Chapitre 46 - Partie 2/2

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La sonnerie lointaine de mon téléphone me parvint aux oreilles. Je finis par ouvrir les yeux, encore totalement embrumé de la veille. Je mis quelques instants à réaliser qu'il s'agissait de la sonnerie de mon téléphone et plus encore à me remémorer les événements de la nuit passée. J'étais rentré un peu plus tard que minuit et j'avais terminé toutes les bouteilles et cigarettes que j'avais trouvé dans mon appartement. J'avais appelé Guillaume pour lui demander de la coke ou le moindre truc qui aurait pu m'aider à tout oublier, il m'avait expliqué qu'il était chez de la famille à lui, loin.

Titubant légèrement, totalement embrumé, je gagnai le salon où mon téléphone sonnait à nouveau. Maladroitement je décrochai, me contentant de pousser une sorte de râle.

— Matthieu ?

La voix d'Aly me réveilla presque instantanément.

— Aly ?

— Oh mon Dieu Matthieu...

Incapable de dire quoi que ce soit, je contemplai l'état de l'appartement autour de moi. Au bout de longues secondes, je finis par reprendre la parole.

— Qu'est-ce qu'il y a ? soufflai-je d'une voix rauque.

— Je... j'ai cru qu'il t'était arrivé quelque chose, souffla-t-elle doucement.

— Pourquoi ?

L'entendre après tout ce que je m'étais mis en tête durant la nuit était assez surprenant.

— Il y a eu un accident cette nuit pas loin du centre, un jeune homme, un peu plus de la vingtaine... J'ai pensé que c'était toi et... Peu importe.

L'émotion était palpable dans sa voix, elle avait véritablement eu peur pour moi. Décollant mon téléphone de mon oreille durant quelques secondes et découvrai quelques 5 appels manqués et quelques SMS.

— Non, non, je suis bien rentré, confirmai-je. Ça va ?

Le silence derrière le combiné me rappela qu'elle ne m'appelait pas par courtoisie, loin de là. Elle paraissait même gênée que je continue la conversation sur cette voie.

— C'est pas... Ecoute Matthieu, je voulais juste m'assurer que tu étais vivant.

Mon cœur se serra à ses mots et je secouai la tête pour tenter de me ressaisir.

— Ouais... Aly, je suis désolé pour ce qu'il s'est passé hier et pour le reste. Je sais que c'est facile de revenir comme ça à chaque fois, j'ai compris où je merdais mais... Je suis encore plus paumé qu'avant parce que je t'ai perdu et...

— Tu ne m'as pas perdue, rectifia-t-elle doucement.

— Alors dis-moi ce que je peux faire pour recoller les morceaux Aly ? Qu'est-ce que je peux faire pour que tu arrêtes de me repousser ?

— Arrêter de merder à chaque fois, répondit-elle.

Je reçus sa réponse un peu violemment et pourtant, elle disait la vérité, j'étais contraint de le reconnaître. Mon cerveau semblait taper sur les parois de mon crâne à chaque seconde. Maladroitement je m'avançai jusqu'à la cuisine pour me servir un verre d'eau. J'étais assoiffé de la veille.

— J'ai déjà prévu de...

— Pourtant hier soir tu as tout fait sauf assurer Matthieu, glissa-t-elle d'une voix posée. Alors oui je t'en veux, oui je suis fatiguée de tout ça mais ce n'est pas toi le problème, c'est tout. C'est moi. C'est la situation. J'ai juste besoin de temps.

­— Laisse-moi t'aider à aller mieux, répondis-je malgré moi.

— Non Matthieu, j'ai commencé ça seule, je dois le terminer seule. Tu t'es exclus de toi-même.

Une fois encore, comme toujours, elle avait raison et j'étais le con de l'histoire. Mais ce n'était une réalité que je n'acceptais qu'une fois sur deux. Je restai silencieux quelques secondes, sans réellement savoir quoi répondre.

— Je dois y aller, finit-elle par glisser.

— Mais... je peux t'envoyer des messages ? m'empressai-je de demander. Tu vas répondre ? J'aime pas l'idée que tu puisses m'échapper comme ça... Ça me donne l'impression que je t'ai perdue, que... tu as disparu.

— Je répondrai de temps en temps, mais je ne suis pas souvent sur mon téléphone, souffla-t-elle doucement presque à contrecœur.

— Merci, me surpris-je à répondre. Prend soin de toi et... Joyeux Noël.

— À toi aussi, et fais attention.

Dans la seconde, elle avait raccroché, me laissant là comme un con, dans un appartement en bordel le plus total. Je n'avais pas eu de vraies réponses, ni d'informations quant à son état, je ne me sentais pas mieux qu'avant et j'avais encore plus l'impression de toucher le fond. Mais nous étions le 25 décembre, tout était fermé dans la rue et certainement dans la ville. Mes paquets de cigarette étaient vide, comme mes bouteilles et comme ma jauge d'énergie en cet instant. Mon moral également. Tâtant les poches de mon manteau, à la recherche de la moindre clope, je trouvai à nouveau son cadeau. J'avais oublié de le lui offrir... il fallait admettre que les opportunités avaient manqué après le fiasco de notre sortie au restaurant. Ouvrant la boite à bijoux, j'allumai la dernière cigarette que j'avais trouvé dans cette même poche, laissant l'appartement s'enfumer et s'embaumer un peu plus. Je contemplai le bijou quelques longues minutes, laissant ma cigarette se consumer entre mes lèvres et le cendrier, avant de refermer la boite et de la remettre dans ma poche. Je lui offrirai, un jour, c'était certain.

Après avoir fait un tour chez moi père, tout en ayant su qu'il n'était pas là, j'avais pu récupérer des affaires à moi, qui datait de quelques années déjà. C'est ainsi que je passai le reste de ma journée à jouer avec ma PS3, sans réellement prêter attention à l'heure. J'avais trouvé une vieille bouteille de vodka au fond d'un placard, qui accompagnait à merveille mes fonds de jus de fruit présent dans mon frigo. Sur les coups du soir, j'avais pris le temps d'envoyer un message à mon père et à Julia pour leur souhaiter un Joyeux Noël, avant de retourner à mes occupations puis d'aller me coucher. 

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Hello :) Voilà comme promis la deuxième partie du chapitre 46 ! Bonne lecture et encore merci.

Souviens toi !Where stories live. Discover now