CHAPITRE 74

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Gabriel

Je n'arrive pas à m'éloigner de Seona. Putain, pourtant je le devrais. Je suis retourné à la case départ, sauf que si avant je devais ne pas tomber amoureux d'elle pour assouvir mon besoin de vengeance, voilà que maintenant c'est pour la protéger.
Elle, ou moi ?

Je cogite dans mon crâne pendant la pause de ce midi. En regardant mon Tupperware en plastique transparent, je zieutes mes haricots verts et mes nuggets que ma mère m'a préparée hier soir.
Même si j'ai revu ma copine dimanche, je dois bien reconnaître que le fait qu'elle aie repris le travail m'aide un peu à réfléchir plus tranquillement. On est jeudi, et je ne l'ai pas revu depuis. Ce qui me choque le plus, c'est qu'elle accepte ma façon de me comporter avec elle, de ne pas trop lui envoyer de message, de ne pas la voir tout les jours. Elle a comme.. mûrie ?
Quand j'ai déposé sa lettre à la poste lundi matin, elle était tellement radieuse avant qu'elle descende de la voiture pour aller dans son magasin qu'on n'aurait même pas dit que dans cette lettre contenait une sorte « d'au revoir » pour quelqu'un de cher à ses yeux.

Maintenant, on s'amuse à s'envoyer des photos dans la journée. La dernière étant une venant de moi : un des dessins que j'ai fais d'elle durant un contrôle avec mes élèves ce matin. J'ai profité d'un petit temps calme et reposant pour reprendre mon petit carnet noir fétiche. J'ai créé un croquis d'elle, quand elle dort dans la canapé. Les cheveux lâchés, le plaid jusqu'à sa poitrine et le sourire pesant sur ses lèvres. Depuis quand elle sourit à ce point, d'ailleurs ?

Je dois manger, et réfléchir vite à ce que je dois faire avec elle avant que la réalité me rattrape.. et que cette réalité s'appelle Marie Mariolli.

*****

Fin de journée, je ne suis pas resté très longtemps ce soir au collège. Alors à 17h50, je suis au volant de ma voiture, sur le parking de la résidence de Seona.

En montant, elle m'ouvre et automatiquement, elle semble comprendre à mon léger baiser que quelque chose me travaille :

- Qu'est ce qu'il t'arrive ? Soupire t-elle. Tu as passé une mauvaise journée ?

Avant toute chose, j'aimerai qu'elle me raconte la sienne. Depuis sa reprise de lundi, c'est la première qu'on se revoit et que, je distingue enfin à ses yeux ses cernes bien dessinés.

- Toi, d'abord.

Elle tapote quelque chose sur son téléphone furtivement, puis part dans la cuisine. Je m'adosse à l'îlot en l'attendant, puis elle commence sans rechigner :

- Un peu dur, mais aujourd'hui ça va, j'ai fini à 15h.

Elle sort deux canettes de coca du réfrigérateur en continuant de parler.

- Je dors juste un peu mal, avoue t-elle doucement. Ce n'est pas que je cogite, rétorque t-elle en me tendant ma boisson et se positionnant à côté de moi, mais je crois que si, un peu.. en fait.

- C'est normal, dis-je en caressant ses cheveux bruns tout lisse sous ma peau. Ton père ne t'a pas envoyé de messages depuis lundi ?

- Non, rien.

- On ne sait même pas si il a reçu la lettre au final, je rappelle. Mais si il l'a bien lu, peut-être qu'il a besoin de prendre du temps pour encaisser tout ça.

- Ou alors, me coupe t-elle, il respecte ce que je lui ai dis. Il me laisse tranquille.

- Oui, je me ravise. Peut-être aussi.

Soudain, elle reprend encore son téléphone qui cette fois-ci vient de vibrer, et retape quelque chose dessus. Je suis curieux, mais elle me verra si je scrutes du coin de l'oeil son portable, alors je bois une gorgée pour m'empêcher de le faire tout de même.

À la nuit tombée Where stories live. Discover now