Chapitre 45

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Chapitre 45

Leta sortit sa baguette de sa cape de sorcier et s'approcha de la selkie et de son ami. Tout deux se tenaient la main droite et se fixaient droit dans les yeux. De la pointe de son catalyseur, elle dessina une ligne qui se glissa autour de leur poignet. Norbert fut surpris par ce lien brillant qui l'enchainait au propre comme au figuré à Méridia. Mais il ne retira pas sa main et observa la magie opérer. Le serment inviolable venait de commencer.

– T'engages-tu, Norbert Dragonneau, à protéger le secret de Méridia, être de l'eau ?

– Je m'y engage.

Une chaîne de feu d'un rouge sombre sortit de la baguette de Leta pour s'enrouler à son tour sur les poignets des deux amis. Norbert eut l'impression que cette magie s'incrusta dans sa peau, comme si elle le brulait à vif, marquait à vie...

– T'engages-tu à ne jamais révéler ce qu'il te sera dit ce soir dans cette crique ?

– Je m'y engage.

Un nouveau lien fit son apparition, rouge sang. Il rampa sur la peau meurtrie de Norbert ce qui lui provoqua une grimace. La douleur inscrivait son serment inviolable au plus profond de sa chair, de son âme même.

– Norbert Dragonneau, t'engages-tu à respecter ce serment inviolable ?

– Je m'y engage.

– Si un jour tu reviens sur tes paroles en révélant le secret de ton amie, cela entraînera ta mort immédiate. As-tu conscience de cela ?

Norbert déglutit. Cette partie il ne la connaissait pas. Naïf qu'il était, il pensait que le sort bloquait la parole empêchant ainsi à quiconque de violer le serment. Cette issue était bien plus... fatidique, et il devrait prendre garde de ne pas révéler quoi que ce soit par inadvertance. Malgré l'angoisse grandissante en lui, il alla jusqu'au bout du sortilège et répondit à Leta.

– J'en ai conscience.

– Très bien, le sortilège inviolable vous lira jusqu'à votre mort.

Un ultime lien rougeâtre sortit de la baguette, rampa sur la peau des deux participants et sembla se délecter des tracés suivants. Il chassa la douleur et s'évanouit comme si rien ne s'était passé.

Ahuri, Norbert reprit sa main et inspecta son bras. Il n'y avait strictement rien sur sa peau pâle.

– Votre magie est... impressionnante, se contenta de dire Méridia avant de tremper son bras dans l'eau du lac.

Pour se laver du contact avec Norbert ou de leur magie, Leta ne saurait le dire.

– Très bien, reprit la Serpentard. Maintenant Norbert c'est à toi de jouer. Il suffit que tu répètes mes paroles et que tu agisses ainsi.

Elle lui montra comment procéder et, une fois confiant, il appliqua la même magie à ses deux amies, les liants ainsi jusque dans la mort pour un secret dont ils ne connaissaient même pas la portée. Norbert se demanda alors si c'était ça l'insouciance et l'impulsivité de la jeunesse. Car il n'y avait pas à dire, cet acte était des plus irréfléchis et dangereux. Ils risquaient de s'en mordre les doigts plus tard...

– Je pense qu'il est temps pour moi de vous révéler ce qui restera entre nous... attaqua Méridia d'une voix mystérieuse.

Elle commença par leur expliquer les différentes lois qui régissent les animaux fantastiques depuis le XIX siècle. La grande majorité des créatures avaient dû se montrer au grand jour pour les sorciers pour se cacher des humains. Quel paradoxe. Mais certaines espèces méconnues avaient réussi à ne jamais, ou presque, se faire repérer par les sorciers. C'était le cas des Umbras, ces êtres de l'eau fantomatique. Ces créatures ne dépassant pas les un mètre de haut pour soixante centimètres de large avaient un corps potelé, de grosses tentacules pourvus d'écailles et d'aillerons miniatures. Leur corps spongieux et rondouillard n'était qu'une essence spectrale qui pouvait en cas de danger devenir invisible pour le commun des mortels.

Norbert n'en croyait pas ses oreilles, là à cet instant, Méridia venait de lui révéler l'existence d'une espèce fantastique inconnue du monde des sorciers. C'était inimaginable. Il n'en revenait pas ! Il était à la fois euphorique, enthousiaste et particulièrement concentré sur les propos de la selkie. C'était une découverte majeure, même s'il ne pourrait jamais en faire part, savoir que lui et Leta étaient au courant d'une telle nouvelle le transportait littéralement. Il n'avait qu'une hâte, en rencontrer un et partir à l'aventure découvrir par lui-même de nouvelles créatures !

– Nous sommes garants de leur protection et de leur bien-être. Et jamais au grand jamais nous ne trahirons leur secret.

Leta pensa alors que si, elle venait de le faire à l'instant. Mais elle s'abstint de faire la remarque. Après tout, Méridia était loin d'être une tendre. C'était une dangereuse prédatrice à n'en point douter. La selkie était un peu comme elle, ou plutôt, Leta deviendrait comme Méridia plus tard. Elle espèrerait que ce jour-là Norbert serait toujours dans sa vie.

– Ce sont des créatures relativement paisibles qui se nourrissent de Strangulot et permettent ainsi d'empêcher leur surpopulation dans le lac. Elles ne cherchent pas querelles avec les autres espèces et ne remontent à la surface que lors de la pleine lune.

– Pourquoi ? ne put s'empêcher de demander Norbert.

– Je n'en ai pas la moindre idée. Leur dialecte, bien que simpliste nous est toujours opaque. Ils ne communiquent pas par son mais par le mouvement de leurs tentacules. Les Umbras semblent agir plus par instinct que par envie quelconque.

– Dans ce cas, pourquoi avoir caché leur existence aux yeux des sorciers ? questionna Leta. Apparemment, ce n'est pas de leur propre chef qu'ils se dissimulent du monde magique, mais c'est votre peuple qui fait en sorte de les cacher !

Méridia planta ses yeux jaunes vifs dans ceux de la jeune fille. Une lueur mauvaise dansait dans ses iris. Leta, dont l'instinct de survie était particulièrement développé se recula d'un pas. Parfois, elle ferait mieux de se taire plutôt de montrer aux adultes les failles de leur raisonnement. Ses capacités d'analyses et sa langue trop pendue étaient vraiment une plaie. Norbert regarda sa camarade et fronça les sourcils. Elle avait raison, et cela ne l'avait même pas percuté tant il était passionné par cette nouvelle.

– Toutes les créatures ont le droit d'exister par elles-mêmes sans avoir besoin de bipèdes suffisants qui se pensent supérieurs et veulent régir nos vies sans connaitre nos lois ! siffla la selkie d'un air menaçant.

Leta aurait voulu critiquer une nouvelle fois. Ce n'était qu'une excuse, elle le savait pertinemment. Mais le dire à haute voix lui risquerait de gros ennuis. Elle n'était pas assez loin de la selkie pour échapper à son courroux.

– Je comprends ton raisonnement, et je suis d'accord, déclara Norbert. Les sorciers se pensent supérieurs en tout point des autres espèces, pour eux ils sont au sommet de la chaine alimentaire et sont civilisés tandis que les autres peuples ne sont que des barbares, des sauvages. Ils ne comprennent pas qu'on puisse vivre différemment qu'eux. Malheureusement, c'est mon espèce, et c'est ainsi que les choses fonctionnent. Mais.... Malgré tout. J'ai l'impression que tu nous caches quelques choses. Pourquoi utiliser tant d'énergie pour les Umbras si comme tu le laisses penser, ils se seraient trouvés dans la classification X, c'est-à-dire la plus inoffensive. Le ministère de la magie les aurait simplement laissés vivre leur vie en intervenant que si des Moldus avaient fait leur rencontre.

Leta félicita mentalement son ami d'avoir continué sa déduction. Lui seul pouvait faire parler Méridia sans risquer de se trouver dévoré par ses deux rangées de dents bien trop aiguisées ! La selkie le regarda droit dans les yeux, malgré le serment inviolable elle peinait à tout avouer. De peur de déclencher quelque chose de bien plus grave... Mais après tout, si elle ne révélait pas cette information ils ne pourraient jamais comprendre ...

– Les Umbras ont une particularité, commença-t-elle avec un certain regret.


Norbert Dragonneau à l'école des sorciers | Newt ScamanderOpowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz