Reina [Terminée]

Chapitre 25 : Mémoire.

Mercredi 9 juin 2005

Une semaine s'était écoulée et je n'avais pas quitté mon cocon qu'était devenue ma chambre. Je n'osais plus mettre un pied dehors car je me sentais anéantie. J'avais tout perdu car sans Matthieu à mes côtés, je n'étais plus qu'un corps sans âme. Je prenais conscience de l'amour qu'avait pu porter ses ex-copines à son encontre. Mais, je n'étais pas assez folle pour manigancer des stratagèmes pour l'avoir à mes côtés. Pourquoi n'avais-je pas une once de méchanceté pour m'attaquer à la maman de Matthieu ? J'avais un cerveau qui me permettait de calculer les différentes probabilités pour chaque plan. Mais comment aurais-je pu me résoudre à être aussi ignoble qu'elle ? Je ne pouvais pas... non, plutôt, je ne voulais pas à me rabaisser à son niveau. Et je ne voulais pas non plus faire du mal à la mère de l'homme que j'aimais.

— Mademoiselle, vous avez de la visite, dit une servante qui entra dans la pièce après s'être fait annoncer en tapant deux coups à la porte.

— Qui est-ce ? lui demandai-je.

— La photographe.

Anne entra en se précipitant vers moi. Son visage était tout pâle. On aurait dit qu'elle venait de voir un fantôme.

— Anne, qu'est-ce qui se passe ? m'enquis-je en m'asseyant sur mon lit.

— Reina, je suis désolée...

— Quoi, qu'est-ce qui se passe ? répétai-je en mettant mes pieds sur le sol frais.

— C'est Matthieu, il... il...

Je m'inquiétai encore plus. La tension ne cessait de monter dans la chambre. La servante avait fermé la porte derrière elle pour ne pas être indiscrète.
Anne se tenait devant moi, nerveuse. Elle était trop agitée pour parler mais il fallait absolument que je sache ce qui se passait. Je lui attrapai les deux mains et la fis asseoir à mes côtés.

— Calme-toi, et raconte-moi ce qui est arrivé à Matthieu, dis-je d'un ton ferme.

— Il est... Il est...

Qu'aurai-je pu imaginer à cet instant ? Forcément, beaucoup d'images atroces défilaient dans ma tête.

— Matthieu a été renversé par une voiture... Je suis désolée...

En moins de cinq minutes, on était installé dans la voiture. J'étais bouleversé mais apparemment moins qu'Anne.

— Je suis désolée..., répéta Anne pour la énième fois.

Cette sollicitude m'intrigua de plus en plus. M'avait-elle caché quelque chose de plus grave le concernant ? Avait-elle eu plus de nouvelle qu'elle n'en avait dite ?

— Dis-moi tout car je sens que tu me cache quelque chose.

Elle évita de croiser mon regard. Je compris tout de suite qu'elle avait fait quelque chose. Mais quoi ?

— Je... C'est de ma faute ce qui arrive à Matthieu.

J'esquissai un sourire forcé, retenant ma respiration.

— Comment peux-tu être responsable de son accident ?

— Je lui ai tout raconté.

— Comment as-tu osé ?

Je retirais mes mains des siennes. J'avais eu confiance en Anne et j'apprenais qu'elle m'avait poignardé dans le dos. Elle était censée me protéger comme une grande sœur. Pas me faire ce genre de coup.

— Je ne supportais pas de te voir abattue, n'ayant plus goût à rien et te cloitrant chez toi. Et Matthieu était dans le même cas que toi. Vous êtes amoureux et sans l'un pour épauler l'autre, vous n'êtes plus que des loques humaines. Si tu l'avais vu Reina. Il était dévasté. Il n'avait plus goût à rien, il ne souriait plus. Son père et lui sont des clients très proche de moi, je sais bien que c'est une boule d'énergie en tant normal. Mais là... Ce n'était plus le Mathieu que je connaissais. Je pensais faire bien en lui disant cela.