Chapitre 5 : Sentiments naissants

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Lundi 1er Février 2005, 12h00

Aujourd'hui, Matthieu sort de l'hôpital.
Je marchai à grands pas dans sa direction. Il se tenait debout, juste à côté de la grande fontaine d'eau bleue située à côté d'un pommier qui n'avait pas donné de fruit depuis plusieurs années déjà. Tandis que je l'admirais dans sa chemise bleu ciel et son pantalon noir, je constatai la présence de deux adultes. Une très belle femme svelte, qui paraissait avoir dans les trente ans, portait une longue robe vert émeraude avec une ceinture noire à la taille. Sur sa tête se couchaient des lunettes de soleil mouche. Ses chaussures Louboutin noires reflétaient le ton de ses yeux. Son visage avait une expression sévère. L'homme près d'elle était vêtu d'un costume noir taillé sur mesure avec une cravate noir et blanc. Sa peau était légèrement bronzée comme Matthieu. Sa ressemblance était frappante avec ce dernier. Ces deux personnes étaient-elles le frère et la sœur de Matthieu ? Ils étaient si jeunes et si beaux ! Debout, une main dans la poche, l'homme avait des gestes délicats. Lorsqu'il posa la main sur l'épaule de Matthieu d'un geste paternel, comme pour le convaincre ou le calmer. Matthieu le repoussa avant de s'écarter légèrement.

J'avais l'impression qu'ils étaient en pleine dispute. Je regardai la scène un peu gênée. Lorsqu'il me vit, Matthieu me fit signe de la main de les rejoindre. Je me dirigeai timidement vers eux. Matthieu marcha vers moi sous le regard étonné de ses parents, prit mon bras et m'entraîna vers eux.

— Mère, père, je vous présente Reina, Reina Milay, ma petite amie.

« Petite amie ? Mais qu'est-ce qu'il raconte ? On est juste ami » pensa-t-elle.
Cependant, je ne démentis pas. Je me contentai de me taire. De toute manière, je savais que Matthieu n'aurait pas dit cela à la légère. Se passait-il quelque chose qu'elle ignorait et qui l'emmenait à dire ce genre de chose ?

— Milay ? Je n'ai jamais entendu ce nom-là, déclara sa mère.
— C'est normal. Elle n'est pas issue d'une famille de snobinard... c'est juste une fille normale.
— Est-ce une plaisanterie, mon fils ? s'enquit sa mère.
— Pas du tout ! Je l'aime et je veux l'épouser.
— Que nous chantes-tu ? Ce n'est pas sérieux ! Si c'est de l'humour, arrête immédiatement. Cela n'a rien de réjouissant.
— Ce n'est pas une blague, dit calmement Matthieu.

Je me contentai de ne rien dire en regardant ma main toujours agrippée à la sienne. Lorsque je risquai un coup d'œil vers ses parents, je relâchai immédiatement sa main.
Enfin... C'est surtout lorsque j'ai croisé le regard perçant de sa mère. Je percevais son mécontentement. Tout ce que je pouvais dire ou faire ne la calmerait pas. Au début, le choc passé, son père avait plutôt l'air de se réjouir. N'importe quels parents auraient été d'ailleurs perturbés par cette annonce. Je m'attendais pourtant également à un regard méprisable or il me souriait. Ses parents avaient l'air si jeune. Je comprenais maintenant pourquoi Matthieu avait cette allure. Je comprenais aussi d'où venait sa beauté.
Constatant que j'avais relâché sa main brusquement, Matthieu mit la sienne dans sa poche sans demander son reste. J'espérai que mon geste ne l'avait pas offusqué.

15h00

Assis sur un banc près d'un chêne, dans le parc à quelque mètre de l'hôpital, là où quelques patients venaient se promener en présence d'infirmières, nous regardions le paysage de verdure qui s'offrait à nous. Du gazon planait tout autour de nous. D'habitude, il y avait une foule de gens ainsi que des brouhahas incessants. Pourtant, aujourd'hui, le silence fut total. Tout était calme, car il n'y avait personne. Juste Matthieu et moi, comme deux enfants abandonnés. J'avais l'impression que nous étions seules au monde. Lui, moi, les plantes et le temps.

— Je suis désolé d'avoir dit cela Reina. J'espère que ça ne t'a pas gênée ?

— Si... un peu, mais c'est bon, je vais bien. Que se passe-t-il exactement ?

— Mes parents veulent que j'épouse une fille de noble origine. Je déteste ce genre de fille, trop fragile, trop gnangnan, occupé à arranger leur apparence physique. En un mot : stupide. De toute façon, je ne veux pas me marier que cela soit avec une noble ou une paysanne. Je ne veux tout simplement pas me marier, insista-t-il.

— Tu es trop jeune, c'est ça ? demandai-je.

— J'ai vingt ans, pourquoi ? Tu me trouves vieux ?

— Non, pas du tout ! Mais les mariages arrangés, de nos jours, sont très fréquents pour les gens de ta classe sociale.

Il me coupa la parole :
— Laisse tomber... de toute façon c'était une mauvaise idée d'impliquer une jeune fille aussi innocente que toi.

— Tu... Tu te méprends. J'accepte de faire semblant d'être ta petite amie... Mais, voilà, je ne sais pas quel comportement adopter, car je ne suis jamais sortie avec quelqu'un. Tu vas devoir m'apprendre.
Tout ce qu'elle connaissait de l'amour et des relations hommes-femmes se trouvait dans les romans qu'elle lisait avidement. Mais comme toute chose, il devait y avoir un gouffre entre la fiction et la réalité. À dix-huit ans, elle allait enfin mettre en œuvre la pratique.

— Attends, tu n'es pas sérieuse ? s'étonna-t-il.

— Tu sais, depuis toute petite, je m'intéresse seulement aux études. Je n'ai jamais vraiment su ce qui se passait dans le monde extérieur.

— Tu étais comme un ermite, c'est ça ?

— En quelque sorte... bon alors, tu m'expliques ce que c'est d'être la petite amie de Matthieu McLoan ?

— Comment peux-tu accepter de jouer un rôle sans savoir de quoi il s'agit ?

— Tu es mon ami, et c'est amplement suffisant.

— OK ! Bon, commençons le cours. Être la petite amie de quelqu'un, c'est en quelque sorte être la fiancée de quelqu'un.

— C'est se comporter comme une épouse, c'est ça ?

— Oui, mais peux-tu m'expliquer pourquoi tu prends des notes dans ton carnet ?

— C'est pour mieux retenir. C'est ainsi que je procède depuis la primaire.

— Je vois... quelque chose me dit que ça ne va pas être simple, murmura-t-il dit en soupirant si bien que je n'avais pas entendu.

— Peux-tu répéter ?

— Euh... non... rien. Donc, un couple peut se tenir par la main, se couver du regard, s'appeler par des petits noms comme mon chéri, mon amour, tu vois... des gestes qui montrent qu'ils appartiennent l'un à l'autre.

Le stylo noircissait la feuille de mon carnet à chacune de ses remarques. Soudain, je sentis quelque chose ramper sur ma nuque.
Je sursautai.
— Qu'est-ce qu'il y a ? demanda Matthieu.
— Une chose grimpe sur ma nuque, répondis-je avec effroi.
— Laisse-moi voir.
Je me retournais de manière à lui montrer ma nuque.
— Ce n'est rien. Juste une chenille, dit-il en me la présentant sous mon nez.
— Quoi ? Une chenille ? Ce n'est rien ? Tu te moques de moi ? m'exclamai-je en frissonnant.
— Mais non.
— Quoi, non ?
— Non rien...
Nous explosâmes de rire.
Quelques secondes après avoir repris notre sérieux.
— Reina..., me dit-il
— Qu'y a-t-il ?
— En fait... ça ne te dérange pas de venir chez moi, ce soir ? Je voudrais te présenter à mes parents le plus tôt possible pour en finir avec cette histoire.
— D'accord.

——
Que pensez-vous de cette petite altercation entre Reina et les parents de Matthieu ?
J'espère que ce chapitre vous à plu 😊 A demain pour la suite !!

Reina [Terminée]Where stories live. Discover now