ÉPILOGUE

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6 ANS PLUS TARD

Seona

- Il arrive quand ? Me demande Victoria, impatiente de rencontrer enfin son grand-père.

Notre fille n'a beau avoir que 4 ans, elle sait parfaitement ce que nous attendons devant ces grands grillages gris. Gabriel est adossé au capot de sa Peugeot de la même couleur, toujours intacte malgré de nombreuses pannes que nous avons eu dessus, et nous attends, tout sourire.
J'ai pleinement conscience qu'il ne pardonnera jamais ce que mon père lui a fait, mais pour le bien de Victoria, il a décidé de l'intégrer dans nos vies. Maintenant qu'elle est plus grande, et probablement en âge de créer une relation avec son grand-père, on sait qu'on ne veut pas reproduire les mêmes erreurs que dans notre passé.

« On a tous nos cicatrices, et une cicatrice ne devrait jamais changer notre avis sur quelqu'un qu'on aime. »

Voilà un peu notre devise. Phrase qu'on se rappelle en boucle depuis que nous nous sommes rencontrés avec Gabriel, et phrase qu'on essaye de faire rentrer dans le crâne de notre petite tête préférée.

Mon père a écoper de cinq ans de prison. Cinq maigres années pour délit de fuite, et tout ce qui s'en suit. Disons qu'il aurait pu y rester plus longtemps, mais au vu des aveux que ma chère et tendre génitrice a fait, on peut dire que la peine de son ex-mari a été allégée.
On est passé de 10 à 25 ans de prison ferme pour elle. Pourquoi ? Parce qu'en plus d'être une mère et une femme maltraitante, nous n'avons même pas été surpris d'apprendre que pendant son temps libre, elle était complice d'un trafic de drogues. Étonnant, non ?

- C'est lui, maman ?

J'arrête de divaguer dans mes pensées pour lever la tête au niveau de la porte en ferraille qui se dresse devant nous. Quand j'aperçois mon père, aux cheveux bien gris et une calvitie qui montre aussi le bout de son nez, je reprend mes esprits. Il voit immédiatement ma fille, et sourit tellement fort que ses joues ont l'air de vouloir exploser.
Du coin de l'oeil, je remarque Gabriel qui arbore un petit sourire en coin, et quand je tourne la tête, un beau chapeau de paille rouge trône sur la chevelure noire de Victoria. Elle rigole, comme si elle connaissait son grand-père depuis toujours, alors qu'elle ne l'a jamais vu, à part en photo. Il faut dire que le soir, quand on lui raconte des histoires, on aime bien lui raconter des anecdotes sur nous.
En les déformant un peu.

- Liberté ? Je lâche joyeusement en ouvrant mes bras.

Il nous cajole, moi et ma fille, et quand il se redresse, une petite larme tombe de sa paupière.

- Elle te ressemble tellement, me souffle t-il.

Puis quand il me sort cette phrase, je le regarde fixer quelque chose derrière moi : il scrute mon amoureux, le père de sa petite fille. Je les observe sans dire un mot, puis, un peu machinalement, presque instinctivement, les deux hommes de ma vie s'avance l'un vers l'autre, et se donne une grande accolade.
Qui se transforme en câlin.
Ils font la même taille, ne se disent rien, ne pleurent pas, mais leur étreinte est tout sauf ridicule.
Elle me touche au plus haut point.

Je tiens la main de Victoria, et nous marchons jusqu'à eux. Même ma fille qui est une vraie pipelette ne lâche pas un mot. Elle les regarde comme des héros. Des héros dans les histoires qu'on lui raconte. Et moi, je suis une sorcière. C'est marrant qu'elle me donne ce rôle, alors que c'était ma mère qui en était une. Mais quand elle a osé pour la première fois me donner ce surnom, son père l'a assez mal pris. Et finalement, quand on lui a demandé pourquoi j'en étais une, elle à rétorquée :

- Mais c'est trop bien les sorcières ! Elle peuvent faire des potions magiques, voler sur leurs balais et faire peur aux méchants !

- C'est pas faux, avait remarqué Gabriel. Mais maman, elle ne fait pas tout ça ?

À la nuit tombée Wo Geschichten leben. Entdecke jetzt