CHAPITRE 27

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Seona

Son bras est toujours enroulé autour de mon ventre, même si le réveil sonne dans toute la chambre.
Étonnée qu'il dorme comme un bébé, je me retire à contre-coeur du lit pour aller me préparer.

Je ne travaille que la matinée, ça risque de passer assez vite, mais quand même. J'ai une flemme intersidérale, surtout après la nuit qu'on a passé.

Avant de sortir en marchant sur la pointe des pieds, je le contemple vivement.

Il est tellement beau. Son torse nu est apparent et ses cheveux noirs ébouriffés. Ses paupières closes m'apaise, sans trop comprendre pourquoi.

Sa prothèse dépasse de la couette, et j'arrive à me demander si ce ne serai pas mieux qu'il dorme sans. Après tout, je n'y connais rien, et j'ai d'ailleurs été surprise que le fait de savoir qu'il lui manque une jambe ne m'a pas choquée plus que ça. À vrai dire, je n'y pense même pas.

À quoi bon penser à ses blessures quand les miennes ne sont même pas guéris ?

Une fois que je me suis préparée et habillée, je gagne le couloir. En avançant, je vois une petite ombre se déplacer dans la cuisine.

- T'es là toi ? M'empressé-je de taquiner Adam.

Il sursaute, et ça a le don de me faire rire.

- Oh, Soso ! Râle t-il. Tu m'a peur.

Il ricane à son tour et je me prépare un verre de jus de fruit en silence.

- Je travailles ce matin moi, m'arrête t-il. J'avais des choses à récupérer ici. Qu'est ce que tu fais debout à cette heure, toi ?

- Figure-toi que je bosse, moi aussi.

Il a compris mon air ironique et vérifie sur le frigo mon planning.

La confiance règne..

- Ah oui, remarque t-il finalement.

Je secoue la tête, puis il me coupe :

- Mais demain tu ne travailles pas ?

- Euh, je ne crois pas.

- Et bien.. je peux te demander un truc du coup ?

Je relève les yeux dans sa direction après avoir englouti mon jus de pomme, puis il se gratte la nuque :

- Simon organise un feu de camp ce soir sur la plage..

Je le fixe intensément, espérant qu'il capte que mes iris lui crie : « viens-en directement au fait ! ».

- Vous pouvez venir Gab' et toi.. Si vous voulez.

Il a lu dans mes pensées, Dieu merci.

- Faut voir..

Je n'ai même pas eu le temps de terminer ma phrase qu'il s'exclame :

- Yes ! Merci Soso !

- J'ai pas dis o..

Il s'approche près de la porte d'entrée, récupère ses clés en un claquement de doigt et s'échappe :

- Encore merci ! À ce soir !

Puis la porte claque brusquement.

Il a intérêt à ce que cette soirée soit bonne, car ce n'est pas trop mon fort de faire ami-ami avec tout le monde en faisant semblant que ce qu'ils me racontent m'intéresse.

Après tout, je vais rencontrer Simon, et si Gabriel le veut bien, il m'accompagnera.
Voilà deux bonnes raisons de s'y rendre.

Je vérifie l'heure sur l'horloge de la cuisine : 7h50.
Il me reste dix petites minutes avant de sortir de la maison pour rejoindre le bus.

Avant de partir, je me dois d'écrire un petit mot à Gabriel. Même s'il me reste plusieurs minutes et que rien ne presse, j'ai peur de ne pas partir à temps. Alors j'essaie de trouver le plus vite possible un papier et un stylo.

Je fouille tous les tiroirs, mais je ne trouve rien. Alors mon dernier recours et de chercher dans les poches de nos vestes sur le porte-manteau.
En fouinant dans celle de Gabriel, je met la main sur son petit carnet de dessin. En toute logique, ma curiosité me pique et m'incite à regarder s'il n'aurai pas fait d'autres dessins depuis la dernière fois.

En tournant les pages, j'arrive au croquis me représentant dans l'immeuble.

Puis je la tourne, et visiblement, les deux pages de derrière ont été utilisées.
Sur la première, simplement un paysage. Un bâtiment, des arbres, la route, des voitures garées, la lune et des étoiles.

Je me rend compte en voyant cette ébauche que je ne le connais pas plus que ça. Je ne sais pas ce qu'il fait pendant son temps libre hormis aller voir sa sœur, je ne sais pas ce qui l'inspire, ce qui le rend malheureux. J'aimerai tout savoir, maintenant. Encore plus qu'avant.

Puis sur la seconde, c'est une fille en fauteuil roulant qui se trouve de dos, scrutant l'horizon par la fenêtre. Et à sa droite, une planche de surf portant des stickers Pokemon s'appuie contre le mur.

Je comprend immédiatement qu'il s'agit de Mélina, alors je zappe vite cette esquisse ayant l'impression de rentrer un peu trop dans son intimité et arrache la dernière feuille du cahier, lui pique son stylo le referme et le replace là où il était.

J'écris à la va-vite un message puis laisse le crayon à côté du papier. Il va bien reconnaître que c'est le sien.

Je connais personne avec un crayon aussi.. coloré.

J'espère que tu ne regrettes pas notre nuit, car moi non.

Merci pour cette soirée.

Ce soir, feu de camps avec Adam et son mec. Interdiction de refuser.

À toute !

Ps : ronfle moins fort la prochaine fois, sinon je ne dormirais plus jamais avec toi. Et Dieu sait que tout le monde rêverait de dormir en ma compagnie ;)

Puis j'attrape mon portable, enfile mes baskets et cours en dehors de l'appartement.

Je vais profiter de cette soirée pour en apprendre davantage sur lui.

Le mystère m'attire, mais la vérité encore plus.

À la nuit tombée Where stories live. Discover now