CHAPITRE 14

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Seona

- A demain ! Me lance la dernière collègue à quitter le magasin.

Je passe la balai en vitesse dans les rayons, pour pouvoir vite sortir d'ici.

J'adore ce travail. Pouvoir conseiller aux autres de bons produits, correspondant à leurs critères. Être heureuse de finaliser une vente, à laquelle j'ai contribué. C'est ça que j'aime. Voir les autres heureux.

Je me change dans le vestiaire, ferme toutes les portes à clés, puis baisse le volet à l'entrée. Il est 19h10, et je sais que mon prochain bus n'arrivera pas avant 19h30. Tant pis, je vais devoir attendre à l'arrêt quand même.

Dans la journée, j'ai cherché le parfum que Gabriel m'a offert, pour connaître son prix. C'est pas cool, et ça ne se fait pas, mais j'avais besoin de savoir. 96 euros le flacon de 50ml. Presque 100 euros de cadeau pour une fille qu'il connaît depuis seulement 5 jours. Je ne sais pas où est passé le méchant Gabriel, mais il semble être enterré quelque part.

Dans mes pensées, je n'entends pas bien que l'on me parle.

- Seona.. Seona ??? Dit une voix.

Je redresse la tête, pour y voir Leslie, le sourire jusqu'aux dents, en magnifique robe d'été.

- Oui, bafouillé-je. Excuse-moi, j'étais dans les vapes.

- Je vois ça, ricane t-elle. Tu attend ton bus ?

- Oui, et toi ?

- Je passe toujours pas cet arrêt quand je rentre du travail, raconte t-elle. Et je t'ai vu, alors me voilà !

Elle déborde tellement d'énergie que je me demande comment elle peut être ami avec Gabriel, si froid et calme.

- Mon bus arrive dans 15 minutes, tu peux rester si tu veux, lui proposé-je plus timidement que ce que je pensais.

- Bien sûr ! S'exclame t-elle directement. Qu'est ce qui t'es arrivé hier soir, pour que vous partiez si subitement ?

Outch. Elle touche une corde sensible, et comme à chaque fois que je refuse de me confier, je me fige.

- Non t'inquiète, secoue t-elle la main après avoir entendu mon silence. On s'en fout !

Je l'aime déjà.

- Qu'est ce que tu dirais de venir avec moi vendredi soir au Club ? Débite t-elle.

- Euh.. Au Club ?

- Oui, le Club en ville. C'est une boîte de nuit.

Je ne suis jamais sorti avec qui que ce soit, encore moins en boîte de nuit. La trouille s'empare alors de mes paroles :

- Désolé, je bosse samedi matin..

- On rentrera pas tard ! Me coupe t-elle.

- Mais, t'es sûr que..

- Oui, je ne bois pas une goutte d'alcool, m'interrompt-elle encore une fois.

Je réfléchis toujours, car je n'arrive pas à prendre de décision.

- Je me suis dis que ce serai cool que tu viennes avec moi, avoue t-elle. Tu a l'air simple, douce.. Tout le contraire de moi ! J'aurai vraiment aimé faire un peu plus ta connaissance.

- Ok, craqué-je après ses aveux.

- Oh merci ! S'étonne t-elle. Tu me donne ton numéro ? Pour qu'on se tienne au courant ?

Je déguenille mon portable de ma poche et tape le numéro qu'elle me dicte à voix haute. Après ça, sa voix résonne encore :

- On sera cinq au total. Toi, moi, et trois de mes copines, ça te va ?

- Oui, dis-je sans entrain.

- Super !

Elle scrute son téléphone, avant de répliquer :

- Je dois y aller, on se retiens au jus Seona ! Hurle t-elle en s'éloignant tout en mimant un portable à son oreille.

Je secoue la tête en me demandant si j'aime cette fille ou si elle me stresse.

Maintenant, j'ai une soirée vendredi et pas de vêtements pour sortir.

*****

Arrivée à l'appart', Adam m'accueille :

- Soso ! Ouvre t-il ses bras. J'espère que tu ne m'en veux pas pour hier soir !

- Mais non, s'étouffe ma voix dans son tee-shirt.

Mon cousin s'allonge dans la canapé :

- Alors, avec mon coloc' ?

Je laisse tomber mes bras, avant de lâcher un sourire contre mon gré.

- Je le savais ! Y a eu un bisou ? S'excite t-il.

- Mais t'es malade, rétorqué-je en frottant sa tête. Tu étais où, toi ?

- Chez un ami, marmonne t-il.

- Chez un quoi ?.. Le taquiné-je.

Il abandonne, comme toujours.

- Un mec, balance t-il enfin.

- TON mec, tu veux dire ? Insisté-je sur le « ton ».

Il prend un coussin et se le fout devant le visage.

- Tu as un copain ! Crié-je un peu fort.

- Chutttt ! Siffle t-il tout bas.

- Non, je ne te crois pas ! C'est trop bien ! Raconte-moi tout !

- Il s'appelle Simon, et il est un peu plus jeune que moi.

Je m'installe plus confortablement pour pouvoir l'écouter, alors il s'arrête, et lorsque je ne bouge plus, il reprend :

- Je l'ai rencontré au boulot, il y a deux semaines je crois. Il était venu pour faire réparer sa voiture, et là, je n'arrivais plus à détacher mes yeux de lui.

La porte d'entrée s'ouvre à la volée. Monsieur Casquette enlève ses baskets et Adam retourne à son monologue, comme si de rien n'était :

- Et puis, il m'a donné son numéro. J'ai attendu son message tout les jours, mais rien. Alors hier, j'ai pris mon courage à deux mains, et je l'ai inviter à sortir. Il m'a proposé de venir chez lui, et..

Il marque une pause, laissant un suspens. Je suis surprise de voir Gabriel courir jusqu'à nous et s'asseoir à mes côtés, fixant Adam pour connaître la suite tel une comère, un morceau de pain à la bouche.

- Et il s'est passé ce qu'il s'est passé.

- Non ! Disons-nous ensemble.

Mon cousin, un peu trop fier de son aveu, nous laisse là dessus :

- Sur ce, je vais aller me laver.. J'en ai encore partout.

Une mine exprimant le dégoût s'abat sur Gabriel, me faisant réprimer un rire.

- Ça te fais marrer en plus, me tapote t-il l'épaule.

Je continue d'exprimer ma joie, quand son regard hypnotise le mien.
Soudain, je suis devant lui, je ne bouge pas, choqué par son geste : il est en train de me faire un câlin.

À la nuit tombée Where stories live. Discover now