Chapitre 45

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— T'as l'air ailleurs, tentai-je doucement.

— Peut-être parce que je n'avais pas le moins du monde envie d'être là avec toi ce soir ? Je passais une bonne soirée jusqu'à ce que t'arrive.

— Ecoute Aly, je suis désolé d'accord ? Je n'aurais pas du...

— Non tu n'aurais pas du ! Mais c'est toujours la même chose avec toi. Tu agis mal puis tu t'excuses, tu agis comme un con puis tu reviens pour t'excuser, pour me dire ô combien tu es désolé. Et dans ta tête tu te dis que si tu t'excuses, tout est réglé. Et qu'à partir du moment où tu t'es excusé, si moi je refuse tes excuses, c'est de ma faute, c'est que je n'y mets pas du mien. Mais la vérité Matthieu c'est que j'en peux plus, je suis à bout. Et à chaque fois t'y remets du tien, à chaque fois t'en remets une couche et tu te dis que cette fois encore, ça finira par passer. Mais j'ai pas envie. J'ai plus envie.

Elle avait raison, du début à la fin, du moins aussi loin que je m'en souvenais. Pour autant, je ne comptais pas me laisser abattre. J'étais là pour me racheter, j'étais venu ici pour m'excuser et pour réparer mes conneries, celles qui étaient réparables.

— J'ai flippé, répondis-je simplement.

Elle me regarda incrédule alors qu'une serveuse déposait un plateau sur notre table, puis elle secoua la tête.

— T'as flippé ? répondit-elle comme si elle n'y croyait pas. Moi aussi j'ai flippé, j'ai flippé qu'il te soit arrivé quelque chose, puis je me suis demandé ce que j'avais pu faire ou dire de mal et puis j'ai trouvé.

— T'as trouvé quoi ? m'enquis-je surpris.

— Je t'ai dit que je t'aimais. C'est ça qui t'a fait fuir, affirma-t-elle.

— Oui mais...

Elle souffla un semblant de rire mais son visage trahissait une véritable colère. Qu'avait-elle fait pendant 1 mois pour se mettre en tête ces choses-là... Peut-être y avait-elle simplement pensé elle-même ? Après tout elle avait eu le temps d'y réfléchir. Un temps auquel j'avais également eu le droit mais qui m'avait paru si court et si long à la fois. Tellement que je n'étais pas bien plus avancé dans ma réfléxion à propos de cette situation.

— Mais quoi ? m'encouragea-t-elle comme si elle me tendait un piège.

— Mais j'ai pas flippé pour ce que tu pensais, répondis-je. J'ai flippé parce que...

Plusieurs fois je m'étais imaginé lui dire, lui avouer, et pourtant j'étais incapable d'aligner deux mots sur ce que je pensais, parce que j'ignorais moi-même ce que je pensais réellement.

— Parce que quoi ? demanda-t-elle, un peu piqué à vif.

Mais avant que je n'aie eu le temps de lui répondre, son téléphone posé sur la table se mit à vibrer. Elle regarda l'écran quelques secondes avant de décrocher, son regard posé sur moi, écoutant quelques secondes son interlocuteur.

— Je serai revenu à temps, ne t'en fais pas, ça ne va pas durer longtemps, souffla-t-elle avant de marquer une pause et de reprendre. Oui je suis avec lui et non il n'est pas... vraiment méchant, à tout à l'heure.

Puis elle raccrocha sous mon regard médusé malgré moi.

— C'était qui ? m'enquis-je.

Elle me regarda presque sans comprendre avant de hausser les épaules.

— Qu'est-ce que ça peut te faire ? répondit-elle.

— Ça n'a rien d'amusant Aly, c'était qui ?

Souviens toi !Where stories live. Discover now