CHAPITRE 40

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Seona

Je n'ai pas bien dormi, pourtant, c'est pas faute d'avoir essayé.
J'ai cogité par rapport à la réponse de Leslie.

L'accident de Gabriel colle avec celui de mon père.

Il faut que je parle avec lui aujourd'hui. Car je me pose des questions. Trop.

Après avoir pris une douche et m'être préparée, je rejoins la cuisine pour prendre mon petit-déjeuner avant d'aller au travail. Personne n'est debout à part moi, et ma surprise est immédiate quand je me rend compte que Gabriel n'a pas dormi ici. Le canapé n'a pas bouger, il n'y a plus ses affaires sur le porte manteau ni au niveau des chaussures. Il n'est pas resté ici. Et mon cœur s'emballe quand je distingue un papier plié en deux sur le bord de la table à manger, avec mon nom en plein milieu. J'ouvre machinalement cette feuille et distingue un énorme pavé avec son écriture.

La première chose que j'arrive à lire est :

« Avant toute chose, Seona, j'espère que tu le comprendras. »

Il m'a écrit. Et ça va me faire mal.

« Avant toute chose, Seona, j'espère que tu le comprendras.

Si je t'écris cette lettre, c'est parce que comme tu le sais, je suis plus doué avec un stylo qu'avec les mots.

Commençons par le début.

Je me présente, je suis Gabriel Eminno, j'ai 23 ans. Je suis professeur d'art plastique et j'aime toutes les formes d'art. Je vis chez mes parents dans un immeuble du centre-ville avec ma petite sœur, Mélina, âgée de 16 ans.

Il y a deux ans, alors que Mélina et moi rentrions du restaurant après une journée de surf riche en émotions un soir d'été, je me suis arrêté à un feu rouge. Mon regard s'est dirigé vers ma sœur, observant son sourire face à son téléphone. Elle contemplait les photos de nous le jour-même. Il n'y avait pas un chat sur cette route. Il faisait nuit, aucunes voitures n'étaient derrière moi, les lampadaires éclairaient le goudron. C'était paisible.

Le feu est passé au vert, puis j'ai passé la première, la deuxième, puis la troisième. J'avais bien mis mon clignotant pour tourner, et j'ai pivoté le volant vers la gauche. Les choses se sont ensuite passées trop vite.

Une voiture fonçait à tout à l'allure face à nous, en plein milieu de la route. Je me rappelle avoir cru qu'on allait se la prendre de plein fouet, mais heureusement, j'ai eu le réflexe de bouger le volant pour esquiver cette fusée qui déboulait. Forcément, avec la peur, je n'ai pas fait gaffe où j'allais atterrir, et nous avons touché le fossé. Ensuite, notre voiture s'est mise à faire des tonneaux. Je crois qu'on en a fait deux. Mais c'était déjà trop.

Ma sœur criait dans l'habitacle, mes bras se sont positionnés devant moi tout seul pour limiter l'impact. Je pleurais déjà, entendant les hurlements de Mélina contre mes oreilles. L'airbag s'est enclenché, j'ai essayé d'attraper ma sœur par le bras avec ma main droite mais je n'arrivais même pas à la toucher. Puis d'un seul coup, tout s'est arrêté. Il n'y avait plus de bruit. Ma jambe était coincée, j'avais mal, je ne sentais plus mon pied. J'ai essayé de me débattre pour tenté de réveiller ma sœur, mais ça me lançait. Alors j'ai hurlé sur Mélina, il fallait qu'elle ouvre les yeux. Ses jambes étaient bizarres. Je l'ai vu tout de suite. Elles étaient dans tout les sens, pas aussi droites que la mienne. Il y avait un peu de sang à côté d'elle, et j'ai pleurer de toute mes forces.

Et puis, j'avais décidé de dormir moi aussi. Alors j'ai fermé les paupières et attendu que ça passe, en prenant la main de Mélina dans la mienne.

À la nuit tombée Where stories live. Discover now