Reina [Terminée]

Chapitre 98 : Surmonter et construire

J' ouvrais la porte de l'appartement de Mike. Je disposais d'un double des clés. Il n'était pas dans le salon, ni dans la cuisine. Mes pas me portèrent jusqu'à la porte de la chambre. Je le trouvais allongé, dans le noir, sur le dos, le visage rivé vers le plafond. Mes jambes me portèrent jusqu'a lui avant de me lâcher lâchement et  je tombais à genoux devant lui. Il n'osa pas me regarder. Un silence pesant nous submergeait.

— Tu l'as vu ? Demanda t-il le regard rivé vers le plafond.

— Pourquoi... tu m'as demandé d'aller la bas ? Demandai-je alors que ma voix se mourait.

Cette confrontation avec Mathieu était éprouvante. A l'entente de ma voix, il se redressa subitement, sa main se faufilant au dessus du tiroir pour atteindre la lampe de chevet. 

— Non. N'allume pas la lumière, paniquai-je. 

Je ne voulais pas qu'il me vois dans cette état. Je sais que ça lui ferait du mal puisque tout ce qui m'arrivait de négatif lui faisait également du mal. Quand je souffre, il souffrait également. Quand je suis blessée, il l'est aussi. Lorsque je suis triste, il l'est tout autant et tout ça malgré lui. 

— Qu'est-ce qui se passe ? demanda t-il tout doucement en s'approchant vers moi. 

Cette fois, je ne me retiens plus et explosais en sanglots. Je n'arrivais plus à m'arrêter. Il fit quelque pas en arrière et ferma les yeux.

— Tu l'aimes encore, pas vrai ? Ne t'excuse pas. Les sentiments ne se contrôle pas. Je savais que ça allait arriver. J'étais préparé à ça. Après tout, c'est ton premier amour. 

Pourquoi souriait-il en me disant cela ? Ce sourire sur ces lèvres... Non, ce n'est pas un vrai sourire. 

Il s'assoit à ma hauteur à même le sol et s'adossa sur le lit, la tête renversée en arrière. Je restais agenouiller devant lui, les doigts entrelacés et le regard rivé dans le giron. 

— Je ne t'en veux pas, continua t-il. 

Il pensait sans doute que je pleurais parce que j'allais le quitter. Parce que je m'étais rendu compte que je ressentais encore quelque chose pour Mathieu. Non. Au contraire. Après ce qui s'est passé aujourd'hui, je ne voulais plus avoir à faire avec lui. Pourtant, je l'avais embrassé...
Je devais prendre mon courage à deux mains et avouer cela à Mike. Peu importe sa réaction, je devais assumer. Je chassais de ma tête ce qui s'était passé un peu plus tôt et prenais une profonde inspiration.

— On s'est embrassé.

Il ne réagit pas. Cependant, je remarquais sa mâchoire se contracter et ses poings se resserrer.

— Tu... ne dis rien ? Demandai-je doucement.

Il ouvrit doucement les yeux.

— J'attends la suite, murmura t-il.

Je n'osais même pas le toucher. J'avais honte de ce que j'avais fais. Je me mordis les lèvres pour me donner du courage, pour placer mes mots correctement afin de ne pas le blesser. Mais tout semblait se brouiller dans mon esprit. C'est comme si j'était dans une dimension parallèle. Je ne savais pas par où commencer ni par quoi terminer. Je fermais les yeux et pris une légère inspiration. 

— Après cela, je lui ai dit que je ne retournerai jamais avec lui, parce que maintenant, j'en aime un autre. Et je le pense sincèrement. Tu es celui qui a toujours été là pour moi Mike. Je t'aime et je t'aimerais pour toujours. Et je sais que personne n'est capable de m'aimer autant que toi tu m'aimes.

C'est le silence qui accompagne mon plaidoyer. Il ne bougea pas. J'ouvris enfin les yeux et restais un moment silencieuse à le fixer. Mais rien. Aucune réaction. J'avais une statue en face de moi. Est-ce... à cause du baiser ?  Est-ce qu'il m'en voulait ? Il avait d'ailleurs tout les droits de m'en vouloir. Il m'avait pourtant mis en garde. Je pouvais faire tout ce que je voulais à conditions que je ne franchissais pas les limites. Mais je l'avais fais.