48 - Liana - Confiance

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Mon poing frappa trois coups secs sur le bois sombre, et je patientai. Je tâchai de contrôler un maximum ma respiration pour me calmer, mais mon cœur battait à tout rompre et mes mains étaient moites. La voix familière de ma grand-mère m'invita à entrer, et je poussai la porte avant de la refermer derrière moi.

La dirigeante de la Société était assise à son bureau, me fixant de son regard perçant, et je déglutis. Ce n'était jamais bon signe quand elle me convoquait ainsi... Je me demandais ce qui l'avait fait m'appeler d'urgence alors que je venais toujours passer un moment en sa compagnie le weekend. Si ça n'avait pas été important, elle me l'aurait dit à ce moment-là...

Violine finit par soupirer, et indiqua la chaise en face d'elle. Je la tirai et m'y installai. Incapable de soutenir plus longtemps les yeux marron doré de ma grand-mère, si semblables aux miens, mon regard se reporta sur mes mains qui lissaient avec nervosité ma jupe noire sur mes genoux.

- Liana... Il paraît que tu as été vue utilisant ton pouvoir hors de la salle d'entraînement.

Je ne répondis rien, puisqu'il ne s'agissait pas d'une question. Si elle avait voulu me voir, elle devait être certaine de cette information, et nier ne m'avancerait à rien. Je gardai un air impassible, bien que la colère s'était mise à bouillonner en moi. Thomas... Il ne cesserait donc jamais de me contrarier ?

- Qui m'a vue ? finis-je par demander, ma grand-mère semblant décidée à attendre ma réaction pour poursuivre.

- Ça ne s'ébruitera pas, ne t'inquiète pas. C'est Makier qui t'a vue, il ne le répétera pas.

Je grimaçai intérieurement. Ainsi donc, Thomas n'avait pas été en parler ? Ça m'étonnait de lui. Enfin non, peut-être pas tant que ça. Il attendait sans doute le retour de sa chérie pour décider quoi faire de cette information.

Quant à Makier, j'avais beau savoir que Violine lui accordait toute sa confiance, ce n'était pas mon cas. Déjà parce qu'il était l'un des trois lieutenants de l'armée faiblarde de la Société, et que sa présence était par conséquent plutôt intimidante. Mais je n'avais jamais perçu autour de Samantha et Kylian, ses collègues, la même noirceur qui régnait en lui. Et je m'y connaissais en matière d'obscurité.

- Tant mieux, concédai-je, car je savais que c'était ce que ma grand-mère voulait entendre.

- Il faudra que tu fasses plus attention la prochaine fois. Si quelqu'un d'autre t'avait vue... J'aurais été obligée de te punir, et j'aimerais éviter un scandale.

Je croisai son regard où transparaissait son inquiétude, et acquiesçai. Elle me sourit. J'aimais beaucoup quand elle le faisait, car à cause de ses fonctions ce n'était pas souvent le cas. Il n'y avait qu'avec moi qu'elle se permettait d'être pour un moment simplement ma grand-mère et pas la dirigeante de la Société. Je savais que ses responsabilités pesaient très lourd sur ses épaules, et l'âge n'arrangeait pas les choses.

J'aimais énormément Violine. Après tout, elle était toute la famille qui me restait... Le seul problème était que malgré mes efforts elle faisait toujours autant confiance à cette manipulatrice d'Ella, ce qui ne me plaisait pas beaucoup. J'avais fini par cesser d'essayer de lui ouvrir les yeux. Un jour la vérité ressortirait forcément...

- La prochaine fois ? finis-je cependant par relever avec étonnement. Tu veux dire que tu me donnes l'autorisation d'utiliser mon pouvoir même si je suis encore mineure ?

Ma grand-mère soupira puis me sourit.

- Tu n'es plus très loin de tes dix-huit ans, et je sais que je peux te faire confiance pour ne pas faire de bêtises. Tu n'es plus une enfant. Mais si quelqu'un te prend sur le fait, je nierai, évidemment. J'espère que tu comprends ? Je ne peux pas permettre que mon autorité soit remise en doute en favorisant publiquement ma petite-fille adorée.

MarquésWhere stories live. Discover now