Chapitre 29

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Chapitre 29

Norbert s'étonna de voir l'Elfe de maison aussi paniqué. Même s'il essayait tant bien que de mal de le cacher.

– Que t'arrive-t-il ? s'étonna le Poufsouffle.

– Eh bien, monsieur, je ne me suis jamais fait croquer auparavant...

– Ne t'inquiète pas, il faut simplement être patient. Tu veux bien t'asseoir sur cette chaise ? demanda-t-il en désignant le siège que venait d'apporter Leta. Merci, et ne bouge plus.

Hooky sauta sur le dossier en bois et s'installa. Son torchon miteux arrivait sur ses genoux et ses jambes, maigrelettes, tombaient dans le vide. Norbert sortit son carnet et son fusain de sa cape et observa longuement l'Elfe. Il prit son crayon dans la main, le pouce en l'air, tendit le bras et mesura la créature en fermant un œil. Hooky ne comprenait pas très bien ce qu'il se passait, jamais au grand jamais on n'avait voulu le dessiner. C'est alors qu'il comprit la confusion. Il se sentit terriblement bête et des petites plaques rouges se formèrent sur ses oreilles.

– Je peux te poser des questions ? demanda Norbert alors que son premier croquis était terminé.

– Bien sûr Monsieur.

– Quel âge as-tu ?

– Je ne sais pas Monsieur, les Elfes de maison ne fêtant par leur anniversaire, nous oublions souvent l'année de notre naissance. Je n'ai servi qu'une seule génération de sorcier, mon maître a disparu avant ses vingt ans. On m'a donc demandé de venir à Poudlard, Monsieur. Je suis un jeune Elfe de maison.

– Jeune ?

– Oui, Monsieur, les Elfes de maison servent plusieurs générations d'une même famille.

– Oh très bien. Je suis désolé de te poser cette question indiscrète, mais es-tu un mâle ou une femelle ?

– Je suis un mâle, Monsieur. Notre voix est moins aiguë que celle des femelles.

Norbert trouvait pourtant que la voix de Hooky était particulièrement fluette, mais il s'abstint de tout commentaire. Il dessina avec attention son visage, ses grands yeux globuleux et ses oreilles tombantes qui lui donnaient un air si malheureux.

– Vous êtes bien traités à Poudlard ? questionna Norbert.

Hooky tressaillit et baissa les yeux.

– Bien sûr, Monsieur. Nous sommes très bien traités à Poudlard.

– Newt, ne sois pas bête, les punitions corporelles sont toujours autorisées sur les élèves qui contreviennent aux règles, alors tu te doutes bien qu'il en est de même pour les serviteurs.

– Épargner le fouet c'est gâter l'Elfe de maison. Un Elfe de maison ne peut connaitre le bonheur qu'en servant les sorciers, récita Hooky par automatisme.

– Cette pratique est odieuse ! Je ne comprends pas que notre gouvernement l'autorise encore au vingtième siècle.

– C'est ainsi, et ce n'est pas près de changer, souffla Leta qui ne voyait pas l'intérêt d'en débattre, surtout devant un Elfe de maison. À Poudlard, nous sommes déjà sacrément bien lotis, les coups de ceintures ont presque disparu depuis l'instauration de la coupe des maisons. Faire perdre des points devient plus courant que de se retrouver à genoux sur une réglette en bois...

Hooky qui était de plus en plus mal à l'aise demanda s'il pouvait retourner à son travail. Norbert le remercia chaleureusement et accepta son départ. Il avait croqué la grande majorité des détails anatomiques de l'Elfe de maison.

– Bon, ce n'est pas tout ça, mais il est temps, mademoiselle Lestrange, de retourner dans votre maison. L'extinction des feux va bientôt arriver et je pense que monsieur Dragonneau peut passer la nuit tout seul, déclara Madame Pomfresh les poings sur les hanches.

Cette fois-ci, l'infirmière n'accepterait pas de discussion. Leta en avait bien conscience et après un rapide au revoir elle retourna dans le quartier des Serpentards.

– Comment vous sentez-vous ? questionna Parmine Pomfresh en auscultant une nouvelle fois son jeune patient.

– Fatigué. Je pense qu'une bonne nuit de sommeil sera suffisante pour me remettre sur pied.

– Tant mieux, j'aime voir des élèves qui ont envie de retourner en cours. Je vous dis donc à demain matin. Je ferai quelques tests et si je juge que tout va bien, je vous laisserai aller à la grande salle pour le petit-déjeuner.

– Merci Madame Pomfresh.

Norbert s'enfonça dans les draps de lit rêches et sentant les potions médicamenteuses. Il essaya de ne pas penser aux révélations de Méridia et s'endormit bien vite.

En plein milieu de la nuit, des mouvements sur son lit attirèrent son attention. Une énorme araignée avançait discrètement vers son visage.

– Josyane, souffla Norbert. Tu as pris des risques en quittant ma valise... Mais je suis content de te voir, viens là.

Le jeune garçon leva le bras et invita son acromentule à venir se blottir contre lui sous le tissu blanc.

Mercredi 13 janvier 1909

Deux jours venaient de s'écouler. Norbert était sur pied et avait pu retrouver avec plaisir Helga et Salazar dans la salle sur demande. Les deux Cynospectres se portaient à merveille ce qui rassura les deux amis. Jacob, Julie et Tayor s'étaient également précipités sur leur camarade la veille pour savoir ce qu'il s'était passé, et surtout s'il allait bien. Norbert tenta de raconter vaguement une partie de l'histoire ce qui ne fut pas suffisant pour satisfaire leur curiosité, mais ils comprirent qu'ils ne devaient pas insister plus.

Ce mercredi matin, les Poufsouffles et les Gryffondors commençaient leur journée par un cours de Potion donné par Madame Ingrid Rondepierre. Cette femme charismatique aux lunettes en triangles et au menton pointu ne perdait jamais de temps en bavardage. L'efficacité dans la concentration était son adage, il n'y avait que ça de vrai pour réussir une potion. Petite et légèrement potelée, elle passait dans les rangs à vive allure pour surveiller chaque mouvement de cuillère des élèves. Une erreur de rotation et le travail du jour pouvait être anéanti. Autant dire qu'avec une seule heure de cours, ils avaient intérêt à ne pas se tromper.

– Philibert Madrasque comment voulez-vous réussir quoi que ce soit si vous parlez avec monsieur Notty ! Je vous préviens que si vous faites une seule erreur d'inattention j'enlève 5 points à Poufsouffle, prévint-elle en les regardant par-dessus ses lunettes.

Les deux incriminés cessèrent aussitôt leur bavardage et fixèrent sans mot dire le liquide qui commençait à rentrer en ébullition.

Jacob s'étant fait porté pâle ce matin, Norbert faisait équipe avec Findus Weasley. Tous deux s'entendaient très bien, même si le jeune Poufsouffle se trouvait très ennuyeux et effacé à côté de ce garçon plein de vie et si bien intégré dans sa maison. Heureusement, Findus ne lui en voulait pas de son absence de bavardage, bien au contraire, ainsi ils purent réussir haut la main la potion du jour.

La fin du cours sonna, le Gryffondor salua son camarade et partit avec ses amis profiter d'un quart d'heure de pause. Norbert quant à lui, attendit Leta qui ne tarda pas, et tous deux s'approchèrent du bureau de Madame Rondepierre.

– Que voulez-vous ? demanda-t-elle sans même se retourner.

– Eh bien... euh... commença Norbert qui ne savait pas du tout comment lui expliquer la vision de Méridia sans passer pour le dernier des fous.

– Peeves a chanté une chanson sur une potion magique qui nous a intrigués, mentit Leta sans la moindre difficulté. Nous aimerions savoir s'il parlait d'une vraie potion ou s'il inventait simplement au fur et à mesure. Nous sommes donc venus vous trouver, car vous êtes sans conteste la meilleure en la matière !

Flattée, la sorcière d'âge mûr se retourna pour observer ses deux élèves.

– Je suis heureuse de voir que vous passez votre récréation à vous interroger sur l'art magistral de ce cours si passionnant ! Dites-moi donc ce que contenaient les vers de sa chanson.

Norbert Dragonneau à l'école des sorciers | Newt ScamanderWhere stories live. Discover now