Chapitre 26

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Les deux jours suivant s'étaient déroulés sans embuche. Le matin je déposais Aly au travail avant d'aller à l'hôpital un jour sur deux. Le reste du temps, je le passais au garage avec Georges quasi-bénévolement, souvent en cogitant quant à nos plans pour faire tomber H, ou Pedro Rivera comme la police nous l'avait indiqué. Le soir, j'en discutais avec Aly qui était rarement d'accord avec ma façon d'aborder le problème. Elle avait fini par me faire réaliser que si j'étais celui aux plus grosses séquelles physiques de leur action, elle était celle sur qui tout retombait et qui risquait le plus. Pourtant, cela n'aboutissait jamais à rien. Alors ce jour-là, au lieu de retourner voir Georges après avoir déposé Aly, je pris un tout autre chemin. Celui de l'appartement de Guillaume. Après l'avoir appelé quelques fois et avoir sonné à son interphone un peu plus longtemps, il finit par sortir, à moitié réveillé.

— Mec, il est à peine 8 heures...

Il était vrai que j'en avais oublié l'heure matinale de l'embauche d'Aly, mais peu m'importait, j'avais quelque chose en tête.

— Ouais, mais j'ai besoin de toi.

***

Quelques instants plus tard, une fois mon plan exposé et lui habillé, il grimpa à mes côtés dans la voiture d'Aly, une paire de lunettes de soleil sur les yeux.

— Tu conduis tout du long, m'informa-t-il. J'ai encore de l'alcool dans le sang.

Un rire m'échappa à sa révélation. Maintenant qu'il l'évoquait, j'avais quelques souvenirs de nos jeudis soir souvent alcoolisés. A croire que mon absence ne l'avait pas perturbé plus que cela.

— Depuis quand tu ne me préviens plus pour tes soirées ? tentai-je pour animer l'habitacle.

— Depuis que tu ne sors plus avec nous... ça fait quelques mois déjà. Mais si tu veux, à partir de maintenant, je t'en reparlerai.

J'acquiesçai, prêt à accepter ouvertement avant de me souvenir que nous étions dans une situation relativement critique. Je me contentai de me taire, me reconcentrant sur la route qu'il m'indiquait entre deux micro-siestes. Je fis une halte dans la banque la plus proche et gagnai le distributeur automatique. Sortant mon portefeuille je me demandai rapidement si je me souvenais de mon code... Rien ne me vint, alors pour ne pas risquer de la bloquer, j'envoyai un message à Aly qui me répondit « Demande à Lilo ». Je m'apprêtais à lui répondre que je ne savais pas qui était cette personne mais j'eus la merveilleuse idée de chercher dans mon répertoire. En tombant sur la fameuse Lilo, je mis quelques instants à comprendre que son numéro de téléphone n'en était pas un. Ce contact était en réalité mon numéro de carte bancaire. Un sourire aux lèvres je finis par le rentrer et retirer près de 300 euros. Puis je regagnai la voiture.

Il nous fallut une bonne heure pour arriver sur le parking de là où je lui avais demandé de me guider. Il descendit difficilement de la voiture, il semblait souffrant de sa soirée de la veille et il fallait reconnaître qu'avec du recul et la pêche, c'était assez risible. Pourtant, je me gardai de tout commentaire et me contentai de le suivre jusqu'à la boutique pour laquelle nous avions fait toute cette route. Je suivis Guillaume qui gagna simplement la caisse avant de checker avec l'homme qui se tenait derrière.

— Tiens, Matthieu ! C'est bon de te voir sur tes deux pieds !

J'acquiesçai simplement, interrogeant discrètement Guillaume du regard quant à l'identité de cette personne. A vrai dire, je savais que cette boutique existait, que Guillaume y était lié, mais je n'avais pas grand souvenir des explications allant avec.

— Oh... C'est mon oncle, finit-il par m'informer avant de s'éloigner dans la boutique.

­— Tu vends toujours des armes de défense ? demandai-je alors.

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