CHAPITRE 20

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Seona

J'ai l'impression d'avoir 36 objets déposés sur mon crâne tellement il me fait mal.
La maison est silencieuse, pourtant j'entends mon cœur battre fort contre mes tympans, comme s'il allait se détacher. Cette sensation, je la connais, mais dans le sens négatif du terme. Là, je sais que si je ressens ça, c'est parce que j'ai passé une bonne soirée hier. Ça ne m'étais pas arrivé depuis, je crois, jamais. Leslie m'a aidé à avoir confiance en moi, et je la remercierai jamais assez pour ça. Une soirée avec elle a suffit à me remettre certaines idées en place, et je dois reconnaître que je ne me suis jamais senti aussi libre d'être qui je suis de toute ma vie. La peur, la tristesse, le stress, l'appréhension, tous ces sentiments n'existaient plus. Il n'y avait que joie, rire, et amusement. Des mots qui sonnent faux venant de moi, mais qui ont été tellement réels hier soir.

Mon portable est relié à un chargeur sur la table de chevet à ma droite. J'ai reconnu l'endroit dès l'instant où j'ai ouvert les yeux, et je ne suis même pas étonnée de me retrouver dans cette chambre. Je consulte mon portable, constate qu'il est plus de midi, tandis qu'un message de Leslie m'interpelle :

LESLIE 10h16 -

J'espère que tu as bien dormi. Gabriel est venu te chercher en catastrophe hier, j'étais obligé de l'appeler, désolé. C'était trop cool, vivement la prochaine soirée toute les deux ! (par contre, plus d'alcool, ça te rend trop amoureuse ;))

Je souris, me demandant ce que j'ai bien pu lui raconter pour qu'elle dise ça.
Aussi bizarre que cela puisse paraître, je me souviens bien de notre soirée. Nous y sommes allées avec sa voiture, puis on nous a laissé entrer sans rien payer. On s'est installé au bar de la boîte avec trois de ses copines, et j'ai demandé un whisky ( on ne les as vu qu'à ce moment là, d'ailleurs). Je m'étais toujours promis de ne jamais boire, mais j'avais envie d'essayer. L'alcool est passé dans ma trachée, et il m'a brûlé si facilement que j'avais envie de recommencer. Je sais que j'ai pris beaucoup de verres, car pendant que l'on dansait, Leslie m'a fais la remarque : « Je ne te pensais pas alcoolique ! ». J'ai ris sur le coup, mais avec du recul, je sais que c'est parce qu'elle a dû être surprise de me voir enchaîner les verres alors que j'ai peur d'un rien. Après ça, elle m'a lâché quelques minutes pour se rendre au toilette, puis peu de temps après, la main de Gabriel a fait frissonner tout mon corps. Elle a agrippé mon poignet et j'ai senti que c'était lui. Je sais que l'alcool m'a totalement aidé à me pousser vers lui, mais je ne regrette en rien d'avoir posé ma tête sur son torse. J'ai eu l'impression qu'il respirait plus vite, plus difficilement. Comme si ma présence l'asphyxiait, qu'il ne pouvait plus être maître de ses actes. C'est là que j'ai compris que nous ressentions la même chose.

Il avait le visage dur, mais il ne m'en voulait pas. Je remercie intérieurement Leslie de l'avoir appelé pour venir me chercher, car la seule chose à laquelle je pensais pendant que je dansais, c'était lui. Sa voix, son odeur, sa discrétion, son pouce qui me caresse lentement.
Je me rappelle de tout à cette soirée, sauf de ce que j'ai pu confier.
Puis je me rappelle m'être endormi dans la voiture, et maintenant je me réveille là. Dans son lit.
Je me demande ce que va penser Adam, quand il découvrira que j'ai dormi ici. À moins qu'il ne le sache déjà.

Je me lève à contre-coeur puis ouvre la porte. Au fond du couloir, le miroir projette mon allure. Ma robe bleue marine est relevée et mon maquillage s'est estompé, se fondant sur chaque parties de mon visage où il ne devrait pas être.

Je m'enferme dans la salle de bain, sans même jeter un regard au salon. Je ne veux pas qu'on me voit comme ça.
En entrant dans la douche, je me rend compte à quel point l'eau me fait du bien.
Depuis que je vis ici, je me suis habitué à me laver tout les jours sans exception. Et j'arrive même à me demander comment j'ai fais pour ne pas prendre une douche tout les jours pendant toutes ces années, qui semblent trop lointaines maintenant.

Je ne sais pas depuis combien de temps je suis sous l'eau, mais en tout cas, Adam semble le savoir :
-Soso ! Tape t-il à la porte. Laisse-nous de l'eau chaude !
Je rigole un peu et décide d'arrêter le jet. Ses pas s'éloignent et j'angoisse déjà de croiser son regard. Leurs regards.
Je me brosse les cheveux et me nettoie le visage avec un savon. Depuis quand je prend soin de ma peau comme ça, moi ?

La serviette autour de la taille, je sors doucement de la salle d'eau. Parce que oui, je n'ai pas pensé à prendre des vêtements. Le problème, c'est que mes valises sont dans le salon. Je ne veux pas prendre le risque de passer devant les garçons dans cet tenue, alors je prend la sage décision de retourner dans la chambre de Gabriel. Je vais lui piquer des vêtements, juste le temps d'aller récupérer mes affaires. De toute façon, Adam doit savoir que j'ai dormi ici, alors foutu pour foutu..

Je rentre en vitesse dans la chambre, et lâche un cri de surprise quand j'aperçois Gabriel en train de finir de faire le lit. Je bloque devant lui, remarquant ce qu'il a fait : il a changer les draps.
Je tiens ma serviette au niveau de ma poitrine et il me regarde avec un sourire. Un putain de sourire. Mes jambes commencent à trembler tellement son regard semble chaud. Et je crois que le mien le devient aussi. Son jogging noir et son corps torse nu ont raison de moi.

-Pardon, parviens-je seulement à dire.

Il s'approche de moi tellement doucement que mon corps prend trente degrés d'un coup.
Il arrive à ma hauteur et je me plaque toute seule contre le mur à côté de la porte. Bordel, il est trop beau.

-Arrête de t'excuser, chuchote t-il à mon oreille en posant sa main contre le mur.

Je ne sais toujours pas quoi dire, mais mon corps m'aide à savoir quoi faire. Je crois plutôt que ce sont nos corps qui décident à nos places, car sauvagement, nos bouches se collent en même temps. Il a le goût que j'imaginais : mélange de tabac et de sucre. Sa main s'enroule autour de ma nuque et nos lèvres s'entrechoquent, se mordillent, se lèchent. C'est la première fois que je reçois un baiser aussi passionné, aussi fougueux. Je l'embrasse aussi fort que je le peux, tellement j'en meurs d'envie depuis des jours. Mes bras entourent sa taille nue et je perds mes moyens quand sa dureté se fait sentir à travers son jogging contre mon ventre. Il pose son genou entre mes cuisses et je suis certaine qu'il fait exprès de le bouger. La sensation est si étrange, mais si bonne que je me frotte contre lui. Il retire ses lèvres humides et rosées des miennes pour me sourire, et je n'attend pas une seconde de plus pour y retourner. Le mélange des sensations me font presque oublier où je suis, et ce que je fais.

-T'es tellement belle, me susurre t-il alors que je continue à me frotter sur lui.

Je plonge ma tête sur son épaule et je l'entends rire. Son rire est si sexy qu'il s'envole en même temps que mon excitation, quand la voix d'Adam résonne dans le couloir :

-Vous venez manger ! S'écrie t-il, c'est prêt !

Je me détache brusquement de Gabriel, qui me fixe l'air aussi perturbé que moi. Merde, qu'est ce qu'il viens de nous arriver ?

Sans un mot, il sort de la chambre en trombe.

Je respire un peu, essoufflée par nos actions, puis reprend ce que j'étais venu faire ici : prendre des vêtements. Dans son armoire, j'y trouve un short noir et un tee shirt Nike beaucoup trop grand pour moi, mais je l'enfile.
Je n'arrive pas à y croire. J'avais tellement envie de l'embrasser, mais je m'en veux de m'être excité sur lui. Il doit me prendre pour une putain de dégénérée. Mon anatomie était nue sur son jogging, en train de se faire frotter. Jamais je n'ai fais ça. Tout est survenu aussi vite que c'est reparti, et ça m'embrouille le cerveau encore plus.
Il est parti sans rien me dire, et moi je vais devoir affronter leurs regards.

Comment je vais affronter le sien, maintenant que ses lèvres se sont abattues sur les miennes ?

À la nuit tombée Où les histoires vivent. Découvrez maintenant