Chapitre 38

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Chapitre 38

Mercredi 17 mars 1909

Leta et Norbert se trouvaient dans l'alcôve qui était devenue leur quartier général pendant les pauses. Si l'on oubliait cette nuit, la journée avait été aussi normale qu'il se peut à Poudlard.

– Je me demande à quelle arme pensait Dumbledore... ça l'a mis dans un tel état !

– C'est au moins la vingtième fois que tu dis ça Newt, et ma réponse est toujours la même. Je n'ai pas la moindre idée de ce qui est passé par la tête de ce psychopathe. Tout ce que je sais, c'est qu'il m'a fait une belle frayeur.

Norbert n'écoutait pas la tirade de son amie. Il ne cessait de repasser en boucle ce qu'il s'était passé la veille. Il n'avait pas plus d'indice concernant la mystérieuse personne qui s'en prenait aux fantômes, par contre leur professeur de Métamorphose s'était dévoilé un peu plus à leur yeux. Premièrement, ils pouvaient compter sur lui. Qui plus est, il avait l'air aussi puissant que les rumeurs semblaient le dire. Deuxièmement, tout comme l'avait fait remarquer Leta, il y avait une part sombre en lui, une sorte de secret qui semblait le hanter. Sûrement son passé... Dumbledore avait peur de quelque chose, et Norbert ne savait pas de quoi il retournait. Tout ceci l'intriguait fortement.

– J'espère qu'il nous emmènera voir Helga, Salazar et leur famille, souffla Leta en se dirigeant vers les grands escaliers.

– J'espère aussi. Ils vont bientôt pouvoir retourner dans la forêt interdite. Ils vont me manquer...

– A qui le dis-tu.

Elle poussa un petit cri plaintif. Norbert aussi était triste. Ces balades quotidiennes avec Leta en pleine nuit allaient lui manquer... Mais après tout, pourquoi ne pas continuer ? La raison ne serait plus la même bien sûr, mais au moins ils pourraient s'échapper du cadre étouffant de l'école. Tous deux en avaient bien besoin, c'était leur bouffée d'oxygène.

Dans la classe de Métamorphoses la majorité des Serpentards et des Poufsouffles s'étaient déjà installés. July, Tayor et Jacob observèrent l'entrée des deux amis avec attention. Norbert n'avait pas été très bavard avec ses camarades aujourd'hui, déjà qu'il ne l'était pas beaucoup à l'ordinaire. Le jeune sang-mêlé s'empressa d'entamer la conversation avec son ami.

– Le match opposant Poufsouffle à Gryffondor qui aurait dût avoir lieu le mois passé vient d'être annoncé pour ce week-end, déclara-t-il avec beaucoup d'enthousiasme.

– Ah bon, se contenta de dire Norbert qui n'avait pas grand intérêt pour ce sport.

– Tu viendras cette fois ? Tu n'es pas venu à celui de novembre qui nous a opposé à Serdaigle.

– Je ne sais pas, c'est assez violent quand même.

– Ça nous ferait plaisir que tu viennes, insista Jacob.

Norbert était mal à l'aise. Dans les gradins il y aurait beaucoup de monde, trop pour lui. Et puis tout ce bruit... ce chahut et ces gens qui lui marcheront sur les pieds.

– On pourrait aller à celui de mai, qui oppose nos deux maisons, proposa Leta.

– Oui, pourquoi pas, accepta Norbert.

– Génial ! s'exclama Jacob tandis que Tayor et July soufflaient d'exaspération.

Le jeune sang-mêlé s'apprêtait à reprendre la parole, mais il fut coupé par l'entrée de Dumbledore. Le silence se fit dans la classe sans que le professeur ne dise quoi que ce soit.

– Bien, jeudi dernier nous avons travaillé sur la théorie concernant la transformation d'un objet en oiseau. Maintenant, nous allons passer à la pratique. Je vais vous demander de prendre une feuille de papier et d'en faire un origami. Ce temps servira à vous concentrer sur votre sortilège, puis, vous lancerez le sort approprié.

Albus Dumbledore ne lança aucun regard aux deux élèves qui l'avaient réveillé cette nuit, il ne leur porta pas plus d'attention qu'aux autres premières années. Ce qui énerva un tantinet Leta. Il ne resterait pas impassible longtemps, à la fin du cours ils auraient tout trois beaucoup de chose à se dire.

Les élèves étaient presque tous sortis pour profiter d'un temps de pause avant le repas dans la grande salle. Leta et Norbert quant à eux se tenaient devant le bureau de leur professeur.

Sans même se retourner dans leur direction, Dumbledore souffla d'exaspération.

– Je suppose que je ne peux pas simplement vous demander d'oublier ceci.

– Non, professeur, affirmèrent-ils en chœur.

– Je ne pense pas avoir déjà eu des élèves aussi têtus. Vous vous rendez bien compte qu'un professeur moins conciliant vous aurait déjà tiré par les oreilles jusqu'au bureau de monsieur Black.

– Monsieur Dumbledore, vous êtes tout aussi atypique, ne serait-ce que part vos fréquentations, déclara Leta, le menton haut, le regard lançant un éclair de défi.

Albus marqua une pause, puis se retourna lentement. Son regard était froid mais dans son sourire on pouvait percevoir à la courbure de ses lèvres un peu de malice.

– Mademoiselle Lestrange, serait-ce une menace ?

– Bien sûr que non professeur, je n'oserais proférer un quelconque avertissement contre vous. Je n'ai que onze ans après tout.

Dumbledore étudia la jeune Serpentard, puis son ami Poufsouffle. Ce dernier était livide, il n'en revenait pas de l'audace de sa camarade. Le professeur de Métamorphose laissa place à son hilarité, faisant diminuer la pression sur les épaules de ce pauvre Norbert.

– Il n'y a pas à dire Mademoiselle, votre maison vous va comme un gant. J'aimerai néanmoins que vous laissiez mon passé là où il est. Je me doute que vos jeunes oreilles ont entendu bien des choses à mon égard dans votre famille mais parfois il est bon de tourner la page.

– Certaines choses ne peuvent changer professeur, déclara-t-elle durement.

– C'est étrange de vous entendre dire cela, alors que j'ai l'intime conviction que vous faites tout pour échapper à votre propre destin.

– Quoi qu'il en soit nous sommes venus vous poser des questions sur ce que vous avez découvert. Nous savons que madame Rondepierre est venue vous trouvez concernant la chanson que Peeves a chantée avant de disparaitre.

Dumbledore sourit devant l'assurance de son élève. Elle était sans borne. Elle lui rappelait presque lui au même âge, et ce n'était pas forcément un compliment.

– J'ai du mal à croire que je suis en train de discuter avec des premières années... qu'est-ce que ça va être quand vous serez adulte ?

Norbert Dragonneau à l'école des sorciers | Newt ScamanderWhere stories live. Discover now