrogateurs derrière ses lunettes bordées de rouge.

— C'est vrai que Lou a troqué un rein contre la soirée de Noël ?

— Tout d'abord, on dit bonjour avant d'accuser les gens de chantage, jeune homme.

— Est-ce que c'est vrai ? insistais-je.

Ses sourcils se froncèrent et je crus qu'elle allait m'envoyer paître mais à ma grande surprise elle confirmait mes doutes :

— En effet. Le sujet a proposé elle-même ce marché et j'ai accepté.

— Mais sera-t-elle seulement capable d'assister à la soirée avec un rein en moins ?

Cette fois-ci elle croisait les bras.

— Jeune homme, êtes-vous en train d'insinuer que je m'occupe mal de mes sujets ?

Je déglutis.

— Le sujet pourra participer à la soirée de Noël comme prévu, il lui reste une semaine pour se remettre de l'opération, cela sera suffisant.

Je n'osais la contredire encore une fois, mais je bouillonnais.

— Très bien, dis-je, et Maëlys Le Corre pourra-t-elle participer ?

Cette fois-ci ces sourcils se haussèrent de surprise.

— Si elle le souhaite, elle pourra en effet participer. Vous me prenez pour une tortionnaire monsieur...

Elle baissa les yeux jusqu'à mon insigne de la légion souligné de mon nom.

— Primarius.

Je n'osais pas répondre de peur que mes paroles ne dépassent ma pensée. J'optais plutôt pour un hochement de tête et déguerpi.

Les PriméensHikayelerin yaşadığı yer. Şimdi keşfedin