Chapitre 42

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Ma vingtaine de messages était restée sans réponse. Je n'avais pas revu Aly et je m'obstinais chaque jour à rester au garage toute la journée, puisque chaque fois que je m'étais rendu à l'accueil, on m'avait gentiment remercié. Alors je passais mes journées à bosser d'arrache-pied jusque tard le soir, autant au sein du garage que dans le bureau de Georges, guettant régulièrement mon téléphone dans l'espoir d'y voir apparaître le nom d'Aly, en vain. J'avais esquivé les appels de mon père et ceux de Guillaume. Ceux de Julia également. Je n'avais pas envie de parler à qui que ce soit, même si c'était pour avoir de ses nouvelles. Je vivais mal son rejet et pourtant, je savais que je ne pouvais m'en prendre qu'à moi-même au vu des circonstances. Quatre jours passèrent donc, les quatre jours pendant lesquels j'avais promis à Georges de le remplacer. Quatre jours sans la voir.

« Je m'inquiète pour toi Matt, tu ne réponds pas à mes appels et tu ne me rappelles pas, tu n'es jamais chez toi quand je passe, Julia n'a pas de nouvelles non plus. Où es-tu ? » disait un énième message de mon père. Cette fois-ci, tout en grimpant dans la voiture de Georges, je pris le temps de lui répondre : « Bcp de travail. ». Lui demander comment aller Aly m'avait démangé, mais je ne voulais pas savoir. Je voulais la voir, je voulais m'en assurer de mes yeux et qu'elle me le dise. Et puis ma fierté me refusait d'admettre que j'étais certainement le seul qu'elle avait banni de son entourage.

Quand je me garai en bas de chez moi, je découvris Julia assise sur les marches de l'entrée. Je n'avais pas fait attention à l'heure qu'il était mais la nuit était tombée et elle n'aurait très certainement pas dû être là à cette heure-ci.

— Hey, souffla-t-elle doucement en me rejoignant.

— Salut, répondis-je. Ça va ? Maintenant que je sais que tu es en vie et entier, oui. Où est-ce que tu étais ?

— Au travail, répondis-je en haussant les épaules. D'ailleurs, il est tard, pourquoi tu n'es pas en train de dormir ?

— Je voulais m'assurer que tu allais bien... Personne n'avait de tes nouvelles depuis plusieurs jours, on s'est inquiétés.

— Et bien sûr, vous vous êtes tous concertés dans mon dos comme d'habitude, constatai-je.

Elle soupira et secoua la tête de gauche à droite. Elle perdait manifestement patience et ma nonchalance n'y était très certainement pas étrangère.

— Oui Matthieu, parce qu'on s'est inquiétés pour toi, d'accord ? C'est la panique ces derniers temps et je comprends que ce que tu as traversé est dur mais tu n'es pas seul là-dedans, alors pourquoi t'isoler ? Pourquoi refuser de nous répondre ?

— Je t'ai déjà dit que j'avais beaucoup de travail, j'étais seul au garage ces derniers jours, n'y voit rien de personnel, répondis-je de manière lasse.

Elle ferma les yeux quelques instants, plus qu'agacée, avant d'acquiescer comme si elle s'avouait vaincue.

— Parfait alors. Si tu vas bien, c'est le principal. Tes proches, qu'est-ce qu'on en a à foutre en soi, c'est pas grand-chose hein. C'est pas du tout des gens qui se sont battus à tes côtés et qui ont essayé de te faire remonter la pente alors que tu étais exécrable avec eux et...

— Qui Julia ? Qui s'est battu avec moi ? Qui était là tous les jours pour m'aider, qui était là la nuit pour chasser mes putains de cauchemars ? À part Aly, qui était là ?

Elle avait été surprise que je me réveille, ou par mes paroles, je n'arrivais pas vraiment à le déterminer. Puis elle parût désemparée, quelques secondes du moins.

— J'espère que c'est une blague Matt. J'espère que tu ne penses pas ce que tu viens de dire. Tout ce qui t'es arrivé n'est pas une raison pour te comporter comme un gros con. De tout ce qu'il s'est passé, tu peux t'en prendre qu'à toi-même...

Souviens toi !Where stories live. Discover now