CHAPITRE 44

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Seona

Impossible de ne pas le reconnaître. Et impossible de ne pas détacher mon regard de son corps.

Sa façon de tenir son verre est nonchalante.
Il a troqué ses légendaires survêtements pour un pantalon large et un tee-shirt noir. Je n'arrive pas à en croire mes yeux qu'il soit ici.

Si Leslie m'a confiée qu'elle et sa sœur avaient peur de retrouver un Gabriel en pleine dépression, c'est un Gabriel heureux et dragueur qui se montre face à moi.
Sa main enveloppe les courbes d'une des hanches de cette fille, qui n'arrête pas de glousser et de poser ses grandes mains sur son torse dur.

Une jalousie me parvient, bouffe mon âme à peine que je la vois elle aussi s'approcher du bar pour sûrement commander à boire, à deux pas de Leslie. Gabriel la regarde scrupuleusement, détaillant son corps de dos comme si ce n'était pas la première fois.
Pourvu qu'il ne voit pas que sa meilleure amie est ici.

Elle qui s'inquiète pour lui.

Leslie arrive enfin à moi quelques minutes plus tard, alors que je ne réussis pas à détourner mon regard de lui.

- Tiens, hurle t-elle en me tendant mon verre.

Sans réfléchir, je le bois d'une traite. Je m'en fous de savoir ce qu'il y a dedans.

Le goût de whisky s'imprègne de ma gorge, et ma langue lèche les quelques gouttes qui se sont échouées sur ma lèvre inférieure.

- Sacré descente ! S'exclame Leslie en souriant, avant de faire de même.

J'ai toujours les yeux rivés sur Gabriel, tandis que lui ne me voit pas. Il est bien trop loin de moi, bien trop occupé à reprendre le bras de cette pétasse aux mèches blondes, et à siroter son verre de je ne sais quel alcool qu'elle vient de lui ramener.

Moi, je pourrai le remarquer entre mille.

- Qu'est ce que t'as ? Finit par remarquer ma meilleure amie.

Elle suit du regard le mien et puis, ses doigts s'accroche à ma cuisse.

- Il est sérieux ? Grimace t-elle après plus de deux minutes d'observation.

- Vachement triste, ton pote, déclaré-je.

Leslie me tourne en prenant mes épaules avec ses paumes, afin que j'arrête de le scruter comme une bête de foire.

- Tu sais quoi ? Dit-elle. On s'en fous de lui. On fais notre soirée. Tu vis.

Encore tremblante par ce que je viens de voir, je ne décroche pas un seul mot.

- Soso ? Me réveille t-elle. Je ne savais pas qu'il serai là ce soir, je te le jure.

- Je sais, arrivé-je enfin à articuler quelque chose.

- Je lui en toucherai deux mots, mais pas maintenant, plus tard. Il ne va pas gâcher ta première soirée en tant que célibataire.

- Je n'ai jamais été en couple avec lui, grogné-je.

- Tu m'a comprise, arrête.

Je hoche la tête et la suis dans la foule, prête à danser.

Elle a raison. Je ne dois pas m'occuper de lui. Si lui arrive à passer au dessus de nous deux, de cette histoire et de ces mensonges aussi facilement, alors pourquoi pas moi ?

La musique tapote contre mes organes à chacun de mes pas, tambourine mon cœur quand je m'empêche de le regarder. Alors je ferme les yeux. Je ne sais même pas s'il est encore au même endroit, s'il a changé de place ou s'il est parti dehors pour fumer, mais je décide de ne pas m'en préoccuper.

À la nuit tombée Where stories live. Discover now