Chapitre 4

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Le lendemain, le réveil fut compliqué. La mémoire n'était pas revenue, mais je savais ce qu'il s'était passé la veille. Ce qui me déboussola le plus fut sa présence dans la pièce. Aly, assise sur cette même chaise, les yeux rivés sur moi. Je détournai le regard immédiatement, sans même la saluer.

— Ça va ? s'enquit-elle.

Sa douceur me surprit au plus haut point. Que lui fallait-il pour qu'elle s'énerve ? Pour qu'elle m'en veuille et soit révoltée ? Pour qu'elle refuse de revenir ? Je me raclai la gorge avant de répondre.

— Ouais, merci. Et toi ?

C'était la moindre des choses... Je savais que je devais m'excuser mais j'ignorais comment m'y prendre, quand placer mes excuses et elle ne m'en laissa pas même le temps.

— J'ai apporté les photos de ton appartement, annonça-t-elle en se levant pour s'approcher de moi.

Elle me tendit un paquet de photos grandeur A4.

— Oh merci, commençai-je. Et je voulais te dire...

— Je te laisse jeter un coup d'œil à tout ça, je reviens, me coupa-t-elle.

Sans que je ne puisse rien ajouter, elle était sortie de la chambre, portefeuille en main. Elle avait laissé ses affaires ici, une preuve qu'elle reviendrait réellement. Je me mis donc à regarder les photos qu'elle m'avait confiées, une par une, lisant chaque commentaire au dos de celles-ci. Je reconnus son écriture délicate, ses lettres arrondies, plaquant au sol tous les préjugés sur les gauchers et la calligraphie. Aucune de ces pièces ne me semblaient familières, même si quelques éléments sur les photos, sur lesquelles je me forçais à m'attarder me rappelaient quelque chose. J'étais en train de les repasser pour la troisième fois quand elle revint dans la pièce, un gobelet dans la main. Elle me le tendit et je l'attrapai en la questionnant du regard.

— Un café, long et avec une dose de vanille et de cannelle, m'informa-t-elle. C'est ainsi que tu aimais les boire.

Elle se rassit sur le même fauteuil, sans me quitter des yeux, le visage cependant impassible.

— Eh bien... merci ? tentai-je.

— Il n'y a pas de quoi, répondit-elle simplement.

Rien dans sa façon de parler ou d'agir ne prouvait qu'elle m'en voulait mais je n'avais pas eu le droit à ne serait-ce qu'un sourire depuis qu'elle était arrivée. Et cela ne lui allait pas. Son visage était tel que sans sourire, il ne dégageait plus aucune joie de vivre et ne donnait en aucun cas l'envie d'être heureux. Peut-être pensais-je cela depuis que j'avais vu cette photo sur mon téléphone où elle souriait de toutes ses dents, le visage innocent et les yeux rieurs. À bien y regarder, aujourd'hui tout semblait différent. Son regard était éteint, son visage triste et plus fin, elle semblait préoccupée constamment et ses sourires n'avaient plus rien de réellement joyeux.

— Pourquoi tu fais ça ? demandai-je finalement sans comprendre.

— Pourquoi je fais quoi ?

— Pourquoi tu te comportes aussi gentiment alors que j'agis comme un connard avec toi ?

— Parce que tout ce que je veux, c'est que tu te sentes mieux et que tu retrouves la mémoire. Et parce que, que tu le veuilles ou non, tu es... ou étais mon ami.

Souviens toi !Where stories live. Discover now