CHAPITRE 43

296 14 18
                                    

Seona

Le bus est inondé de monde. Le soleil tape fort contre la vitre, me mettant en sueur instantanément.

Du coin de l'œil, à l'avant, une petite fille brune lit un livre sur les genoux de son père.

Mes yeux se décalent sur la gourmette à mon poignet, m'obligeant à me rappeler à quel point j'ai de la chance que quelqu'un ai posé ce bracelet sur sa tombe. Je ne sais pas qui a pris l'initiative, ni comment, mais je la remercie tout de même. Je n'avais rien de mon père, à part des vêtements et des babioles qui ne lui tenait pas spécialement à cœur.

Cette gourmette était quelque chose qu'il gardait sur lui tout les jours, sans exception. Alors l'avoir avec moi me procure plus de sensations que d'avoir son vieux tee-shirt dans ma valise.

Je descends du véhicule après avoir attendu que tout le monde passe dans l'allée. Je ne comprendrai jamais pourquoi les gens se précipitent pour sortir alors qu'il suffirai d'attendre quelques secondes. Un couple passe les derniers avant moi, reconnaissable par leurs mains qui se tiennent en file indienne. Et mes pensées divaguent sur Gabriel.

Deux semaines que je ne l'ai pas revu, que je ne l'ai pas touché, que je ne lui ai pas adressé la parole. Deux semaines de chagrin que j'essaie de calmer.

Depuis cette dernière fois à la plage, je m'attendais à avoir des nouvelles de ma mère. Des nouvelles menaces ou une nouvelle arrivée surprise, mais rien. Pas même un message.

Est ce que Gabriel m'a écouté ? J'aimerais y croire, mais je doute de son écoute.

Je suis alors le couple, puis ferme la marche. Saluant le chauffeur, je pose un pied sur le goudron chaud et rejoins le parking où m'attends Leslie.

Elle est au courant de tout, car je lui ai tout raconté le soir-même où j'ai décidé de couper les ponts avec lui. Elle est rester au téléphone avec moi presque toute la nuit, puis elle m'a proposé que l'on se voit aujourd'hui. Elle revient de vacances en Grèce avec sa mère, alors j'avoue qu'elle m'a manqué.

J'atteins enfin sa voiture, et ouvre la portière :

- Coucou ma biiiiche, m'étreint-elle.

Bizarrement ou non, j'aime les câlins maintenant.

Depuis Gabriel.

- Tu m'a manquéé, dis-je sur le même ton. Mais tu as bien bronzée !

- Et toi donc ! Et nooon, presque pas ! Lâche t-elle ironiquement.

Nous nous redressons en même temps et elle démarre sa voiture.

- On va chez moi, et ce soir..

- On va au Club, terminé-je.

Elle souris, puis passe la première. Ma nouvelle meilleure amie est tout simplement géniale.

*****

- C'était incroyable ! Jure t-elle en faisant défiler les photos de ses vacances sur son téléphone. Regarde la piscine de l'hôtel ! Oh et ça, c'est la plage privée qui était collée à la résidence, et puis ça, c'était leur cocktail de bienvenue ! Je savais même pas qu'on pouvait avoir un cocktail de bienvenue..

Je scrutes intensément ses photos, me disant qu'elle a de la chance de pouvoir vivre des choses pareil. Je ne sais même pas ce que c'est que de voir la mer dans un autre endroit, à défaut de l'avoir ici. Ma mère m'a toujours dit « je vais pas t'emmener en vacances dans un autre pays, alors que la mer que nous avons ici est la même qu'ailleurs ».

Mais quand je vois les images que Leslie me montre, je me dis qu'elle a tort.

Son lit est si confortable qu'après qu'elle soit partie se doucher, je me suis endormie dessus.

À la nuit tombée Où les histoires vivent. Découvrez maintenant