Chapitre 30

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­Quand mon téléphone sonna, laissant apparaître le prénom d'Aly sur l'écran, mon cœur s'emballa. J'étais à peu près certain de la raison pour laquelle elle appelait et pourtant, je me surpris à espérer que ce ne soit pas le cas.

— Allo ? tentai-je.

— Il a appelé, souffla-t-elle.

Je restai silencieux quelques secondes. Nous avions fini de récolter l'argent le matin même, cela nous retirait un poids des épaules. Maintenant, il allait falloir qu'elle se confronte à lui, seule à seul, et ça elle le redoutait certainement autant, si ce n'était plus, que moi.

— C'est pour quand ? m'enquis-je.

— Dans vingt minutes.

J'acquiesçai en silence, sentant mon téléphone vibrer contre mon oreille. Un coup d'œil à l'écran et j'aperçus le message de Maxime m'informant qu'il était devant le garage. Je vérifiai rapidement, surpris de sa rapidité, avant de répondre à Aly.

— Ça va bien se passer, d'accord ? On sera juste à côté et on entendra tout.

— Je sais, souffla-t-elle après quelques secondes de silence.

— Je suis désolé pour tout ça, finis-je par lui glisser.

— Tu t'excuseras ce soir..., répondit-elle.

Je savais ce qu'elle était en train de faire : elle essayait de se persuader qu'elle serait encore là le soir même. Pour moi ça ne faisait pas de doute, elle ne courrait pas à la mort.

— Je m'excuse maintenant, et je m'excuserai ce soir. Et demain. Et après-demain.

— Alors à tout à l'heure, glissa-t-elle avant de raccrocher.

J'informai simplement Georges du fait que je devais y aller, et rejoignis Maxime dans une fourgonnette bleu marine. Il me fit monter à l'arrière de celle-ci, non vitré, avant de démarrer pour rejoindre le lieu de rendez-vous, ne m'adressant que quelques brefs mots et m'indiquant simplement où se tiendrait le rendez-vous. Il finit par se garer, face à la terrasse d'un café, avant de me rejoindre à l'arrière du véhicule. Il sortit un ordinateur assez épais et deux casques qu'il brancha à l'ordinateur.

— Elle a installé le micro avant de quitter le bureau. On a testé là-bas, à priori il fonctionne. Je connecte le tout pour vérifier si ça fonctionne encore. Dans tous les cas nous pourrons entendre leur échange qui a lieu dans un recoin de la ruelle juste à gauche. Bien sûr il n'a pas choisi un cul de sac afin de pouvoir s'enfuir, au cas où.

Silencieux, je me contentai d'écouter ce qu'il avait à me dire, mettant sur mes oreilles l'un des casques qu'il me tendait. Au bout de longs instants, nous finîmes par entendre des bruits d'environnement et je le questionnai du regard.

­— Ça fonctionne encore, m'informa-t-il, je lui dis.

Dans la seconde suivante, il attrapa son téléphone pour envoyer un message à Aly. Mon cœur était anormalement affolé en cet instant. Un coup d'œil à mon téléphone le fit s'accélérer un peu plus. L'heure du rendez-vous approchait dangereusement...

— J'y suis, souffla-t-elle.

A cet instant, je relevai le regard pour regarder discrètement par le pare-brise. J'aperçus sa chevelure blonde un peu plus loin, pénétrer dans la ruelle, peu serein. L'entendre sans voir ce qu'il se passait, sans voir qui était là, sans voir ce qu'elle allait vivre faisait naître une horrible frustration. Elle était si près de moi, je l'entendais, et pourtant je ne pouvais pas l'aider ou la protéger. Je jetai un coup d'œil à l'écran de Maxime laissant apparaître l'enregistrement en cours, manifestement.

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