Les Priméens

Chapitre 25

Maëlys

Aujourd'hui était le plus beau jour de ma vie ! J'avais réussi le test du petit doigt ! Quand j'allais le raconter à Lou, elle n'en reviendrait pas !

Anabelle m'avait coupé progressivement le petit doigt pour voir à partir de quand je ne guérirai plus totalement. Nous étions arrivés à retirer la première phalange entière et mon doigt repoussait lentement, certes, mais les efforts étaient là. Anabelle pensait que ça allait nécessiter du temps. Elle m'avait donc renvoyé dans ma chambre.

Je pressais le pas, désireuse de tout raconter à ma colocataire. Peut-être arrêtera-t-elle de me bassiner cinq minutes avec Dark Crow pour m'écouter lui annoncer la nouvelle la plus importante du siècle ! Moi, Maëlys Le Corre, je pouvais régénérer comme on ne l'avait encore jamais vu ! C'est sûr qu'il y allait avoir plein d'articles à mon sujet ! J'allais devenir une Priméenne renomée, c'était sûr ! Bien sûr ce n'était pas comme ça que j'avais imaginé atteindre la célébrité, mais cela ferait l'affaire.

Je descendais au rez-de-chaussée, passais devant les salles de prélèvements et tournais à gauche pour arriver dans les dortoirs des Priméens. De là, j'entrais dans notre chambres quelques secondes après d'un air triomphant... mais il n'y avait personne.

Déçue de ne pas pouvoir partager ma joie, je décidais d'aller dans la salle commune. Je ne connaissais pas vraiment les autres sujets vus que je ne passais qu'en coup de vent parfois. Mais peut-être que Lou y était. Après-tout, elles les connaissaient bien.

J'entrais dans la salle où cinq adolescents regardaient avidement la télé. Devant le silence religieux qui régnait, je n'osais piper mot et m'assis à une place libre sur un fauteuil un peu en retrait tout en grattant mon doigt d'un air absent.

Ils étaient absorbés par le match de Dark Crow. Un match d'entrainement contre une autre européene. Ce n'était même pas un combat officiel alors je n'osai imaginer leur concentration face à un match important.

En tout cas, j'avais beau me tordre le cou dans tous les sens, Lou n'était pas là. Je fis mine de partir quand un des deux garçons, le plus petit avec les cheveux rasés de près, me retint :

— Qu'est-ce que tu fais là toi ?

— Je cherche Lou, tu l'as vue ?

Il secoua la tête et je me souvins de lui, Guillaume, celui qui animait les paris sur les tests cosmétiques tous les dimanches.

— Non, je n'ai pas vu Lou depuis... deux jours je dirais. T'as vu Lou toi ?

Il apostrophait son voisin, l'autre garçon. Ce dernier secoua la tête.

— Mais elle va bien finir par revenir, elle avait une opération importante, non ?

— Je ne sais pas, avouais-je. Ils l'ont emmené ce matin. Un légionnaire est venu la chercher.

Son expression se fit sombre, puis il voulut changer de sujet :

— Installe-toi avec nous, on regarde Dark Crow massacrer Mockingjay.

— Merci, mais j'ai de la lecture à faire. Si vous voyez Lou, dites-lui que j'ai une information de la plus haute importance à lui faire part !

Je partais de la salle commune et retournais lire dans mon cocon pour le reste de la soirée. Bon ok, je l'avoue. J'ai mis le match de Dark Crow à l'écran de mon lit. Mais juste en fond. C'est à peine si je l'ai regardé.

Le lendemain, toujours pas de traces de Lou. Puis, un autre jour passa. Mon petit doigt avait fini par repousser entièrement après m'avoir gratté intensément pendant toute la nuit alors je craignais un peu que Lou ne me croie pas. Mais j'avais tout de même envie de lui raconter. Au bout du troisième jour, l'inquiétude commençait à m'étreindre fortement.