Chapitre 23

54 8 0
                                    

— Oui oui très bien... Au moindre souci je t'appelle, soufflai-je avant de raccrocher.

Reposant mon téléphone sur le bar de la cuisine, je reportai mon attention sur Aly, concentrée sur un dossier, assise en tailleur au sol, adossée au canapé. Comment trouvait-elle la patience, la motivation et la force de travailler avec tout cela ? Sentant certainement mon regard sur elle, elle finit par me regarder, un peu surprise.

— Qu'est-ce qu'il y a ?

— Non, rien... Je... Tu as parlé de quelque chose à Julia ? me rattrapai-je.

— Non, pourquoi ? Elle t'a dit quelque chose ?

Je secouai la tête de gauche à droite avant de la rejoindre dans le salon, m'asseyant sur le canapé, près d'elle.

— Elle ne m'a rien dit mais je pensais que tu lui aurais expliqué que...

— Je ne l'ai jamais mêlée à ça, me coupa-t-elle gentiment. Tu consommais, ça n'était un secret pour personne, mais de tout ce qu'il s'est passé, elle ne le sait que depuis cet été, quand... tout ça m'a dépassée. Alors je ne compte pas non plus la mêler à ce qu'il se passe, quoi que ce soit. L'y mêler c'est lui faire courir un risque.

— Et moi je t'y ai mêlée, soufflai-je simplement.

— C'est plus compliqué que cela... Et puis ce qui est fait est fait, mais il faut qu'on trouve une solution, répondit-elle en refermant son livret pour le déposer sur la table basse.

Un soupir m'échappa avant que je ne me passe une main sur le visage. Dans quel bordel nous avais-je plongés ? Et quelle solution s'offrait à nous ?

— On va aller voir la police, déclarai-je simplement peu envieux de réellement le faire.

— Tu sais ce que tu risques Matthieu ?

— Toujours moins que toi si on continue comme ça... Mais dis-moi ce que j'encours ?

— Tu ne peux être inculpé que pour usage et acquisition de stupéfiants c'est 7500 euros d'amende et jusqu'à 1 an d'emprisonnement, possiblement avec sursis, récita-t-elle.

— Tu es déjà bien informée, constatai-je. Et toi tu n'encours rien ?

— Avec son petit manège je peux être déclarée complice du trafic de stupéfiant, souffla-t-elle déconfite.

C'était absolument absurde. Je me relevai avant de m'avancer dans la pièce pour me retourner vers elle. C'était totalement insensé, comment pouvait-elle être punie alors qu'elle n'avait absolument rien fait ?

— Mais pourquoi... je ne comprends pas comment tu peux être coupable de quoi que ce soit ! Ils ont voulu te tuer, ils t'ont agressée, ils sont venus cambrioler ici, ils ont menacé de te faire du mal et...

— Sauf que tout ça Matthieu, on est que quelques-uns à le savoir. Je n'ai rien signalé, ni l'agression, ni le cambriolage, ni le vol de ma carte. Ils ont mes empreintes sur des sachets de drogue et mon argent qui leur est versé très régulièrement... 

Une fois encore elle avait pensé à tout et j'étais là comme un con, responsable de tout ce qu'il s'était passé, incapable d'apporter la moindre solution pour la sortir de la situation dans laquelle je l'avais mise. J'étais prêt à faire 1 an de prison si c'était le prix à payer pour lui sauver la vie et arrêter de ruiner son existence. J'attrapai ma veste et l'enfilai rapidement.

­­— Qu'est-ce que tu fais ? s'enquit-elle.

Sans réponse, je pris la direction de la porte mais elle me rattrapa pour me barrer la route. Je parvins à mettre la main sur la poignée de la porte mais se refusa à bouger.

Souviens toi !Where stories live. Discover now