Les Priméens

Chapitre 35

Meera

J'achevais de mettre ma cape sur mes épaules puis installais mon épée dans sa gaine intégrée à mon armure dorsale. Bella m'accompagnait à chaque match sans exception, hors de question de faire une entorse à cette habitude. Surtout pas aujourd'hui.

J'installais mes deux dagues tête en bas dans leur entrée toujours sur l'armure dorsale. Cette fois j'en cachais une troisième dans une de mes protections de tibia. Elle était presque invisible lorsqu'on ne savait pas où regarder.

J'enfilais mes deux manchettes et activais mon bouclier pour vérifier son fonctionnement. A peine eu-je effleuré un point précis de la manchette qu'il se déployait, créant un champ électrique circulaire. N'importe quel épée ou objet de métal entrant en contact se voyait propulsé en arrière. Cela marchait aussi sur les corps humains car nous conduisions également l'électricité.

Tout mon attirail, je me l'étais confectionné moi-même au cours des années et je n'en étais pas peu fière. Beaucoup de gladiateurs en étaient jaloux et m'accusait d'avoir des facilités grâce à mon armure. Mais rien ne les empêchait de se confectionner une armure encore meilleure.

Une fois prête, je descendais jusqu'à la porte menant au chemin de l'arène. Comme habituellement, quatre légionnaires d'élite m'attendaient tels des bons petits chiens de garde dans le sas. Mais il ne fallait pas que je me laisse distraire cette fois.

Alors que nous allions sortir, j'observais avec attention la procédure. Je l'avais déjà vue des milliers de fois, mais cela faisait des années que je n'y avais pas vraiment prêté attention. La dernière fois que j'espérais encore m'enfuir semblait si loin maintenant, comme si ça n'avait été qu'u rêve.

Un des légionnaires passa une carte devant le détecteur auquel était relié un petit écran. Il sélectionna cinq points sur l'écran puis valida et la porte s'ouvrit. Aylan avait raison. Tout ce temps j'avais cru qu'ils composaient un code quelconque, mais en fait ils sélectionnaient les puces qui allaient sortir du périmètre de sécurité. La puce de Maëlys n'aurait jamais l'autorisation de sortir. Peut-être pourrions-nous lui enlever ?

Nous nous engageâmes sur le chemin habituel, les portes se refermant automatiquement derrière nous dans un claquement sonore. Sortie du bâtiment, je tournais ma tête dans tous les sens. Nous traversions toujours une unique rue avant de rejoindre la passerelle et même si j'essayais de voir où elle menait, je n'en voyais pas le bout d'ici.

Depuis la passerelle, nous n'étions pas assez haut non plus pour distinguer la suite de cette rue. C'est donc à contre-cœur que je continuais ma route vers l'arène de France. C'était une des plus grandes arènes du monde. Les tribunes ne changeaient jamais mais la disposition du terrain de combat était presque toujours différente. Les gladiateurs devaient être prêts à toute éventualités. Je me demandais si le terrain du Ultimate Game d'aujourd'hui allait être le même que la dernière fois.

Ça allait être la deuxième représentation de cette nouvelle invention, et je devais avouer qu'avec ma piètre performance la dernière fois, j'avais été soulagée d'être invitée à participer à cette partie-là. Il fallait que je brille. Ça allait probablement être ma dernière performance publique, ensuite, nous nous enfuirons. Il fallait que Dark Crow marque les esprits une toute dernière fois.

Comme toujours, nous entrâmes par la porte nord-est où une nuée de journalistes tentèrent de me poser des questions. Mais j'étais Dark Crow à présent, je ne souriais pas et je ne répondais pas aux questions. Non, la seule chose digne de Dark Crow alors que j'entrais enfin dans l'arène, était de relever ma capuche noire sur ma tête.

Entrant dans l'arène, je vis les deux drapeaux, chacun à une extrémité, indiquant que le jeu allait être similaire. Cependant, cette fois, j'étais seule. La présentatrice annonça mon nom sous une salve d'applaudissements et je me plaçais au centre, sous les quatre écrans géants surmontés d'annonces écrites.