Chapitre 19

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Nous étions encore assis contre le mur, mon bras autour de ses épaules pour la maintenir contre moi, comme si ce simple geste suffisait à la protéger de tous les malheurs du monde. Pourtant, c'était loin d'être la solution. Il faudrait que je trouve autre chose et rapidement. Le silence avait fini par s'installer et ses yeux étaient fermés. En même temps, elle avait l'air tellement fatiguée que je ne pouvais pas lui en vouloir de s'assoupir en ce temps perdu. Quand la porte s'ouvrit enfin, les premières lueurs du jour commençaient à apparaître et nous nous relevâmes tous les deux douloureusement. L'homme qui venait d'ouvrir la porte fut surpris mais ne posa aucune question, nous laissant simplement passer sans rien dire. Aly récupéra son téléphone dans un recoin du comptoir et me montra son écran sur lequel apparaissaient quelques appels manqués et messages presque paniqués à coup de « T'ES OÙ ? », « SOS ALY » et « Si demain à 8h tu n'as pas donné signe de vie je vais voir la police ». Ce dernier me fit particulièrement sourire. Une fois dehors, je m'apprêtai à repartir par là où j'étais arrivée mais Aly déverrouilla sa voiture présente un peu plus loin dans la rue.

— Je te ramène ? proposa-t-elle. Ton père risque de criser...

— Ramène moi chez moi, pas à l'hôpital. Tu pourras prendre une douche et dormir. Tu ne travailles pas aujourd'hui ?

— On est samedi, non je ne travaille pas.

Je me contentai d'acquiescer et de rejoindre sa voiture avant de lui tendre la main pour lui prendre les clés. Elle me les confia sans broncher et je grimpai derrière le volant pour démarrer, la laissant m'indiquer quel itinéraire suivre pour arriver jusque chez moi. Quand j'immobilisai la voiture, elle semblait à bout de force. Nous gagnâmes mon appartement et je lu en elle une certaine crainte alors qu'elle passait la porte d'entrée.

— Fais comme chez toi, glissai-je alors qu'elle était très certainement plus familière aux lieux que je ne l'étais moi-même.

Elle se contenta d'acquiescer et se traina vers la partie nuit. Je m'attardai dans le salon pour envoyer un message à mon père de si bon matin. Il n'était même pas encore 6 heures et je lui expliquai la raison pour laquelle il ne me trouverait pas dans mon lit d'hôpital, très certain qu'on lui avait déjà sûrement fait remonté. Je lui expliquai également que je travaillais dès le soir même et qu'Aly avait besoin de moi à ses côtés dès aujourd'hui, et j'étais bien décidé à lui faire accepter mon départ de l'hôpital. Puis je relevai la tête sur la pièce. Elle ne me semblait plus familière puisque ça ne pouvait plus être le cas, je n'y avais jamais vécu mais c'était comme un renouveau, un nouveau chez moi. Au bout de longs instants à redécouvrir le lieu chaleureux que nous en avions fait, je finis par me relever. Je n'entendais pas l'eau couler ni même le moindre mouvement dans l'appartement. Absorbé dans mes pensées, je n'y avais pas fait attention avant cela. Je gagnai alors la chambre, à pas de loups, découvrant Aly allongée sur le lit, endormie. Elle n'avait fait qu'enlever ses chaussures et dormait en travers du lit comme si elle était tombée dans le sommeil, à cet endroit-là. Je m'arrangeai alors pour dégager la couette et la recouvrir avec. Puis je fermai les volets, le plus doucement possible, pour maximiser ses chances d'effectuer une véritable nuit... en pleine journée.

Puis je quittai l'appartement, pas réellement fatigué, marchant d'un pas bien décidé jusqu'à l'adresse qu'elle m'avait envoyée la veille, celle de Luc. S'il était mon « compagnon de défonce », comme elle l'avait dit, il savait très certainement chez qui je me fournissais. Peut-être même s'y fournissait-il encore et pourrait m'y amener. Je comptais bien régler les choses une bonne fois pour toutes. Elle avait réglé ma dette, et même fait bien plus. Ils ne pouvaient plus continuer comme ça.

Souviens toi !Where stories live. Discover now