CHAPITRE 21

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Gabriel

Je n'ai rien compris de ce qu'il vient d'arriver, mais je crois que mon corps a parlé pour moi. Cela fait des jours que je me contiens pour ne pas dévoiler ce que je ressens réellement et il a fallu que je la vois sortir de la douche pour m'empresser de l'embrasser. Je mentirais si je disais que notre baiser ne m'a pas donné un goût de « je veux y retourner ». Sa bouche sur la mienne, ses mains qui parcourent mes épaules, son entre-jambe qui glisse sur mon genou..

J'ai rejoins le salon et ai été accueilli par mon coloc', le regard interrogateur. J'ai préféré m'asseoir dans le canapé le temps que Seona débarque pour le déjeuner, et j'ai envie de sourire pour la remarque que je suis en train de me faire : mon genou est mouillé. Mon putain de tissu est trempé. Elle m'a laissé un peu d'elle sur mon corps, et mon érection revient de plus belle. Je déplie alors mes jambes pour poser mes coudes sur mes genoux, tentant de camoufler comme je peux ce qu'elle m'a donné. J'ignore si Adam la vu quand je suis rentré dans la pièce, mais sa mine de garçon ignorant m'empêche de déceler ce qu'il a vu ou non.

Je m'en veux de l'avoir chopper comme ça, mais je n'en pouvais plus. Elle est tellement jolie après la douche, les cheveux mouillés. Elle est tellement belle tout court. J'en mourrais d'envie, et j'ai eu le sentiment qu'elle aussi. Mais je n'aurais pas dû. Je le sais.

Il faut que je me tienne à distance d'elle, sinon je vais faire des choses que je vais regretter.

Que Mélina va me faire regretter.

Dans mes pensées, je n'entends même pas ses petits pas légers débarquer dans la pièce. Son fantôme passe devant moi et je vois qu'elle porte mes vêtements. Elle est tellement sexy dans ces affaires trop grandes pour elle, ses cheveux bruns qui descendent jusqu'à ses fesses, bien camouflés par mon short. Putain, à cause de ce foutu baiser, elle me fait perdre la tête. Je ne repense qu'à ses lèvres brûlantes sur moi. Et je ne parle pas de celles qu'elles a déposées sur mon jogging.

Seona cherche dans sa valise, sûrement à la recherche de vêtements à sa taille. J'aime la voir dans les miens, mais elle est mieux dans ses habits noirs.

Tenant dans ses mains du tissu évidemment de la bonne couleur, elle retourne à la salle de bain.

- Bon, souffle Adam, tu compte venir manger un jour, la belle au bois dormant ?

Je ne sais pas s'il a compris qu'on s'était embrassé, mais en tout cas cette référence n'a pas pu être choisi de manière anodine, je le connais.

Sa cousine riposte en lui disant de commencer à manger sans elle, puis s'enfonce dans le couloir.

Mes yeux naviguent vers la table, et l'odeur de la nourriture m'appelle. Je décide alors de respecter ce qu'elle a dit, puis m'installe sur une chaise.

Adam m'imite et se pose en face de moi. Je comprend tout de suite que la dernière place de libre se trouve à ma gauche.
Seona va devoir s'asseoir à côté de moi.

- Qu'est ce qui se passe ? M'interpelle subitement mon coloc', l'air suspicieux.

- Rien, déclaré-je.

Il commence à servir nos assiettes de sa piémontaise puis il rajoute :

- Je vois vos regards.

Je souris malgré moi, et il ne peut s'empêcher de crier :

- Je le savais !

Je pose mon doigt sur sa bouche pour lui demander de parler moins fort tandis qu'il se marre.

- Ne lui dis rien s'il te plaît, le supplié-je. Je n'arrive même pas à comprendre ce qu'il se passe entre nous.

Il mime une bouche cousue, puis me chuchote :

- Elle le sais pour.. ?

Il ne termine pas sa phrase, mais j'ai bien compris à quoi il fait référence. Il sait que c'est l'un de mes plus gros complexes, qui m'empêche de prendre le temps d'avoir une copine. J'ai toujours eu des petites amourettes de passage, mais jamais plus que ça. Dès que ça devient trop sérieux, je fuis.

Personne ne doit savoir ça. Et ça a été une grosse erreur de ma part d'en parler à mon coloc'.
Si Mélina le savait, elle me tuerai.

- Non, avoué-je, mais je vais lui dire.

Adam semblait vouloir me répondre quelque chose, mais la jolie fille qui s'approche de la table nous coupe dans notre discussion.

Je lutte tant bien que mal pour ne pas l'observer, alors que je pourrai la regarder pendant des heures.

Elle s'installe à ma gauche et je ressens comme un mal de ventre. Il faut que je me foute une gifle intérieure pour ne pas lui accorder d'attention. Je me suis promis d'arrêter.

Son cousin lui dépose son plat dans l'assiette tandis que seul le bruit de nos fourchettes et le fond sonore de la télévision guide nos oreilles.

Pendant que je mange, quelque chose me fait sursauter. Je tente de masquer ma surprise le plus possible, car c'est en fait le pied de Seona qui se frotte au mien. Et rebelote, j'en ai des frissons. Putain, elle m'empêche de réfléchir correctement.

Elle se met soudainement à discuter avec son cousin de sa soirée d'hier soir. Elle raconte tout dans les moindres détails, sauf qu'elle ne précise pas que c'est moi qui suit venu la chercher. Même si Adam est au courant.

Elle vient de raconter le passage où elle a essayé sa robe et qu'elle se sentait enfin dans son corps. Sa façon de se décrire m'apaise.
C'est étrangement apaisant de savoir qu'elle commence enfin à se voir.

Si elle voyait comment moi je la vois...

Je termine mon repas pendant son monologue et sans que je m'en rende compte, ses doigts viennent de se poser sur ma cuisse. Rassuré qu'elle ne descende pas plus bas, elle remonte petit à petit du bout de ses ongles, toujours en parlant avec son cousin. Je fais semblant de ne rien sentir, puis elle arrive jusqu'à mon sexe. Le sang dans mes veines semble couler plus vite, ma chair tressaille.

Mon visage ne réagit pas, mais mon anatomie, si. Elle la caresse doucement, et j'ai limite l'impression que mon jogging va exploser. Je ressens toutes les sensations, bloquant ma respiration pour ne pas réagir. Elle qui est si apeurée par le toucher, ne semble pas dérangée par ce qu'elle vient d'entreprendre.

Adam se lève d'un coup, pour aller chercher je-ne-sais-quoi dans la cuisine, puis mes yeux rencontrent les iris de Seona.

-Arrête, murmuré-je, alors que je voudrai la supplier de continuer.

Elle retire sa main de moi et je respire un peu mieux.

-Allez dans une chambre les amoureux, marmonne Adam en revenant.

Soudain gênés, nous regardons nos assiettes dans l'espoir que ce moment s'arrête.

J'ai la bonne idée de couper court à cette situation, alors je me lève :

-Je vais fumer.

Puis je m'avance vers le balcon pour griller ma clope.

Je dois stopper tout ça avec elle.
Je dois en parler à Mélina.

À la nuit tombée Where stories live. Discover now