13 - Rachel - Libération

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DEUXIÈME CONFIGURATION
Un dérèglement survient

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Mon sommeil me fut arraché d'un coup et je me redressai en sursaut. J'étais incapable de dire ce qui avait bien pu me réveiller mais pourtant ça devait être quelque chose d'assez bruyant.

Lorsque mon rythme cardiaque se fut légèrement calmé et que je me fus convaincue que j'avais rêvé, et essayé de me rendormir sur le petit lit dur, un énorme boum ! me fit crier de surprise.

Je regardai autour de moi, mais rien n'avait bougé : toujours le même lit, le même bureau et la même chaise, les mêmes murs blancs immaculés et la lumière émanant de partout à la fois et qui semblait rendre toute ombre impossible. Je m'approchai de la porte et y collai mon oreille. Des pas précipités dans le couloir. Quelqu'un courait. Décidément, quelque chose ne tournait pas rond.

Je me mis à frapper de mes poings contre la surface blanche en criant de m'ouvrir. On m'ignora, mais je ne perdis pas espoir pour autant. J'espérais de tout mon cœur que quelqu'un était là pour me libérer.

C'était complètement irrationnel, je sais. Mais pourtant au fond de moi, je souhaitais que Newt se souvienne de ma petite personne et puisse faire quelque chose. Comme s'il y avait eu quoi que ce soit de plus entre nous que quelques paroles avant que je sois emmenée. Mais même... J'avais l'impression que quelque part, c'était comme si nos destins étaient liés d'une certaine manière. Au fond, je savais, que ça avait beau avoir été la première fois que nous nous adressions réellement la parole, ce ne serait pas la dernière.

Même si j'étais terrifiée à l'idée qu'il puisse se mettre en danger pour moi.

Ou peut-être était-ce simplement le délire d'une folle claustrophobique qui rêvait de s'échapper. Il faut dire que voir ces murs à longueur de journée sans même avoir un moyen de savoir quelle heure il était, ça aurait brisé le courage de n'importe qui.

Mais la porte ne s'ouvrit pas, et mes poings me faisaient souffrir. Je m'adossai au panneau et me laissai glisser jusqu'au sol.

Je ne pleurai pas.

Je ne me décrivais pas moi-même comme une personne forte ou courageuse. Pourtant je ne laissai pas paraître beaucoup mes émotions, par peur sans doute de me faire remarquer pour déviance, depuis qu'elles m'étaient venues une à une : d'abord la colère, ensuite la peur, la tristesse et l'amour simultanément. À croire que ces deux-là étaient inséparables.

J'aimais mes parents et j'aimais ma sœur. J'aimais aussi ma meilleure amie, Cheryl. Mais aucun d'eux ne me le rendait, et ce n'était pas leur faute, j'étais la seule à comprendre ce sentiment. Si j'avais demandé à ma famille s'ils m'aimaient, ils auraient répondu quelque chose du genre : "Tu veux dire si nous sommes fiers de toi ? Oui, bien sûr." Mais l'amour, ce n'est pas seulement être fier de quelqu'un.

Je jetai un coup d'œil distrait à une feuille qui était tombée près de là où j'étais. Je me penchai pour la ramasser et relu les premières lignes. Elles me firent frissonner. J'avais fixé ces lignes si longtemps qu'elles s'étaient imprimées dans ma mémoire. Si seulement ça avait aussi été le cas de mes cours à l'Académie, j'aurais eu beaucoup moins de mal à suivre... Quoique de toute façon, je n'y remettrais sans doute jamais les pieds.

L'horreur de vivre tout le restant de ma vie enfermée dans ce lieu me força à replonger dans ma lecture. Même ça me paraissait plus agréable.

- Dégage, s'écria Dany avec colère. Elle a dit qu'elle ne voulait pas te parler alors dégage.

Les trois garçons, bien plus grands et plus forts que lui, le dévisageaient avec incrédulité.

MarquésWhere stories live. Discover now