Chapitre 50 - Partie 2/2

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Je fermai la porte sans attendre et me retournai vers le salon. Aly tenait sa tête entre ses mains, le regard au loin, et mon père l'observait, l'air pensif.

— C'était quoi le but de la manœuvre ? s'enquit-elle.

J'avais cru comprendre qu'il était question qu'elle parte en maison de repos, mais j'ignorais encore réellement pourquoi et quels étaient les risques à refuser. Mon père prit une grande inspiration avant de lui répondre.

— Tes résultats ne sont pas bons. Tu es anémiée, tu es en hypotension, ta glycémie était à la limite d'être trop basse et le questionnaire que je t'ai fais remplir confirme mes doutes, bien que les symptômes ne soient pas très visible, mais tu souffres de ce qu'on appelle un ESPT, c'est un...

— Etat de stress post-traumatique, continua Aly. Je sais ce que c'est et j'en connais les symptômes et les effets. Vous avez demandé mon dossier médical à ma mère ?

Bien que cela fut posé sous le ton d'une question, elle semblait plus l'affirmer que le lui demander réellement. Il acquiesça simplement à sa question, l'air désolé.

— Je ne voulais pas le faire dans ton dos, mais je l'ai fait quand elle t'a rendu visite. Elle m'a fait transférer ton dossier et je l'ai parcouru. Je voulais en parler avec toi. Est-ce que tu acceptes que Matthieu soit là ? C'est en principe quelque chose de confidentiel, c'est à toi de décider.

— Oui, j'accepte, répondit-elle sans m'adresser le moindre regard.

Mon père se contenta d'acquiescer et je m'approchai d'eux, m'installant cette fois-ci sur la chaise que son père venait de quitter pour faire au mieux face à mon père et à Aly.

— Est-ce qu'il était au courant ?

Elle se contenta de nier et par là-même de confirmer ma pensée, jamais elle ne m'avait tenue au courant de cela. J'avais été au courant de son accident de voiture et j'en avais vu les cicatrices sur son corps, mais tout ce dont ils avaient parlé plus tôt ne m'évoquait absolument rien.

— Après l'accident tu as d'abord été en centre de rééducation pour tes multiples liaisons avec un suivi psychologique pendant presque 1 an. Suite à quoi, sur demande de tes parents et contre ton avis, puisque tu étais mineure, tu as été placée en maison de repos psychiatrique où tu es restée près de 7 mois.

— Sur demande de mon père, se contenta-t-elle de rectifier.

— Tu as eu un traitement médicamenteux qui s'est prolongé jusqu'à trois mois en suivant. Tu as été encadrée dans le cadre d'un suivi d'ESPT engendrant une sous-alimentation et une quasi-absence de sommeil. Quelques mois après tu es venue emménager avec ton père ici et tu as arrêté tous tes suivis.

J'entendais et je comprenais tout ce que mon père était en train de dire, pourtant, j'avais l'impression que c'était irréel. Je ne pouvais pas ignorer tant de choses à son propos, surtout après avoir vécu et échanger avec elle ces derniers mois. Nous avions abordé de multiples sujets. Et puis un de ces sujets me revint à l'esprit. Le soir où je l'avais rejoint à son travail de nuit, elle m'avait avoué la vraie raison de son attachement initial à moi : elle avait envie de courir à sa perte et avais espéré qu'à force, j'aurais raison d'elle. Cela témoignait de son instabilité à l'époque que je n'avais pas été capable de déceler. Tout comme le malheur qui l'accablait aujourd'hui.

— Mon idée initiale, ce soir, était de voir avec toi si tu pouvais envisager d'accepter de te rendre dans un centre de repos. J'ai d'abord pensé que ton père parviendrait à te convaincre. Sauf que j'ai discuté avec lui avant que l'on ne monte et j'ai compris que ça n'arriverait pas quand j'ai compris comment il voyait la situation. Maintenant, je pense que tu as saisi l'occasion de dire à ton père ce que tu pensais vraiment et que ça te libère d'un poids. Est-ce que je me trompe ?

Souviens toi !Where stories live. Discover now