CHAPITRE 45

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Gabriel

Quatre heures quand j'attends dans cette putain de salle d'attente, et que je suis tellement stressé que je ne fatigue même pas.

J'ai l'impression de revenir à l'époque où je venais ici tout les jours, quand je venais voir ma sœur.

Leslie a débarqué même pas dix minutes après que j'ai déposé Seona ici.

Depuis qu'elle est arrivée, elle ne me décoche pas un mot. Venant de la part d'une pipelette, je dois avouer que ça me perturbe. Même pas un merci, même pas un désolé. Rien.

Elle pianote je ne sais quoi sur son téléphone depuis qu'on attend là, l'un face à l'autre. Une certaine distance nous sépare, mais mes yeux sont fixés sur elle. Presque quatre heures qu'elle fait comme si je n'existais pas. C'est en train de me soûler.

- Tu va m'adresser la parole à quel moment, sinon ? Tenté-je de la provoquer.

Elle ne sourcille même pas. Rien n'a bougé sur son visage.

- Leslie, grommelé-je.

Elle lève enfin son regard sur moi.

- Quoi ?

C'est ça, sa réponse ?

- C'est quoi ton problème ? M'énervé-je.

Elle zieute autour d'elle, comme si pleins de gens allaient nous entendre alors qu'il n'y a qu'un seul monsieur avec nous dans cette foutue pièce.

- C'est toi, mon problème.

Elle a chuchoté ça d'une manière si logique.

- J'ai sauvé ta meilleure amie.

- Après avoir été la cause de sa chute.

Elle a réponse à tout.

- Elle est tombée toute seule, rappelé-je.

- Je ne parle pas de ça.

Sur ces mots, je ne renchérit pas.

Elle retourne à son téléphone, et je pose mon coude sur l'appui à ma droite. Je scrutes les affiches au mur, réfléchissant à cette journée improbable.

D'abord, je me réveille en panique car j'avais oublié que je devais emmener ma sœur au psy. Ensuite, je passe ma journée à dormir dans ma chambre, chez mes parents.

Puis je termine la soirée avec Esteban, on se fait un Mcdo et il m'avoue finalement qu'il doit rejoindre son plan cul, me laissant en plan pour la nuit.

En rentrant chez moi, je passe par le Club et décide de m'y arrêter.

En arrivant, je me fais interpeller tout de suite par Eva et sa bande de copine. Eva, une fille que j'avais rencontré à une soirée une fois avec Esteban, quand il voulait rejoindre une de ses anciennes conquêtes et que j'étais avec lui. Elle m'avait proposé, sans trop me le demander, de passer la nuit avec elle et j'avais refusé. Alors quand je l'ai vu ce soir, j'ai cru que c'était encore un signe du destin.

Il faut que j'arrête de croire à ces conneries.

Je n'aurais pas dû la draguer, mais à vrai dire, je crois que mon cerveau ne fonctionne presque plus. J'ai l'impression d'être passé en mode automatique.

Carrément, je ne dessine plus. Mon dernier dessin étant celui représentant Adam et son copain, que j'ai croisé au supermarché juste après que Seona aie disparu de ma vie.

D'ailleurs, je décide de sortir mon petit carnet pour l'occasion.

Je commence à gribouiller un brouillon, et bien sûr, c'est Seona qui sera le personnage principal de mon œuvre. Je l'imagines quand je l'ai vu courir pour m'échapper, ses cheveux longs dans le vent qui bougeaient fortement à cause de la vitesse, sa petite main qui tenait fermement le haut de sa robe noire épousant parfaitement les courbes de ses fesses. Juste avant le drame. Elle qui tombe, qui s'endort et qui ne me répond plus, malgré que je l'entende respirer paisiblement.

À la nuit tombée Où les histoires vivent. Découvrez maintenant