CHAPITRE 48

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Gabriel

Son sourire me rend heureux instantanément. Bordel, elle est encore plus jolie quand elle sourit.

Adam lui saute dans les bras, avec sa délicatesse légendaire et ses petites boucles brunes qui cache d'un coup le visage de sa cousine.

Quant à Leslie, elle me fixe avec un regard interrogateur. Je ne sais pas ce qui l'intrigue, car loin de moi l'idée de me rapprocher de Seona dans une situation pareil, mais je la laisse s'imaginer ce qu'elle veut.

- Ton cousin préféré va pouvoir te ramener, non ? Rappelle mon ancien coloc' à sa cousine.

Elle secoue la tête, comprenant enfin ce qu'il s'est passé pour que ce ne soit plus à sa mère de la récupérer obligatoirement.

Ce n'était pas si compliqué : quand je me suis rendu à l'accueil, Adam était déjà là. Je m'attendais à ce qu'il m'ignore, me rejette, m'engueule. Mais au lieu de ça, il m'a serré dans ses bras. Je n'ai pas vraiment aimé ça, pour être honnête. Car mon besoin qu'on ne me touche pas est toujours aussi fort, toujours aussi éprouvant. J'ai tapoté son épaule et lui ai expliqué ce qu'il s'était passé. Nous n'avons parlé de rien d'autre.

Leslie nous a rejoint presque directement, et la dame de l'accueil nous a dis que ce serai bon, car Adam pourrai la conduire chez eux.

Je croyais que ce serai plus compliqué que ça. Alors évidemment, j'étais heureux bien avant qu'on débarque dans la chambre.

- Viens avec moi, m'ordonne ma meilleure amie en touchant mon épaule.

Qu'est ce qu'ils ont à toujours devoir me toucher ?

Nous abandonnons les deux cousins pour regagner le couloir. Au loin, nos yeux dérivent sur un petit coin un peu caché, vers l'ascenseur.

Sans vraiment se parler, on se comprend. Alors on s'y rend, dans un silence des plus glacial.

- Bon, Gabriel, chuchote Leslie en s'appuyant contre le mur. Tu va m'expliquer ce que tu foutais hier soir.

Bonjour Madame l'inspectrice.

- J'étais en boite, comme toi. Je n'ai plus le droit de vivre ?

J'ironise ma réponse car je sais que je vais passer un sale quart d'heure.

- Arrête putain, s'agace t-elle. Permets-moi de trouver ça bizarre de te voir une fille alors qu'à moi tu me répétais sans cesse que tu « tombais amoureux ».

Elle a mimé les guillemets, et ça me fais sourire.

- Oui, je « suis amoureux » l'imité en mimant les guillemets à mon tour. Mais c'est elle qui m'a demander de ne plus jamais lui adresser la parole.

- Tu avais l'air vachement attristé par tout ça hier soir.

- Parce que j'ai fais ce qu'elle m'a demandé ?

- Elle ne t'a pas demandé de te trouver une autre meuf.

Discours de sourd.

- Putain, Leslie, tu voulais que je fasse quoi ? Que je continue à me morfondre, que je ne vois plus personne ?

- Non, mais il y a un grand écart entre ce que tu me disais et ce que tu fais. Je ne sais pas, mais moi, quand j'aime quelqu'un, je ne l'oublie pas en si peu de temps.

- Parce que t'es déjà tomber amoureuse toi, peut-être ?

Ma dernière phrase est sortie toute seule, et aussitôt, je regrette de lui avoir dit ça.

Son expression a changée en deux secondes, m'obligeant à me redresser pour m'excuser.

- Pardon, ce n'est pas ce que je voulais dire.

- Pourtant, tu l'a dis.

Elle me souris, de gêne, comme à son habitude, et se retourne pour s'éloigner de moi.

Je sais que j'ai touché une corde sensible, mais ce n'était pas mon intention.

Je n'en peux plus de passer pour le méchant.

Oui, je suis d'accord que pour la vengeance, c'était moi le méchant. Avec beaucoup de recul, nous nous sommes rendus compte que ce n'était pas légitime. Que je n'avais rien à faire. Que ce n'est pas en s'en prenant aux innocents qu'on fait justice.

Mais pour tout le reste, je n'accepte pas d'être le connard de l'histoire. J'ai écouté Seona. Et personne ne s'en rend compte. Oui je l'aime, et je l'aimerai plus que n'importe qui d'autre sur cette planète, mais son choix était de ne plus être dans sa vie. Ce que j'ai respecté. Et on arrive quand même à m'en foutre plein la gueule.

Mon armure commence à se casser, et ma sérénité aussi.

Je rattrape Leslie en me faufilant à ses côtés, et nous retournons dans la chambre de Seona.

Quand je les vois tous comme ça, s'aimer sans peur et sans jugement, sans mensonges et avec honnêteté, je me rends compte que je ne devrais pas être là. Avec eux.

Je ne sais même pas où est ma place. Je me sens de trop.

Ce groupe n'est plus le mien.

Alors maintenant que tout le monde est là pour elle, je décide de m'éclipser gentiment, sans dire un mot.

Et quand je referme la porte et que je regarde pour la dernière fois mon ancien groupe d'amis qui discutent entre eux, mon cœur manque un battement quand je m'aperçois que Seona ne me quitte pas des yeux.

À la nuit tombée Where stories live. Discover now