Chapitre 12 : Crash

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Je dinais seule comme la plupart de mes soirées quand le carillon de l'entrée se mit à tinter. Quelle personne pouvait se présenter à une heure aussi tardive ? Il était 20h30 passé tout de même. Je me regardai à travers l'écran de télévision éteinte. Ma mère en avait acheté une la semaine passée. Je n'avais pas songé à l'allumer tellement j'étais déprimé et fatigué. Je commençai même déjà à m'endormir.
Devais-je ouvrir alors que j'étais déjà en pyjama  ? Ce n'était pas indécent, car il s'agissait d'une chemise et d'un pantalon. Ce n'était pas comme si elle portait une nuisette.
À contrecœur, les yeux à moitié fermés de fatigue, j'allai ouvrir.

— Yo  ! s'exclama une voix que je reconnaissais parfaitement sans le regarder.

Guillaume se tenait debout, nonchalamment appuyer sur le chambranle de la porte.

— S... salut, répondis-je surprise.

— Tu dormais  ? s'enquit-il en me m'examinant des pieds à la tête.

— Non. J'étais en train de dîner.

— Cool, tu m'invites  ?

— Je ne sais pas si ma cuisine t'intéressera.

— Il faut d'abord goûter avant de critiquer, contrecarra-t-il.

— Entre, je t'en prie. Ce n'est pas habituel de ta part de me rendre visite.

Je le précédais jusqu'à la salle à manger.

— Ouais. Je suis venu te donner ça.

Il sortit de la sacoche de marque qu'il portait autour de son cou, un téléphone portable flambant neuf. Un portable très cher dont elle ne pouvait même pas se permettre d'acheter. Quasiment la moitié du salaire mensuel de son père.

— Un téléphone  ? fis-je simplement.

— Ouais.

— Je ne sais pas utiliser cette technologie. Et puis... ce n'est pas mon anniversaire.

— C'est Matthieu qui m'a dit de te le donner. Il avait remarqué que tu n'en avais pas.

— Je vois. Et pourquoi ne vient-il pas me le donner lui-même  ?

— En fait, il est occupé.

— Occuper à faire quoi  ?

Guillaume rejeta la tête en arrière et partit d'un rire franc.

— On peut dire que tu as beaucoup changé Reina. Avant, tu étais timide. Tu ne parlais pas beaucoup et à présent...

Furieuse, je lui coupais la parole.

— Ne changeons pas de sujet. Laisse-moi te prévenir Guillaume que je ne suis pas d'humeur. Je suis fatiguée et j'ai sommeil, alors maintenant tu peux partir si c'est pour te moquer de moi  !

— Ce n'était pas mon intention. Juste une remarque, et à vrai dire, je te préfère ainsi.

Guillaume se dirigea vers la sortie. Il s'arrêta sur le pas de la porte et me tendit l'objet qu'il avait apporté avec lui. Il me prit la main et me le fourra de force en refermant des doigts dessus.

— Dans ce téléphone, précisa-t-il,  il y a mon numéro et celui de Matthieu. Alors si tu as besoin de quelque chose, n'hésite pas, appelle-nous.

J'ouvris la porte, toujours furax contre lui, mais surtout envers Matthieu. Pour qui me prenait-il, à la fin  ?
Comprenant le message, il mit un pied dehors et se retourna vers moi.

— Je regrette sincèrement ce qui t'arrive. Au revoir, Reina.

Je saisis le bras de Guillaume avant qu'il ne franchisse la porte et s'en aille. Il pleuvait à torrents dehors, mais Guillaume paraissait s'en moquer. Pourtant, il lui semblait qu'il ne pleuvait pas lorsque Guillaume était arrivé. Elle avait peur...

Reina [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant