49 - Newt - Mensonges

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J'étais fatigué de mentir. J'avais l'impression que depuis mes treize ans, ma vie se résumait à ça. D'abord à propos de ma Marque, puis de l'activité illicite de ma tante dans notre appartement.

En rencontrant d'autres personnes comme moi, j'avais cru naïvement que je n'aurais plus rien à cacher. Et pourtant je n'avais fait qu'enchaîner les mensonges depuis mon arrivée. À propos du code. À propos de Nick dont Ella m'avait demandé de ne parler à personne. À propos de mon Habilité. Et maintenant, j'avais en responsabilité de ne pas trahir Rachel et de jouer les espions pour elle et son kidnappeur. Ma vie n'avait aucun sens...

Plusieurs fois j'avais envisagé de me confier à Liana. Je savais qu'elle me comprendrait, de la même façon qu'elle m'avait pardonné toutes mes bêtises dont dont elle était au courant.

L'embrasser avait été l'une d'elle. J'avais eu peur qu'après ça elle s'éloigne mais... Non, pas du tout. Elle avait été d'une extrême compréhension. Elle savait que je ne m'étais pas encore habitué à ce monde où les sentiments étaient monnaie courante et où il n'y avait pas besoin de les cacher. En tout cas, elle s'était assurée que ce baiser ne représente rien de plus pour moi que pour elle, et ça ne semblait pas être le cas. J'avais du mal à bien cerner mes émotions, mais je n'avais pas l'impression de ressentir pour elle quelque chose qui ressemblait à l'amour comme elle avait essayé de me le définir.

J'avais pensé avoir un avantage pour comprendre ce type de chose abstraites par rapport à Rachel ou Quentyn par exemple, qui avaient vécu dans des familles d'Immaculés. Moi, ma mère m'avait aidé à apprendre très tôt à reconnaître des émotions comme la colère, la joie ou la déception, pour que je sache les cacher en public. Mais l'amour était trop compliqué.

Je comprenais que l'amitié était le fait de rechercher la présence de la personne, de se sentir bien avec elle. C'était ce que je sentais avec Liana, elle était ma meilleure amie. Rachel... Plus difficile à dire. Le besoin de la voir et la confiance que je lui accordais ne semblait pas prendre de source dans notre histoire commune quasi inexistante. Au fond, je n'avais passé que très peu de temps avec elle.

L'amitié que je ressentais pour elle était beaucoup plus profonde que celle qui me liait à tous les autres, mais je n'arrivais pas à expliquer son origine.

Quant à Ella... Je ne savais plus quoi penser d'elle, encore moins qu'avant. J'avais beau enfin avoir ouvert les yeux, au fond de moi j'espérais encore qu'elle allait surgir de nulle part pour expliquer son comportement et prouver son innocence.

J'avais une tendance à chercher des raisonnements logiques partout, et je n'en voyais aucun dans le comportement que Blake et Rachel prêtaient à la brune. Après, je savais aussi que je pouvais être assez naïf parfois... J'avais du mal à voir le mal chez les personnes que j'appréciais même quand j'en avais la preuve sous les yeux.

- Newt ? Est-ce qu'on pourrait parler ?

La voix étouffée de Quentyn me tira de mes pensées et je me levai de ma chaise de bureau pour aller ouvrir la porte de ma chambre. À ma surprise, le garçon paraissait tendu et ses yeux étaient rouges, signe qu'il avait dû pleurer.

- Qu'est-ce qu'il y a ? demandai-je, soudain inquiet.

- Je peux entrer ?

J'acquiesçai et m'écartai pour le laisser passer, puis refermai la porte. J'allai m'asseoir en tailleur au bord de mon lit et lui fit signe de faire de même. Le roux s'avança d'une démarche hésitante et prit place sans me regarder, l'air gêné.

- Alors, qu'est-ce qui t'arrive ? lui demandai-je à nouveau.

- Je... J'ai plusieurs choses à t'avouer.

MarquésWhere stories live. Discover now