Chapitre 29

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­Pas réellement serein, je me laissai tomber sur le canapé à côté d'elle. La pièce était plongée dans le noir et seule une musique passait en fond. Pourtant, je savais qu'elle ne dormait pas. Ma main glissa lentement jusqu'à sa cuisse, la caressant délicatement.

— S'il appelle d'ici demain, tu n'iras pas et puis c'est tout, soufflai-je doucement.

C'était son sujet d'inquiétude en cet instant, parce que nous n'avions pas la totalité de l'argent qu'elle devait verser à Pedro, et il avait été relativement clair sur l'hypothèse où elle n'apporterait pas la totalité. Elle soupira à mes mots mais resta silencieuse, et de toutes ses réactions c'était l'une de celles que j'aimais le moins. Je ne la voyais pas en détail à cause de la pénombre mais je devinais que son regard était posé sur son téléphone, de peur qu'il ne s'allume, de peur qu'il n'appelle.

— Tout va bien se passer, nous sommes du côté des gentils, et du côté de la légalité maintenant Aly, d'accord ? Tu es protégée.

— Alors pourquoi je ne me sens pas en sécurité ?

Je pris ses paroles comme une claque et pourtant, comment aurait-elle pu se sentir en sécurité alors que sa vie était menacée ? Alors qu'elle avait été dans une situation plus que précaire, délicate et dangereuse depuis des semaines entières ? Je serrai doucement sa cuisse comme pour lui montrer ma présence, pourtant, j'étais totalement impuissant face à cela.

— Est-ce qu'il y aurait quelque chose que je pourrais faire pour que tu te sentes mieux ?

— Ce n'est pas vraiment le genre de choses auquel je pense pour le moment, je me concentre sur ce qu'on peut faire pour ne pas mourir, souffla-t-elle.

L'avais-je déjà entendue aussi pessimiste ? Je me redressai sur le canapé, récupérant ma main au passage. Je me levai du canapé pour rejoindre son ordinateur qui jouait la musique en fond. J'ouvris le dossier de ses musiques et jetai un œil à la chanson la plus écoutée de sa playlist : Impossible, interprétée par James Arthur. Je l'avais déjà écoutée, plusieurs fois, et j'en connaissais le sens. Je parcourrai donc le reste des musiques, à l'affût d'une musique plus joyeuse, et étonnement la deuxième la plus écoutée fut Love me like you do d'Ellie Goulding. Alors je me souvins de la liste qu'elle avait écrite quelques temps auparavant, lorsque j'étais à l'hôpital : cette chanson y était, et elle avait écrit à côté du titre « notre chanson ». Je lançai la musique, puis, j'allumai la lumière, vérifiant machinalement que la porte d'entrée était verrouillée, avant de me tourner vers elle. Toujours allongée sur le canapé, elle me fixait, l'air dubitative. Je franchis la distance qui nous séparait et lui tendit délicatement la main. Elle la regarda quelques secondes avant d'y glisser la sienne et de se lever du canapé péniblement. Puis je reculai de quelques pas pour l'entrainer au centre de la pièce, plaçant délicatement mes mains autour de sa taille, la laissant passer les siennes sur mes épaules. Alors lentement, je me mis à me balancer d'un pied sur l'autre, la laissant faire de même. Je baissai les yeux sur son visage dont les traits s'étaient quelque peu détendu, si ce n'était attendris. Doucement, elle releva le regard jusqu'à mes lèvres, puis jusqu'à mes yeux. Ses lèvres s'étirèrent et elle finit par m'offrir un timide sourire avant de baisser les yeux. Délicatement, je vins relever son menton pour plonger à nouveau mes yeux dans les siens. Je ne faisais plus réellement attention au rythme de la musique, en cet instant, je voulais simplement la voir souriante et insouciante. D'abord hésitante, elle finit par se laisser aller, un peu plus à l'aise à l'idée de m'accorder cette danse. Au bout de longs instants, la musique se termina, laissant la suivante commencer, plus douce. Les notes me parlèrent et bout de quelques secondes, je réalisai de quelle musique il s'agissait : Bound to you, de Christina Aguilera. Je n'en étais pas fan et la seule raison pour laquelle je la connaissais, c'était que c'était l'une des favorites d'Aly. Cela m'était revenu à la simple entente des notes, des paroles, et c'était un autre des souvenirs qui me liait à elle. Avec délicatesse, elle vint poser sa tête sur mon torse, tout en continuant à se balancer d'un pied sur l'autre.

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