Chapitre 44

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Son regard trahissait de la colère, de la peine et du soulagement. Mais déjà les gens autour de nous s'étaient retournées. Rapidement, un homme nous rejoignit et me regarda quelques secondes avant de regarder Aly.

— Tout va bien Aly ? demanda-t-il simplement.

— Je veux qu'il sorte, répondit-elle.

Je m'étais attendu à tout sauf à cette réaction. J'aurais voulu qu'elle ne prononce pas ces mots, mais déconcerté, je me sentais incapable de trouver des contre-arguments à sa demande.

— Attends, j'ai un cadeau..., commençai-je.

— J'en ai rien à foutre de ton cadeau, tu peux le garder, répondit-elle d'un ton tranchant.

— Aly, je suis désolée, répondis-je.

Notre scène avait l'air de passionner tout le monde et j'étais celui qui faisait face à tous les regards. Beaucoup semblaient juger ce qu'il se passait en cet instant. Mais ils ne savaient rien ! Ou peut-être que ce qu'ils savaient était suffisant. J'étais le seul responsable de ce qui m'arrivait et j'étais forcé de reconnaître que je méritais sa réaction, si ce n'était pire. Alors que celui qui avait couru à sa rescousse s'apprêtait à me demander de m'en aller, je m'avançai un peu plus vers Aly, ce qui l'alerta.

— Je veux juste te parler Aly... Je te promets qu'après je m'en irai si tu le souhaites encore mais...

— Ok, répondit-elle.

Surpris par sa réponse soudaine, je restai planté sur place tandis qu'elle reprenait son avancée pour quitter la pièce. Quelque chose me laissa deviner que le regard des autres et leur curiosité malsaine était principalement ce qu'elle cherchait à fuir en m'accordant cette entrevue. Elle sembla rassurer d'un mot ou d'un signe de tête l'homme qui avait failli me faire sortir puisqu'il ne nous suivit pas dans le couloir. Elle avança sans cesser de me devancer, tandis que je la suivais dans la direction du hall d'entrée.

— Tu vas encore loin comme ça ? tentai-je doucement.

— Tu devrais me remercier, je te rapproche de la sortie, répondit-elle sans même s'arrêter.

J'accélérai le pas pour la rattraper, glissant ma main autour de son bras. Elle s'arrêta instantanément avant de simplement tourner la tête vers moi.

— Evite de faire ça.

J'avais failli lui faire perdre l'équilibre et face à son ton aussi autoritaire, je me contentai de retirer mon bras. Je ne la connaissais pas comme ça et je regrettai d'avoir à expérimenter cette Aly-là qui semblait tout sauf commode. Et à en juger par mon caractère et mon état de fatigue, j'avais peur de vite monter dans les tours et m'emporter en cet instant, même si je m'efforçais encore à peser chaque mot et chaque geste. Une fois dans le hall, elle passa les portes de sortie automatiques, vêtue comme à l'intérieur. Je réalisai que les deux collègues de mon arrivée avaient disparues entre temps.

— Il fait froid, l'informai-je.

— Je sais encore ce qu'est la météo, répondit-elle amèrement.

— Prend ma veste, ajoutai-je en m'approchant pour lui déposer mon manteau sur les épaules mais elle refusa d'un signe de tête.

— Je t'écoute.

Pris de court, je réalisai que je n'avais en réalité pas grand-chose à lui expliquer en cet instant... Il n'y avait aucune explication plausible à mon absence et à mon silence, et des excuses ne suffiraient pas, j'en étais maintenant certain face à son ton.

Souviens toi !Where stories live. Discover now