Chapitre 24

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Chapitre 24

Les deux camarades furent les premiers à quitter la salle. Leta entraîna Norbert jusqu'à leur alcôve et lui ordonna de tout lui raconter. Il ne se fit pas prier et expliqua la confusion dans ses pensées qui l'avait emmené tout droit dans une autre salle. Puis il lui montra les deux représentations.

– Mais... ce sont les fantômes des maisons, s'étonna-t-elle. Et là une meute de Cynospectres.

Norbert acquiesça vivement, mais ne dit rien. Il voulait voir si Leta arrivait à la même conclusion que lui. Elle fronça les sourcils, regarda attentivement les images, passa de l'une à l'autre de plus en plus vite.

– Ils ont tous une essence fantomatique ! s'exclama-t-elle. Comment avons-nous pu passer à côté de ça ! D'abord nos fantômes qui disparaissent, puis des chiens fantomatiques ! Helga et Salazar n'ont pas été abandonnés, leurs parents ont été capturés !

Leta tremblait tant la révélation était grande. La famille de leurs petits protégés était en danger, il fallait absolument faire quelque chose !

– Cette fois-ci, je doute que penser à eux soit suffisant, se lamenta Norbert. Aucun élève ne doit connaître leur existence.

– C'est sûr, mais je pense que le problème n'est pas le même, déclara Leta qui faisait les cent pas.

– Comment ça ?

– Les fantômes ont été capturés pour je ne sais quelle raison, et quelqu'un a lancé une sorte de sortilège d'Oubliette pour que nous ne nous lancions par à leur recherche. Ici, vu que personne ne prête attention aux créatures de la forêt interdite je ne pense pas que la personne qui est derrière tout ça a procédé de la manière.

– Tu as raison, cette situation est encore pire, souffla-t-il.

– Oui est non, si c'est bien la même personne, ou la même « chose », nous avons quatre témoins dans notre enquête.

– Les fantômes des Maisons !

Les deux amis avaient un plan en tête, interroger les fantômes ce week-end, quand tout le monde serait occupé à des tâches diverses et variées.

Samedi 9 janvier 1909

Avant même le déjeuner, Leta et Norbert se retrouvèrent dans un coin isolé du cachot. Le Baron Sanglant était tranquillement installé sur un banc de pierre à converser avec des tableaux qui semblaient être de la même époque que lui.

– Bien le bonjour Baron Sanglant, le sollicita Leta en s'inclinant généreusement devant lui.

Elle tira la cape de Norbert pour qu'il en fasse autant. Flatté par cette attention, le Baron s'intéressa aussitôt à eux.

– Ma petite prodige de Serpentard et son ami Poufsouffle. Que puis-je faire pour vous ?

– Nous aimerions bien éclaircir certains points concernant votre disparition en septembre, déclara Leta de but en blanc.

Le sourire du fantôme se dissipa aussitôt. Sa moustache frémit et ses épais sourcils se froncèrent. Il passa une main dans sa perruque bouclée et sembla se perdre dans ses souvenirs.

– Je suppose qu'au vu de ce que vous avez fait, vous méritez une explication... finit-il par dire d'une voix basse. Malheureusement, je crains ne pas vous être utile.

– Nous voulons quand même vous écouter, répondit Leta d'une voix qui poussait à la confidence.

– Eh bien, je m'en souviens comme si c'était hier. Je comptais fleurette à la Dame Grise, profitant du calme reposant des couloirs avant la rentrée scolaire. Et puis, un son m'a interpellé, j'ai voulu me retourner, mais il était trop tard. Un mot fut prononcé, inintelligible. La voix était aiguë, c'est la seule chose dont je me souviens...

– Et ensuite ? continua Leta.

– Hum, je me suis retrouvé dans ma salle commune, ou plutôt sous ma salle commune, comme enterré vivant. Je ne pouvais pas m'enfuir ni même appeler à l'aide. Mes forces ont commencé à me quitter petit à petit, et je me suis senti mourir une deuxième fois...

Le Baron Sanglant eut un frisson et se releva prestement.

– Mais vous nous avez sauvés et tout ceci ne risque plus d'arriver !

– Tout à fait, mentit Leta pour le rassurer.

– Si vous voulez bien m'excuser, j'ai des choses à faire.

Les élèves remercièrent le Baron et celui-ci s'empressa de partir loin de ceux qui le forçaient à se rappeler de mauvais souvenirs.

– J'ai l'impression que le but de cette manigance est d'aspirer la force des fantômes, expliqua Norbert.

– Ce qui peut être une bonne chose, si c'est le même procédé cela signifie que la famille Cynospectre est encore en vie !

– Mais pourquoi quelqu'un aurait besoin de l'essence de fantômes ? pensa-t-il tout haut.

– Pour lancer un sort particulièrement puissant ! Il reste maintenant à savoir de quel sort il s'agit...

Les deux amis continuèrent leurs investigations en interrogeant les trois autres fantômes. Tous les discours étaient concordants. À chaque fois, c'était une voix aiguë qui les avait surpris, puis ils se sont retrouvés dans la salle commune tandis que leur force était comme absorbée. Nick Quasi-Sans-Tête fut le plus théâtral dans ses propos, en déviant à de nombreuses reprises sur le fait qu'il aurait préféré perdre sa tête entièrement pour pouvoir rejoindre le club des chasseurs sans-tête. Cette partie amusa Leta et Norbert qui conclurent le dernier entretien sur cette note humoristique.

– Je propose que nous allions en parler avec Peeves. Après tout, c'est lui le premier à nous avoir parlé d'une chose qui rampe dans nos couloirs, proposa Leta.

– Tu as raison, il nous donnera peut-être plus d'indications.

En cette fin de week-end, le duo de choc se rendit dans la salle des trophées à la recherche de l'esprit frappeur. Ils le retrouvèrent tordu de rire, il venait juste de faire une bonne blague à une jeune Serdaigle.

– Salut Peeves, déclara Leta avec un grand sourire.

– Bonjour ma petite princesse démoniaque et son gentil et loyal sujet !

Norbert ne répondit pas à cette définition et se contenta d'écouter son amie parler, comme à chaque fois.

– Nous venons de comprendre ce qu'il s'est passé avec la meute des Cynospectres, avoua-t-elle sans mâcher ses mots.

Peeves arrêta de faire le pitre et tendit l'oreille.

– Tout comme les fantômes de nos Maisons, ils sont victimes d'un sort !

– Impossible, répliqua-t-il. Pourquoi s'en prendre à ces animaux ?

– Pour leur essence spectrale. C'est toi-même qui nous l'as dit en début d'année, une « force obscure qui se nourrit de l'essence même des fantômes... Elle rode dans le château, invisible, mais dangereuse. Un mauvais coup se prépare... Les fantômes sont les premiers à tomber, puis viendra le tour des sorciers. » cita-t-elle de mémoire.

Peeves se glaça d'effroi. Leta et Norbert le regardèrent sans comprendre.

– C'est toi-même qui l'as dit, reprit-elle. Tu étais donc au courant, je ne vois pas pourquoi tu as subitement peur.

– Pour la simple et bonne raison que je n'y croyais pas ! s'exclama-t-il en faisant les cent pas. Je pensais que tout ceci était une vengeance contre ces arrogants et pédants fantômes !

– Il y a donc bien quelque chose qui rôde dans Poudlard ? rajouta Leta pour le pousser à bout.

– Oui... et je suis le prochain.

Les élèves n'eurent pas le temps de demander pourquoi, l'esprit frappeur venait de se volatiliser...

Norbert Dragonneau à l'école des sorciers | Newt ScamanderWhere stories live. Discover now