Chapitre 3

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Un drôle de soulagement s'empara de moi, sans que je ne sache en déterminer la raison, avant de laisser place à de l'impatience que je tus dans un premier temps.

— Désolée pour le retard, j'avais un petit rendez-vous, me confia-t-elle.

— C'est rien, répondis-je indifféremment. C'était quoi ?

Ma question sembla la surprendre mais elle s'avançai un peu plus, s'apprêtant à répondre. Ce n'était que la troisième fois que je la voyais, bien que nous ayons pu être proche avant tout cela, alors je me sentais presque obligé d'être poli avec elle. Même si je savais que cela ne durerait pas. J'avais compris la veille au soir, en attendant l'appel de Julia qui n'était jamais arrivé, qu'Aly était le seul lien qui me rattachait à ma vie d'avant pour le moment, et surtout, que j'avais envie de lui faire payer le prix de ma perte de mémoire. J'essayais parfois de me contrôler, d'essayer de la voir telle qu'elle était mais cela était compliqué.

— Une radio. Tu vas bien ? enchaîna-t-elle.

— Mieux qu'hier, je suppose.

Elle s'assit sur le même fauteuil que la veille, les mains croisées sur son ventre plat.

— Tu veux parler de quoi aujourd'hui ?

— Je vis où ? demandai-je.

— Tu vis dans un appartement pas très loin d'ici, c'est le tien d'ailleurs, pas très loin de celui de ton père.

­— Je vis seul ?

— Oui, depuis bientôt deux ans, répondit-elle.

— Et toi ? ne pus-je m'empêcher de demander.

Elle parût surprise par ma question et haussa les épaules.

— Chez... Je vis chez Julia, jusqu'à la fin de son voyage.

­— Comment ça ? m'enquis-je, surpris.

— C'est compliqué, répondit-elle doucement.

Devant sa mine déconfite, je repris sur mon sujet de base, en fixant à nouveau le plafond immaculé qui m'aidait à imaginer.

— Il est comment mon appart ? enfin, tu y es déjà allée ?

Suite à son silence, je tournai la tête pour vérifier qu'elle était toujours là et la découvris soucieuse, les yeux dans le vide avant qu'elle ne réponde malgré tout.

— Il est plutôt grand, et décoré avec goût. Je ne sais pas vraiment comment t'expliquer, si tu veux demain je te ramènerai des photos.

— Donc tu y es déjà allée ? répétai-je impatiemment.

— Oui, plusieurs fois.

— Avec nos amis communs ?

— Avec nos amis communs, confirma-t-elle.

Je n'ajoutai rien, fermant les yeux quelques secondes pour chercher un sujet de conversation. Au bout de nombreuses minutes, je trouvai un sujet.

— Hier, tu as dit que j'avais arrêté le lycée. Pourquoi ?

— Tu ne supportais plus le moule dans lequel cela t'enfermait et tu préférais entrer dans la vie active. Tu as trouvé un travail de mécanicien dans un garage donc tu as lâché les études.

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