Chapitre 48

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— Je te préviens, je ne ressors pas avant deux semaines, annonça-t-elle en rigolant.

Plusieurs semaines s'étaient écoulées et elle marchait encore avec ses béquilles, comme aide. L'ascension de cet escalier, encore difficile, représentait son retour à l'appartement. Pour l'occasion, je l'avais nettoyé de fond en combles, j'y avais apporté des modifications d'agencement ou de décoration dans mes multiples nuits blanches des mois passés. L'entendre rigoler était agréable, pourtant, je savais que ce n'était qu'une façade, ou un rire parmi tant de pleurs. Les semaines suivant notre visite avaient été difficiles mais elle avait un peu plus accepté ma présence.

— Jamais ces escaliers ne m'ont paru aussi longs, ajouta-t-elle en marquant une pause.

— Tu en as fait plus de la moitié, répondis-je en l'encourageant d'une main dans le dos.

Elle se contenta d'acquiescer et reprit son ascension sans broncher. Elle avait encore des séances de kiné à faire mais je n'aurais pas à poser de jours puisqu'une ambulance allait s'en occuper. Nous étions début mars et j'avais enfin touché un salaire puisque ceux des mois précédents m'avaient été avancés pour H... Je m'étais arrangé pour faire le plein de nourriture, enfin, et racheter tout ce qui nous manquait dans l'appartement. Elle aurait ainsi de quoi occuper ses journées : une télévision, des livres, des mots croisés et autre. Elle allait également bientôt pouvoir reprendre le travail depuis l'appartement puisqu'elle s'en sentait prête et que le médecin n'y avait pas vu d'inconvénient, à condition qu'elle prenne le temps de se reposer malgré tout.

Nous avions eu des nouvelles de Pauline, notre avocate, qui nous avait simplement tenus informés de simples formalités. Nous savions désormais que le procès aurait lieu dans bien longtemps. Cela avait mis un coup au moral d'Aly, je l'avais remarqué, mais elle avait refusé de m'en parler ou de m'expliquer réellement pourquoi, ni même ce qu'elle ressentait. A vrai dire, nous n'en avions jamais véritablement reparlé depuis l'une de nos innombrables prises de tête. Pire encore, nous n'avions pas échangé à propos de nos silences respectifs. Pourtant, les choses avaient changé depuis. Je ne savais même pas pourquoi son comportement avait changé comme il l'avait fait en si peu de temps, mais j'avais décidé de m'en contenté... pour le moment.

***

Il me fallut de longues secondes pour comprendre que la sonnerie que j'entendais n'était pas dans mon rêve mais bien réelle. Attrapant maladroitement mon téléphone, je décrochai sans même regarder de qui il s'agissait. Et il me fallut encore plus de temps pour comprendre ce dont il était question.

— Luc a fait une overdose.

Ces mots résonnèrent dans mon esprit plusieurs fois, jusqu'à ce que je comprenne réellement et que je me redresse dans le lit sous le regard inquiet d'Aly. Pourquoi diable Guillaume m'appelait-il à cette heure-ci pour me parler de Luc.

— Mec il est 3 heures, répondis-je après vérification sur mon téléphone, les yeux plissés.

— Je sais pas si ça a été pris à temps...

— Comment tu sais ça ? demandai-je cette fois-ci bien réveillé. Tu traînes encore avec lui ?

— Non mec, pas après ce qu'il a fait t'es fou ! Enfin... Il voulait que je le dépanne, j'ai refusé mais faut croire qu'il a trouvé quelque chose parce qu'il m'a appelé pour me dire que c'était la meilleure défonce de toute sa vie. Je lui ai dit que j'en avais rien à foutre, et puis il a plus rien dit. Alors j'ai attendu et j'ai entendu un gros fracas. Il a arrêté de répondre alors j'ai flippé. J'ai appelé les secours et j'y suis allé.

Souviens toi !Where stories live. Discover now