52 - Liana - La lettre

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Liana,

Je suis désolé de te l'annoncer comme ça, mais je n'avais pas de temps à perdre et je sais que tu aurais essayé de me faire changer d'avis. Je suis probablement en train de faire une bêtise, mais ça ne t'étonnera pas, tu sais que j'en fais souvent.

J'ai appris qu'Ella avait été capturée par la Cité et qu'elle est torturée en ce moment-même. Rassure-toi, j'ai ouvert les yeux, j'ai compris qu'elle se servait de moi. Il m'aura fallu longtemps pour le voir, malgré tes efforts. Mais ça n'empêche que je ne supporte pas l'idée qu'elle souffre. Elle comme n'importe qui d'autre. Si elle a fait des choses qui méritent d'être punies, alors elle doit être jugée, mais personne ne devrait être torturé.

Je sais que je n'ai aucune chance de pouvoir lui venir en aide, mais je dois essayer, c'est le seul moyen pour que je parvienne à apaiser ma conscience. J'ai fait tellement d'erreurs, Liana... Trop de personnes ont souffert à cause de moi, j'ai besoin de faire mon maximum pour que ça s'arrête. Si Alice est morte pour une de mes idées stupides, je peux au moins m'assurer que sa sœur ne paye pas non plus pour mon abandon. Toute cette situation est de ma faute, si je ne l'avais pas laissée seule... Elle ne serait probablement pas en danger.

Je n'ai rien dit à personne, parce que c'est contraire à toutes les lois de James Williams de sortir de l'enceinte de la Société sans autorisation, mais je t'en informe quand même, au cas où je ne reviendrais pas, pour que tu saches ce qui m'est arrivé. Partir sans rien te dire, ça aurait été t'abandonner comme Ella l'a fait quand vous aviez treize ans, et je ne veux pas te faire souffrir comme elle l'a fait. De toute façon je compte bien revenir au plus vite.

Pourrais-tu expliquer la situation à Alex s'il te plaît ? Je lui fais entièrement confiance et j'aurais aimé lui adresser une lettre mais je manque de temps et je ne sais pas où il habite. De même si jamais tu parvenais pour je ne sais quelle raison à joindre Rachel. Elle m'en voudra sûrement comme cela doit être ton cas actuellement, mais elle mérite elle aussi d'être mise au courant.

En attendant ne t'inquiète pas trop pour moi, tout le monde a beau me trouver un peu naïf, la Cité reste mon pays d'origine, c'est là que j'ai grandi donc je la connais bien. Je vais revenir, promis.

À bientôt,

Newt

Je restai immobile à fixer la feuille de papier, la respiration sifflante. Même avec la preuve entre les doigts, je peinais à réaliser. La simple idée qu'Ella puisse se faire capturer me paraissait incohérente. Pour moi, elle avait toujours été un exemple de liberté, capable de s'en sortir de toutes les situations en tirant parti ce qui était à sa disposition, même si ça devait blesser des personnes au passage. Mais elle ne pouvait pas être contenue ou enfermée, elle était mentalement trop forte.

Si Newt était parti la chercher... Non, c'était impossible. Cela devait être une blague de très mauvais goût. Pourtant, force m'était de reconnaître que l'écriture de la lettre était la sienne, la même que celle des schémas qu'il gribouillait parfois pour m'expliquer les cours que je ne comprenais pas.

Si c'était vrai, alors c'était comme si mon ami était mort. Même avant de devoir affronter les soldats qui garderaient la brune, il allait devoir la localiser, ce qui était impossible. Survivre une simple journée seul dans la Cité était dit infaisable...

Après, c'était vrai qu'il y avait passé son enfance, il devait connaître cet endroit mieux que quiconque. Mais à en croire les cartes le pays était gigantesque, comment espérait-il explorer tout ça ?

Je froissai la lettre entre mes mains tremblantes. Un nouvelle fois, Ella était parvenue à toucher à mon quotidien. Je rentrerais sûrement dans son jeu mais je n'avais pas le choix. Je ne pouvais pas laisser Newt mourir pour elle.

MarquésWhere stories live. Discover now