Chapitre 41

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Chapitre 41

Kamil Londungand ronflait, Philibert Madrasque grinçait des dents et Jacob piaillait dans son rêve. C'était le signal pour Norbert. Il pouvait quitter le dortoir sans s'inquiéter. À pas de Sombral, il se glissa hors de la chambre pour s'aventurer dans la pièce commune. Avant qu'il ne la traverse, Josyane l'arrêta d'une patte ! Ils n'étaient pas tout seuls. Des bruits étranges provenaient du gros fauteuil molletonné aux couleurs de Poufsouffle.

Norbert se risqua à jeter un coup d'œil. Il y trouva son préfet, Mattyu Grandson et celle qui devait être sa petite amie, Wendy Smith. Tous deux s'embrassaient à pleine bouche, profitant de la tranquillité de la nuit. Norbert jugea que les deux batteurs de l'équipe de Quidditch étaient trop occupés pour l'entendre quitter la maison de Poufsouffle, alors il continua son chemin et se glissa dans le passage secret. Une fois qu'il eut rampé jusqu'au tonneau qui constituait la sortie, il jeta un sort à ses vêtements pour les défroisser.

– Tergeo Vestem, déclara-t-il en faisant un mouvement de poignet rapide et précis.

Quelques pas plus tard, il trouva son amie Serpentard. Il lui raconta son anecdote et elle se moqua ouvertement. Leta préférait et de loin se balader dans les couloirs de Poudlard en pleine nuit plutôt que de bécoter quelqu'un. C'était dégoutant. C'était un peu comme choisir de subir le sortilège de Crache-Limaces. Infect !

– Tu crois que madame Radcliffe dort dans sa bibliothèque ? questionna Norbert. Comme madame Pomfresh qui dort dans son infirmerie...

– Je ne pense pas. Madame Pomfresh a le choix niveau lit. D'ailleurs, ça m'embête considérablement qu'elle ne quitte jamais l'infirmerie. Helga et Salazar me manquent, j'aimerais avoir de leurs nouvelles.

Norbert acquiesça, lui aussi était triste de ne plus les avoir à leur côté.

Une fois dans la bibliothèque, l'Acromentule naine fut envoyée en éclaireuse pour vérifier qu'aucun piège ne s'y trouvait. Rien, ni maléfice ni alarme. Étonnant. Les deux amis franchirent alors le cordon et s'approchèrent des rayonnages. Les livres semblaient plus anciens et plus abimés que dans le reste de la bibliothèque.

– Regarde, déclara Norbert, on dirait qu'il y a deux réserves en fin de compte.

Effectivement, la réserve interdite était divisée en deux. Pour accéder à la seconde partie, il fallait traverser une espèce de voile noir transparent.

– Le piège est là, comprit Leta. En premier les livres qui ne sont pas accessibles pour des raisons diverses et variées, ensuite les livres qui sont sûrement dangereux ou écrit par des mages noirs.

– Ça va nous compliquer la tâche.

– J'en doute, je ne pense pas que la potion que l'on cherche soit maléfique, les professeurs auraient réagi avec plus de vigueur sinon.

Norbert acquiesça et commença son inspection.

– Lumos, lança-t-il pour pouvoir lire les petites inscriptions sur les reliures en cuir vieilli.

Des centaines de livres leur faisaient face, certains avaient des titres avec de belles lettres dorées, d'autres n'en avaient même pas. Peut-être étaient-ils effacés par le temps. S'il fallait tous les ouvrir, ils n'auraient jamais le temps de le faire en une nuit. Voyant que cette manière de faire était impossible et douloureuse pour leurs yeux, ils changèrent de technique.

– Je pense que madame Rondepierre a dû venir ici emprunter le livre, logiquement il ne sera pas recouvert de poussière, proposa Norbert.

Il recula pour avoir une vue d'ensemble et en quelques minutes remarqua un gros livre qui n'était pas recouvert d'une fine pellicule. Il l'attrapa avec douceur tandis que Leta l'éclairait. Norbert caressa la couverture et lu à haute voix le titre :

– « Devenir Animagus, un choix qui vous demandera patience et détermination ».

– Mauvaise pioche, souffla Leta, déçue. Continuons notre recherche.

Avant que Norbert n'ait le temps de ranger le livre, un bruit dans la bibliothèque se fit entendre, accompagné de la lumière d'une lampe à huile.

– Nox ! murmurèrent-ils, paniqués.

Aussi vite que possible, les deux premières années essayèrent de se fondre dans les ténèbres. N'étant pas bien grand tous les deux ils réussirent sans mal à se glisser dans l'interstice entre le sol et la première planche des étagères. Leur cœur battait à la chamade, ils étaient paniqués ! Qui avait bien pu les entendre ? Peut-être étaient-ils suivis depuis le départ. Un préfet, un professeur, ou pire encore, le mystérieux mage noir qui s'en prenait aux créatures fantomatiques !

Les bruits de pas se faisaient plus intenses, la lumière plus vive. La personne se rapprochait. Mais en prenant tout son temps, de plus elle sifflotait. Leta était rassurée, qui que ce soit, elle n'était pas là pour eux. Quand les grosses chaussures arrivèrent à leur hauteur, tous deux retinrent leur respiration. L'inconnu qui, au vu de ses bottes, était un homme, continua son chemin jusqu'au voile. Il sortit sa baguette dans un bruissement de tissu et murmura des mots que les élèvent ne purent entendre. Une fois chose faite, il passa le voile, resta quelques minutes qui parurent interminables pour les deux élèves coincés sous les bibliothèques, puis il sortit, lança de nouveau un sortilège et quitta les lieux. Leta, curieuse, ne put s'empêcher de jeter un coup d'œil à l'homme en question. Il était grand, robuste et de longs cheveux noirs s'échappaient de son bonnet de nuit. Il tenait sous son bras, un gros livre qui semblait taché de sang... cette constatation fit frissonner la jeune fille.

Il se passa un long moment avec que les deux aventuriers sortent de leur cachette en compagnie de Josyane qui n'avait pas eu le moindre mal à se dissimuler dans un coin.

– On a eu chaud, souffla Norbert, encore tout tremblant.

– À une seconde près on risquait de se faire prendre en flagrant délit, s'amusa Leta qui sentait l'adrénaline couler dans ses veines.

– J'ai eu assez d'émotion forte pour la nuit, rentrons si tu le veux bien.

– Comme tu veux Newt.

Les deux élèves ne parlèrent pas de tout le trajet. La discrétion était de mise. Ils pouvaient croiser à tout moment l'homme inconnu qui avait emprunté un livre dans la réserve interdite ! Par chance, il n'en fut rien. Josyane était là pour veiller au grain. Puis une fois dans les cachots les amis se séparèrent. Norbert avança jusqu'aux barriques empilées et tapota les syllabes de « Helga Poufsouffle » sur le tonneau situé au centre de la deuxième rangée en partant du sol. Le couvercle du tonneau s'ouvrit et Norbert se glissa à l'intérieur en espérant que les deux amoureux soient retournés dans leur dortoir. C'est à ce moment qu'il remarqua que le livre sur les Animagi était toujours en sa possession. Il était trop tard pour faire demi-tour. De toute manière ce sujet l'intéressait. Autant en profiter pour le lire avant de retourner dans la réserve.

Norbert Dragonneau à l'école des sorciers | Newt ScamanderOù les histoires vivent. Découvrez maintenant