Chapitre 18 - partie 1/2

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Ce n'est que le lendemain matin qu'Aly et Julia me répondirent. L'une vraisemblablement plus remontée que l'autre... j'avais finis par envoyer un message d'excuse à Julia et j'avais simplement demandé à Aly si nous pouvions nous voir. Elles m'avaient répondu presque en même temps mais sans s'être concertées, je ne pouvais qu'en être certain. Le message de Julia était clair : « Je me fous de tes excuses, je veux que tu comprennes et que tu arrêtes de lui faire du mal », tandis que celui d'Aly était plus doux « Je suis ravie que tu aies eu un nouveau souvenir, dis-moi ce que tu veux faire et quand, je ferai en sorte d'être libre ». Et c'est ainsi que quelques heures plus tard, elle me rejoignait pour le déjeuner. Elle avait pris à emporter pour venir manger dans ma chambre avec moi puisque j'avais toujours interdiction d'aller me balader en dehors de l'hôpital, ce qui n'allait pas tarder à me rendre fou. Elle me tendit une boite en polystyrène jaune et en garda une sur ses genoux, assise sur le fauteuil.

— Attends, viens là, soufflai-je.

Je fis coulisser la table au-dessus du lit et pliai une jambe, laissant l'autre pendre dans le vide sur le côté du lit. Ainsi, elle pouvait s'asseoir au pied de celui-ci et manger sur la table avec moi. Elle se contenta de m'adresser un doux sourire et de s'asseoir en tailleur avant d'ouvrir sa boite qui ne contenait que des frites. Je fis de même, découvrant un kébab et des frites. J'avais l'impression qu'il y avait des siècles que je n'en avais pas mangé et l'odeur suffit à me donner faim. Je commençai à manger en silence, face à elle. J'ignorais comment aborder le sujet, comment entamer la conversation après la façon dont nous nous étions quittés... la façon dont je l'avais fait fuir quelques temps avant.

­— Alors dis-moi de quoi tu t'es souvenue ? souffla-t-elle doucement.

Sa voix ne trahissait pas une once de rancune et une nouvelle fois je me surpris à me demander comment elle pouvait à ce point encaisser depuis des mois, des années, sans jamais en vouloir à personne, en restant à ce point douce.

— Notre soirée en boîte qui a... mal tournée, répondis-je d'abord.

— Laquelle ? s'enquit-elle curieuse.

A sa question j'entrouvris les lèvres pour lui répondre et ne sut quoi dire. A vrai dire, j'étais surpris de l'entendre me poser cette question-là, me rappelant sans ménagement que ma mémoire comportait encore plus de noir que de lumière. Un soupir m'échappa alors et je haussai les épaules, l'air un peu plus ronchon.

— Alors comme ça il y en a eu plusieurs ? lançai-je renfrogné.

Elle secoua doucement la tête tout en picorant ses frites, l'air presque amusé. Qu'y avait-il de si amusant dans cette situation ? Il était clair que ce n'était pas elle qui avait perdu la mémoire.

— En fait, je crois qu'aucune de nos sorties en boite ne se sont bien terminées, m'informa-t-elle. Mais je pense que tu veux parler de celle où ça s'est terminé au commissariat ?

Je haussai les épaules, presque blessé par ses paroles. C'était assez déroutant de réaliser que j'étais encore très loin de la vérité sur mes dernières années. Je lâchai un nouveau soupir avant de me forcer à répondre. Je lui avais demander de venir ici, pour parler, et alors je ne pouvais pas me murer dans le silence en attendant qu'elle s'en aille, pour broyer du noir et essayer tellement fort de me souvenir que j'en finirais avec une migraine.

— Ouais, après un passage aux urgences, répondis-je.

Elle parût surprise un instant avant d'acquiescer. Or, le doute qui s'était emparé d'elle, le temps d'une seconde, suffit à me faire comprendre que ce n'était pas de cela qu'elle parlait. Je soupirai, une énième fois avant de terminer mon repas et de me lever du lit sous son regard un peu perdu. Cette innocence me troublait autant qu'elle me tapait sur le système dans de pareils moments.

Souviens toi !Where stories live. Discover now