Chapitre 28

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­L'eau chaude me coulait sur la tête avant de dégouliner le long de mon corps. Appuyé contre le mur froid de la paroi, je me maudissais d'avoir cherché à l'embrasser. Je n'avais pas de souvenir d'un nous existant. Peut-être n'était-ce pas si étrange pour elle, mais j'avais l'impression que tout allait changer entre nous, que rien ne serait plus comme avant. Avant quoi ? Avant cet instant ? Avant l'accident ? Plongé dans mes pensées, je du manquer le bruit de la porte de la pièce s'ouvrant. Ce n'est qu'en voyant le rideau s'écarter pour laisser apparaître sa chevelure dorée que je pris conscience de sa présence. Je la dévisageai plusieurs instants, avant de naturellement parcourir son corps nu du regard. Une cicatrice le long de sa cuisse m'interpella avant que mon regard ne revienne jusqu'à son visage. Je ne pouvais pas consciemment la comparer à celle que j'avais fréquenté, mais je savais qu'elle était différente. Pourtant, elle était encore tant désirable à mes yeux. Ses mains gagnèrent timidement mon visage avant que ses lèvres ne se scellent aux miennes, mes mains gagnant aussitôt son corps, avec délicatesse.

***

Malgré sa douceur, le réveil d'Aly me tira brutalement de mon sommeil. Son corps encore nu se décollant du mien me laissa une sensation de froid peu agréable. J'ouvris péniblement les yeux assez rapidement pour la voir quitter la chambre en enfilant un t-shirt trouvé dans la pièce. Le baiser s'était prolongé et nous nous étions retrouvés charnellement. Pourtant, plus que cela, nous avions discuté une bonne partie de la nuit. Le souvenir de mes doigts parcourant sa peau, et quelques cicatrices, délicatement, me fit sourire. Elle m'avait raconté chacune de celles que j'avais voulu connaître. Et en cet instant, j'avais l'impression que cela m'avait aidé à la comprendre et à la connaître. Je me levai, enfilant un caleçon, avant de gagner la cuisine où elle remplissait déjà deux tasses de café. En la voyant faire, je fus frappé d'un détail qui prenait toute son importance... Comment étais-je supposé lui dire bonjour ? L'embrasser ? Ne rien faire ?

— Salut, glissa-t-elle doucement. Bien dormi ?

Elle me sauva en poussant une tasse de café de l'autre côté du bar, accompagné d'un « tiens ». Sans me faire prier, je m'installai en face d'elle, presque soulagé que le comptoir nous sépare l'un de l'autre.

— On ne peut mieux, finis-je par répondre. Et toi ?

Un léger sourire éclaira son visage et il fallait reconnaître que cela était assez agréable à voir. Elle s'empressa d'avaler son petit déjeuner avant de me faire face, l'air presque dépité.

— S'il m'appelle aujourd'hui, je fais quoi ? s'enquit-elle alors.

Notre nuit m'avait presque fait oublié ce détail. Il allait l'appeler, un jour, à n'importe quelle heure, pour qu'elle vienne lui apporter 20 000 euros dont nous ne disposions pas encore. A cette pensée, je me chargeai d'attraper mon téléphone pour demander à Maxime ce qu'il en était pour l'argent. Sa réponse ne tarda pas, à croire qu'il était constamment opérationnel : « Si vous pouvez l'avoir de vous-même rapidement, faites, sinon le délai sera plus long. » Je poussai mon téléphone vers Aly qui sembla soudainement paniquée.

— La question est la même qu'avant... où est-ce qu'on va trouver 20 000 euros ? S'il appelle dans une heure, on est morts Matthieu !

Je secouai la tête doucement de gauche à droite, pour une fois que j'étais le plus calme de nous deux...

— Tu as bien dit que ta mère pouvait te l'avancer non ? Si ce n'est qu'un prêt ? Je m'engage à lui rembourser la totalité des 20 000 euros, est-ce que juste...

Sans me laisser finir, elle attrapa son téléphone sur le comptoir avant de le porter à son oreille. Je fus plus que tout surpris de l'entendre parler anglais quand son interlocuteur décrocha. Je me rappelai rapidement que sa mère ne vivait pas ici et qu'elle-même n'était arrivée que peu d'années auparavant. Je n'étais pas bilingue, mais je maîtrisais assez la langue pour comprendre ce dont il était question « twenty thousand » et « car » me mirent facilement sur la piste. Rapidement, elle s'éloigna pour gagner la chambre, toujours au téléphone. Je restai là, à contempler la porte par laquelle elle venait de disparaître... puis j'avalai mon café et me mit à trainer sur mon téléphone, machinalement. Au bout de quelques instants, elle revint, habillée et manifestement prête à se rendre au travail. J'en fus surpris, persuadé qu'elle était au téléphone avec sa mère depuis tout ce temps.

Souviens toi !Where stories live. Discover now