CHAPITRE 7

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C'est un peu avec angoisse que je démarre. Je peine un peu à conduire, puisque je suis à la traîne derrière le groupe.

- Tu vois, bredouille Gabriel. Je le savais qu'il ne fallait pas te laisser conduire.

Il m'énerve, alors je ne réponds rien. Et bizarrement, je crois que je commence à prendre confiance.

Après presque vingt minutes, le parcours se fait un peu plus rude. Le moniteur nous arrête afin de nous expliquer que nous allons devoir passer sous de grosses branches qui sont à l'horizontal.

- Pour ceux qui sont par deux, collez-vous ! Nous hurle t-il.

Son conseil, on ne va pas l'appliquer, je le garantis.

Le groupe reprend sa randonnée et nous voyons ceux devant nous qui effectivement, se baisse extrêmement bas afin d'éviter les branches.

Voilà notre tour.

J'entends déjà mon passager se plaindre, mais quand je me tord pour passer sous le bois, je suis surprise de sentir ses deux mains enrouler ma taille. Un minuscule frisson parcours mon être et j'en viens à apprécier de le sentir me toucher. C'est absolument contradictoire, avec tout ce que je pense de lui. Même moi je ne comprend pas pourquoi ça me fait de l'effet.

Nous esquivons l'obstacle, et j'accélère afin d'être bien derrière Adam. Les mains chaudes de Gabriel s'éloignent légèrement, puis reviennent. Je ne sais pas trop à quoi il joue.

- Enlève-moi tes sales pattes ! Hurlé-je à travers mon casque en lui tapotant les doigts.

Il maintient ses mains sur mon ventre et fini par me répondre :

- Je ne peux me tenir qu'ici !

- Oui, c'est ça, ricané-je. On a fais vingt minutes de trajet, et tu te tenais à l'arrière Gabriel.

Je perçois un rire, un rire moqueur.

- Tu va faire quoi de toute façon ? Me provoque t-il.

- Tu sais que je suis capable de faire un scandale, monsieur Casquette ?

- Tu n'oseras jamais.

Je souris en attendant que l'on descende pour échanger nos places.

Et c'est comme si le ciel avait entendu ma prière, puisque le moniteur qui nous demande de nous stopper. Je descends alors du quad, quand je commence mon manège :

- Je ne veux plus monter avec lui ! Dis-je sur le ton de la peur. Il n'a pas arrêté de m'insulter !

Le moniteur, croyant en ma détresse, me propose alors de monter derrière lui. Je passe devant Gabriel en lui faisant un doigt d'honneur, puis termine le parcours sur le véhicule de l'animateur.

*****

Nous sommes rentrés dans le calme. Enfin, quand je parle de calme, je parle surtout de Gabriel et moi. Car Adam, lui, était un peu trop fier de son plan foireux. Ça l'amuse de nous faire des coups pareil, même s'il nous a avoué qu'il a eu chaud quand j'ai changé de partenaire.
Malgré tout, je l'aime quand même. Je ne vais pas lui faire la gueule, cela m'est impossible.

Avec mon cousin, nous avons passé l'après-midi à jouer au Monopoly. Gabriel ayant refusé de participer. Je n'y avais pas jouer depuis des lustres, et j'avais oublié à quel point c'était long.

20h58 s'affiche sur le portable d'Adam, ainsi qu'une notification de message.

Il lit le texto et me tend le téléphone :

Marie – 19h21

Salut Adam, comment tu va ?

Je voulais savoir si Seona

était chez toi ? Merci

Rien que de voir son prénom me donne la chair de poule.

Je n'arrive même pas à sortir un son, alors Adam prend la parole à ma place :

- Elle n'est pas au courant que tu es ici ? M'interroge-t-il alors.

- Non, cafouillé-je. Tu vois, elle m'a annoncé qu'elle partait le jour-même. Et puis, tu sais bien que je ne me confie pas à elle..

- Oui, c'est sûr.. Dit-il, à moitié convaincu. Tu ne penses pas qu'on devrait au moins la prévenir ?

Je ne répond pas, alors il rajoute :

- Imagine qu'il t'arrive quelque chose ?.. Tu es rattaché à elle Soso.

- Oui, tu as raison, déclaré-je.

Sur ces mots, Adam répond à ma mère un simple « oui », qui suffit à me mettre mal à l'aise. Moi qui ne voulais plus entendre parler d'elle.. Et maintenant, elle sait où je squatte. Je sais qu'elle ne dira rien à Adam, car elle va faire comme d'habitude : jouer à la maman parfaite qui frappe seulement sa fille de temps en temps quand elle boit un peu trop. Parce que bien sûr, personne ne sait ce qu'elle me fait, à part lui. Et encore, c'est la seule chose qu'il sait. Et c'est bien assez.

Je sais qu'une part de moi est en train s'inquiéter, puisque mes mains se mettent doucement à trembler.

Pendant qu'Adam range le jeu de société, mon regard s'abat sur Gabriel, qui jusqu'ici traînait sur son téléphone sans nous écouter. Étonnée de comprendre qu'il me fixait déjà avant que je tourne la tête, je me lève immédiatement pour me prendre un verre d'eau. Ses yeux noisettes m'ont assez transpercés pour que je capte qu'il nous as entendu. Est ce qu'il a fait le lien avec ma nuit dans l'immeuble ? Est ce qu'il as compris quelque chose dans la relation que j'entretiens avec ma génitrice ?

J'espère simplement que ça s'effacera de son cerveau.

- Eh, me sort Adam de ma rêverie. Ça te dirait que demain on se fasse un marathon Harry Potter toute la journée? Comme quand on était petits ?

- Avec les pop-corn, les bonbons, les chocolats..

- Tout ce que tu voudras, me coupe-t-il.

- Je suis totalement partante ! Accepté-je.

Adam se tourne maintenant vers son coloc', en attente d'une réponse. Gabriel lève les yeux, sentant sûrement le regard pesant de mon cousin sur lui, puis déclare tout de suite :

- Ah non désolé, je ne pourrai pas. Je dois aller voir Mélina demain.

Comme par hasard..

- Ok, je comprend, encaisse Adam.

Alors là, je suis scotchée. J'ai devant mes yeux un Adam que je ne reconnais pas. Il ne le force même pas rien qu'un peu ? D'habitude, il se démène pour avoir ce qu'il veut.

A son contraire, moi, là, je ne comprend pas.

- On commande kebab ? Nous réveille encore Adam, pendant que chacun semble songer à quelque chose.

- Si tu veux, consent son coloc'.

- Tu en as pas déjà manger il y a peu de temps ? S'échappe ma pensée envers Gabriel.

Je viens de faire une boulette, et voilà, je crois que ça va être le moment de tout raconter à mon cousin.

- Si, mais comment refuser un kebab ? Finit-il par me répondre.

- Pourquoi tu dis ça Seona ? Me sollicite Adam.
Je ne sais même pas quel mensonge inventer, quand Gabriel s'exprime avant moi :

- Hier soir je suis rentré dans la nuit, et je l'ai réveillé sans faire exprès en mangeant un kebab dans la cuisine.

C'est pas possible.
Il est en train de mentir.
Pour me couvrir.

À la nuit tombée Where stories live. Discover now