CHAPITRE 54

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Gabriel

Le soleil est au beau fixe quand nous fouillons la tombe de son père, doucement mais sûrement.

Malheureusement, on ne trouve rien. Pas un seul signe de sa possible existence.

Je dois l'admettre : je pense que nous faisons fausse route, et que Seona se fait des films.

Mais comment lui en vouloir ? Comment le lui dire ?

Ce monsieur à chapeau de paille n'est peut-être qu'un pauvre monsieur qui aime passer du temps à l'hôpital. Il n'est pas forcément possible que ce soit son père. Le seul détail qui a fait qu'elle ai émit cette hypothèse est le putain de papillon sur sa montre. Un vulgaire papillon. N'importe qui pourrait en avoir un sur lui, sans que ça veuille dire que cette personne est son père.

Seulement, dans l'accident, il est censé avoir brûlé avec sa voiture. Je ne vois pas comment il aurait pu s'en être sorti ; je cogite beaucoup trop, moi aussi.

J'ai du mal à croire en cette théorie, mais Seona semble l'espérer tellement fort que je n'arrive pas à le lui confier.

- Il n'y a rien du tout ici, marmonne t-elle en soulevant les dernières fleurs pour examiner le dessous.

J'ai beau inspecter chaque recoin de terre tout autour de la pierre tombale, je tombe toujours sur la même remarque :

- Moi non plus, je n'ai rien.

Ses petites fesses s'étendent sur le marbre, et son souffle énervé me tend.

- Gabriel ?

Je contourne le tout pour lui faire face. D'un coup d'œil, elle m'observe, en train d'attendre la suite.

- Tu crois que je deviens parano ?

- Non.

- J'ai l'impression de passer pour une folle.

Je m'accroupis devant elle, et dépose mes paumes sur ses genoux avant de la rassurer :

- À ta place, j'aurais fait la même chose que toi.

Elle roule des yeux.

- Je crois que je pète un câble.

- Non.

- C'est peut-être mon traumatisme crânien qui me..

- Non.

- Le manque de mon père me donne..

- Non ! Bordel, non.

Une larme s'échappe sur sa peau de son plein gré, mais du pouce, je l'essuie. Ça me fait mal de la voir comme ça.

- Je t'ai déjà parler des signes du destin ?

Elle fixe subitement mon regard.

- Hm hm ?

- Je crois que s'en ai un.

J'ignore pourquoi je lui raconte ça, comme si je croyais en sa supposition.

- Tu crois ? Répète t-elle.

Je hoche la tête, et la prunelle de ses yeux se met à briller très fort. Si fort qu'elle rentre en contact avec la mienne, et que j'arrive à m'y voir à l'intérieur.

Sa tête s'abaisse.

- J'ai une idée, balancé-je.

Elle redresse son cou pour me faire face.

- Chez toi, enfin, chez ta mère. Il doit bien y avoir des papiers de décès ? Des documents concernant ton père et ce qui lui est arrivé ?

- Je.. je pense, oui.

À la nuit tombée Dove le storie prendono vita. Scoprilo ora